_______________________________________________________■ I
églises de Broussa. La chute de Nicée et eelle de Nicomédie suivirent de près la conquête
de cette ville.
Les rois de Bithynie, en établissant leur domination, donnèrent tous leurs soins «à
rassembler dans les villes la population mélangée répandue dans leur empire. Les princes
du nom de Prusias fondèrent plusieurs villes, auxquelles ils donnèrent leur nom : Tune
au bord de lTlippius, surnommée Prusa ad Hippium, dont on retrouve les ruines aux
environs de la ville d'Ouscouby; l'autre, dite Prusa ad mare, au bord de la mer, fut
fondée sur remplacement de l'ancienne Cius, détruite par Prusias; et enfin, eelle que
nous décrivons, bâtie sur le penchant de l'Olympe mysien, prit le surnom de Prusa ad
Olympum. Suivant Strabon, cette dernière aurait été fondée par Prusias Ier, contempo-
rain de Crésus(1), ce qui ne s'accorde pas avec l'assertion de Dion Chrysostome, qui la
regarde comme une ville d'une construction assez récente(2). La position de l'ancienne
ville occupait l'emplacement de la partie appelée aujourd'hui le Château (tô jcaorpô), et qui
est encore entourée de murs.
Aussi, les historiens anciens sont-ils d'accord pour la regarder comme une petite
ville (3). Sous les empereurs romains, elle fut toujours soumise à la juridiction de Nicée
et de Nicomédie. Prise et saccagée plusieurs fois, elle dut à son heureuse position de
toujours se relever de ses ruines. Sous les empereurs grecs, elle était devenue l'entrepôt
commercial entre Constantinople et les villes de l'intérieur, et son commerce y attirait
un grand nombre d'étrangers. C'est alors qu'elle commença à s'accroître. Les églises et
les monastères peuplèrent les environs; les versants boisés de l'Olympe attirèrent un
grand nombre d'anachorètes, dont la réputation se répandit bientôt au delà du Bosphore;
mais ce qui contribua surtout à faire de cette ville un séjour de prédilection pour les
patriciens de Byzance, ce fut l'excellence des sources thermales, où les membres de la
famille impériale allèrent souvent demander la santé. Dans le petit nombre des docu-
ments relatifs à l'époque romaine qui nous sont parvenus, nous apprenons qu'après la
défaite de Mithridate par Lucullus à Cyzique, Pruse fut assiégée et prise par Tria-
rius. Les nombreux incendies et les reconstructions successives d'une ville qui s'est
considérablement accrue dans les temps modernes, ont complètement détruit les mo-
numents qui pourraient jeter quelque lumière sur la période romaine. On voit ça et
là dans les murailles de Broussa des fragments d'architecture mutilés et des débris d'ins-
criptions, qui sont là seulement pour attester que dans l'antiquité Pruse a été, comme
les autres villes, ornée de monuments de marbre; mais on ne saurait trouver l'emplacement
même d'un seul édifice qui remonte au règne des empereurs. Les tombeaux qui couvrent
à une grande distance les abords de certaines villes, et qui se présentent soit en cons-
tructions au-dessus du sol, soit en excavations plus ou moins étendues dans le flanc des
montagnes; tout cela manque aux environs de Broussa. La nature seule y est restée incom-
parablement belle, et les éternelles forêts de l'Olympe couvrent de leur ombrage une
terre qui parait vierge aux yeux de l'observateur.
Peu de temps après l'apparition en Asie Mineure de la race ottomane, les princes Seldjou-
kides regardèrent Brousse comme le but où devaient tendre toutes leurs conquêtes. Seifed-
Devlet, prince de la famille d'Hamadan, assiégea cette ville en 336 de l'hégire( 924 de J. C),
la prit par capitulation et la fit démanteler (4), et non pas raser, comme le disent quelques
(I' Strabon, tiv. XII, p. 564. <3) Theophanes Lutelii, p. 297.
(2) Orat. XLITÎ, p. 585. <4) Mtxpi mSuç, Steph. Byzant. Verbo Ilpoûaa.
