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Rocznik Historii Sztuki — 34.2009

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Baridon, Michel: Histoire des jardins: quelques points de méthode
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https://doi.org/10.11588/diglit.14576#0019
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Rocznik Historii Sztuki, tom XXXIV
Wydawnictwo Neriton, 2009

MÏÇHÊLBARIDONI
UNIVERSITÉ DE BOURGOGNE

HISTOIRE DES JARDINS. QUELQUES POINTS DE MÉTHODE

Il y a plusieurs façons de traiter l'histoire des jardins. Aucune n'est à proscrire. Si j'essaie de définir la
mienne, c'est pour réfléchir sur ma pratique et pour la présenter à d'autres chercheurs. Inévitablement, ceci
va donner un tour personnel à cet article: les historiens et les critiques essaient d'être le plus impartiaux pos-
sibles, mais ils ne sont pas de marbre et leur personnalité est inscrite dans leurs travaux. Je commence donc
par quelques éléments d'information sur ma formation et sur mes intérêts.

Avant d'écrire sur les jardins, j'ai enseigné l'anglais à l'Université de Bourgogne, et je me suis spécia-
lisé dans ce que nous appelons les études de civilisation (mouvement des idées, arts, problèmes de société).
J'estimais que notre enseignement traditionnel ne traitait que de littérature et négligeait des pans entiers de
la culture anglophone dont je voulais parler aux étudiants. L'art des jardins, pourtant si populaire et si bien
représenté Outre-Manche, n'avait aucune place dans nos programmes. Décidé à créer un enseignement dans
ce domaine, j'ai utilisé (ceci se passait dans les années 70) les travaux d'André Parreaux1, de John Dixon
Hunt2, de Kenneth Woodbridge3 et de Monique Mosser4 qui m'ont confirmé dans mes intentions. J'étais
d'autant plus disposé à investir ce champ de recherches que je m'étais toujours intéressé à la représentation
de la nature, pressentant, peut-être inconsciemment, le grand mouvement qui allait faire entrer l'écologie
dans nos débats de société.

Porté vers l'histoire par mes premiers travaux sur un historien anglais du XVIIIe siècle, je suis allé vers
les jardins en gardant le contact avec les sciences humaines en m'appuyant toujours sur l'histoire des scien-
ces (Alistair Cameron Crombie, Eduard Jan Dijksterhuis, Alexandre Koyré entre autres) et sur des ouvrages
où des scientifiques de renom rendaient leurs recherches accessibles aux profanes (François Jacob, Jean Pia-
get, Jacques Monod, Heinz Pagel par exemple). J'estimais que le structuralisme et la psychanalyse, très en
vogue dans nos universités dans les années 1960, proposaient des analyses a-historiques qui ne m'expliquaient
pas grand chose. En même temps, je voulais éviter les écueils de l'enseignement traditionnel que j'avais
moi-même reçu: le premier était celui de l'histoire littéraire conçue comme un récit des «influences» subies
par les écrivains; le second était celui du Zeitgeist qui consistait à présenter une oeuvre comme le reflet d'un
climat intellectuel d'époque. J'estimais qu'un créateur est tout sauf un réceptacle d'influences, tout, sauf le
reflet de quoi que ce soit. Je pensais au contraire que l'histoire de l'art et l'histoire littéraire sont des proces-
sus de création continue et qu'artistes et écrivains, loin d'être téléguidés par ceux qui les ont précédés, les
utilisent pour faire quelque chose d'autre.

1 A. Parreaux, M. Plaisant, Jardins et Paysages: le Style anglais, PUL, Lille 1977.

2 John Dixon Hunt venait alors de publier (avee Peter W i 11 i s) The Genius ofthe Place. The English Landscape Garden
620-1820, MIT Press, London 1977, anthologie souvent rééditée depuis.

K. W o o d b r i d g e, Landscape and Antiquity: aspects of English culture at Stourhead, Clarendon Press, Oxford 1970.
4 Monique Mosser que j'ai rencontrée dans les années 1970 était déjà une mine d'informations et ses travaux m'ont révélé
•mportance du jardin pittoresque en France.
 
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