168 )
du temple, on remarque un grand uiur de marbre qui se rattache à une partie circulaire
ornée de pilastres. J'ai pensé que ces débris occupaient Ja place de la basilique.
Au fond d'une fouille assez profonde, j'aperçus quelques Turcs occupés patiemment
à débiter, avec de mauvais outils, un bloc de marbre qui cubait environ trois mètres.
La destination la plus ordinaire que Ton donne aux beaux échantillons, est de les trans-
former en pierres tumulaires; les blocs sont refendus dans leur largeur par le moyen
de coins; opération dont les modernes Pessinuntiens s'acquittaient avec beaucoup d'adresse.
Les blocs sont ensuite dégrossis sur place, et chargés sur des chameaux, pour être envoyés
à Sevri-Hissar. Voilà l'opération qui depuis trois siècles s'exécute incessamment dans les
ruines de Pessinunte, et, chose singulière, il n'est jamais venu dans l'idée d'aucun de
ces ouvriers, de rechercher la carrière qui servit a la construction de la ville; cette
question leur parut aussi étrange que si le marbre eût du se trouver naturellement
dans ces ruines. Néanmoins, vu la grande quantité de marbre employée dans les
monuments, il n'est pas à présumer que les carrières soient très-éloignées. Ce marbre
est d'un beau blanc, mais d'une qualité assez médiocre pour la sculpture, parce qu'il est
pailleté, et que sa cassure n'est pas très-homogène. Les affleurements de calcaire cris-
tallin que l'on remarque au nord de la montagne de Sevri-Hissar, conduiraient infailli-
blement à la découverte des carrières, tout voyageur qui voudrait consacrer quelques
jours à l'étude de la géologie de ce district.
Il ne reste aucune trace des murs de la ville; on ne saurait donc en déterminer
l'étendue d'une manière tant soit peu probable. Tous les édifices publics se trouvent
rassemblés dans la partie centrale, et les versants de toutes les collines, particulière-
ment de celle qui dépend du mont Dindymène, sont sillonnés par des routes en ligne
droite et aplanies, qui, à mes yeux, ne sont autre chose que les anciennes rues de la
ville. Sur le versant occidental de cette dernière colline, se trouve un théâtre qui est
dans le même état de dégradation que les autres monuments. La scène est entière-
ment détruite, mais il y a encore un grand nombre de gradins en place. Devant
le théâtre, le terrain, aplani dans une largeur d'environ deux cents mètres, indique qu'il
y a eu là un hippodrome dont tous les gradins ont été enlevés. En traversant la
vallée, on aperçoit presque en face du théâtre une assez grande masse de blocs de
marbre d'une couleur plus grisâtre, et qui ne paraissent pas avoir été remués. Quelques
débris d'architraves et de colonnes font voir que cet édifice était orné avec assez de soin.
Je copiai sur une stèle l'inscription suivante, ce qui m'autorise à croire que ces ruines
ont appartenu à un temple d'Esculape :
5nTHPIACKAHPIcoPEC[CiNOY]NTI6)NEYXAPICTIA
A Esculape sauveur remercîment des Pessinuntiens.
Dans toutes les villes antiques, quelque ruinées qu'elles soient, on voit toujours des
traces de monuments chrétiens, d'églises ou de monastères, qui indiquent que la cité
n'a pas péri en un seul jour, mais s'est détruite peu à peu par la force des choses ; mais
ici, après les ruines romaines, on ne voit plus rien, il semble que la propagation de
la religion chrétienne ait suffi pour anéantir en très-peu de temps la ville et le culte de
la déesse.
Les rares tombeaux qui s'y trouvent encore portent les caractères des autres rnonu-
du temple, on remarque un grand uiur de marbre qui se rattache à une partie circulaire
ornée de pilastres. J'ai pensé que ces débris occupaient Ja place de la basilique.
Au fond d'une fouille assez profonde, j'aperçus quelques Turcs occupés patiemment
à débiter, avec de mauvais outils, un bloc de marbre qui cubait environ trois mètres.
La destination la plus ordinaire que Ton donne aux beaux échantillons, est de les trans-
former en pierres tumulaires; les blocs sont refendus dans leur largeur par le moyen
de coins; opération dont les modernes Pessinuntiens s'acquittaient avec beaucoup d'adresse.
Les blocs sont ensuite dégrossis sur place, et chargés sur des chameaux, pour être envoyés
à Sevri-Hissar. Voilà l'opération qui depuis trois siècles s'exécute incessamment dans les
ruines de Pessinunte, et, chose singulière, il n'est jamais venu dans l'idée d'aucun de
ces ouvriers, de rechercher la carrière qui servit a la construction de la ville; cette
question leur parut aussi étrange que si le marbre eût du se trouver naturellement
dans ces ruines. Néanmoins, vu la grande quantité de marbre employée dans les
monuments, il n'est pas à présumer que les carrières soient très-éloignées. Ce marbre
est d'un beau blanc, mais d'une qualité assez médiocre pour la sculpture, parce qu'il est
pailleté, et que sa cassure n'est pas très-homogène. Les affleurements de calcaire cris-
tallin que l'on remarque au nord de la montagne de Sevri-Hissar, conduiraient infailli-
blement à la découverte des carrières, tout voyageur qui voudrait consacrer quelques
jours à l'étude de la géologie de ce district.
Il ne reste aucune trace des murs de la ville; on ne saurait donc en déterminer
l'étendue d'une manière tant soit peu probable. Tous les édifices publics se trouvent
rassemblés dans la partie centrale, et les versants de toutes les collines, particulière-
ment de celle qui dépend du mont Dindymène, sont sillonnés par des routes en ligne
droite et aplanies, qui, à mes yeux, ne sont autre chose que les anciennes rues de la
ville. Sur le versant occidental de cette dernière colline, se trouve un théâtre qui est
dans le même état de dégradation que les autres monuments. La scène est entière-
ment détruite, mais il y a encore un grand nombre de gradins en place. Devant
le théâtre, le terrain, aplani dans une largeur d'environ deux cents mètres, indique qu'il
y a eu là un hippodrome dont tous les gradins ont été enlevés. En traversant la
vallée, on aperçoit presque en face du théâtre une assez grande masse de blocs de
marbre d'une couleur plus grisâtre, et qui ne paraissent pas avoir été remués. Quelques
débris d'architraves et de colonnes font voir que cet édifice était orné avec assez de soin.
Je copiai sur une stèle l'inscription suivante, ce qui m'autorise à croire que ces ruines
ont appartenu à un temple d'Esculape :
5nTHPIACKAHPIcoPEC[CiNOY]NTI6)NEYXAPICTIA
A Esculape sauveur remercîment des Pessinuntiens.
Dans toutes les villes antiques, quelque ruinées qu'elles soient, on voit toujours des
traces de monuments chrétiens, d'églises ou de monastères, qui indiquent que la cité
n'a pas péri en un seul jour, mais s'est détruite peu à peu par la force des choses ; mais
ici, après les ruines romaines, on ne voit plus rien, il semble que la propagation de
la religion chrétienne ait suffi pour anéantir en très-peu de temps la ville et le culte de
la déesse.
Les rares tombeaux qui s'y trouvent encore portent les caractères des autres rnonu-