églises de Broussa. La chute de Nicée et eelle de Nicomédie suivirent de près la conquête
de cette ville.
Les rois de Bithynie, en établissant leur domination, donnèrent tous leurs soins «à
rassembler dans les villes la population mélangée répandue dans leur empire. Les princes
du nom de Prusias fondèrent plusieurs villes, auxquelles ils donnèrent leur nom : Tune
au bord de lTlippius, surnommée Prusa ad Hippium, dont on retrouve les ruines aux
environs de la ville d'Ouscouby; l'autre, dite Prusa ad mare, au bord de la mer, fut
fondée sur remplacement de l'ancienne Cius, détruite par Prusias; et enfin, eelle que
nous décrivons, bâtie sur le penchant de l'Olympe mysien, prit le surnom de Prusa ad
Olympum. Suivant Strabon, cette dernière aurait été fondée par Prusias Ier, contempo-
rain de Crésus(1), ce qui ne s'accorde pas avec l'assertion de Dion Chrysostome, qui la
regarde comme une ville d'une construction assez récente(2). La position de l'ancienne
ville occupait l'emplacement de la partie appelée aujourd'hui le Château (tô jcaorpô), et qui
est encore entourée de murs.
Aussi, les historiens anciens sont-ils d'accord pour la regarder comme une petite
ville (3). Sous les empereurs romains, elle fut toujours soumise à la juridiction de Nicée
et de Nicomédie. Prise et saccagée plusieurs fois, elle dut à son heureuse position de
toujours se relever de ses ruines. Sous les empereurs grecs, elle était devenue l'entrepôt
commercial entre Constantinople et les villes de l'intérieur, et son commerce y attirait
un grand nombre d'étrangers. C'est alors qu'elle commença à s'accroître. Les églises et
les monastères peuplèrent les environs; les versants boisés de l'Olympe attirèrent un
grand nombre d'anachorètes, dont la réputation se répandit bientôt au delà du Bosphore;
mais ce qui contribua surtout à faire de cette ville un séjour de prédilection pour les
patriciens de Byzance, ce fut l'excellence des sources thermales, où les membres de la
famille impériale allèrent souvent demander la santé. Dans le petit nombre des docu-
ments relatifs à l'époque romaine qui nous sont parvenus, nous apprenons qu'après la
défaite de Mithridate par Lucullus à Cyzique, Pruse fut assiégée et prise par Tria-
rius. Les nombreux incendies et les reconstructions successives d'une ville qui s'est
considérablement accrue dans les temps modernes, ont complètement détruit les mo-
numents qui pourraient jeter quelque lumière sur la période romaine. On voit ça et
là dans les murailles de Broussa des fragments d'architecture mutilés et des débris d'ins-
criptions, qui sont là seulement pour attester que dans l'antiquité Pruse a été, comme
les autres villes, ornée de monuments de marbre; mais on ne saurait trouver l'emplacement
même d'un seul édifice qui remonte au règne des empereurs. Les tombeaux qui couvrent
à une grande distance les abords de certaines villes, et qui se présentent soit en cons-
tructions au-dessus du sol, soit en excavations plus ou moins étendues dans le flanc des
montagnes; tout cela manque aux environs de Broussa. La nature seule y est restée incom-
parablement belle, et les éternelles forêts de l'Olympe couvrent de leur ombrage une
terre qui parait vierge aux yeux de l'observateur.
Peu de temps après l'apparition en Asie Mineure de la race ottomane, les princes Seldjou-
kides regardèrent Brousse comme le but où devaient tendre toutes leurs conquêtes. Seifed-
Devlet, prince de la famille d'Hamadan, assiégea cette ville en 336 de l'hégire( 924 de J. C),
la prit par capitulation et la fit démanteler (4), et non pas raser, comme le disent quelques
(I' Strabon, tiv. XII, p. 564. <3) Theophanes Lutelii, p. 297.
(2) Orat. XLITÎ, p. 585. <4) Mtxpi mSuç, Steph. Byzant. Verbo Ilpoûaa.