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( 23o )

restes du palais de Zizim, les bazars et la forteresse que ce prince avait fait construire autour de son
habitation. En effet, l'attente de M. Texier ne fut point trompée. Sur une montagne élevée, dont le
sommet forme un vaste plateau, il vit les restes d'une ville occupée aujourd'hui, dans son intérieur,
par une forêt de chênes nains. Une muraille de travail cyclopéen, de cinq mètres d'épaisseur, l'entoure
encore aujourd'hui tout entière. Des portes, dont l'une, formant jadis une arcade, est ornée, à la
hauteur de l'imposte, de deux grandes têtes de lion en relief; des souterrains ; trois acropoles situées
sur de hauts rochers isolés; un temple élevé sur plusieurs esplanades, font de ce heu, suivant M. Texier,
un des plus remarquables de l'Asie Mineure. Si nos calculs et les cartes ne nous trompent pas, nous
supposons que notre voyageur a retrouvé l'emplacement de Soandus, ville antique de la Cappadoce,
dont on ignorait la position exacte, fort déchue déjà du temps de Strabon, qui ne la nomme qu'en
passant {liberXIV, § 29, éd. Cor.), et qui, peut-être, n'était florissante qu'à une époque antérieure à
l'établissement des Grecs dans ces contrées. Cette hypothèse expliquerait du moins pourquoi les débris
de sculpture et d'architecture hellénique qui couvrent le sol de tant de villes de l'Asie occidentale man-
quent presque entièrement dans celle-ci.

Toutefois les ruines dont nous venons de parler ne sont pas l'objet qui mérite le plus de fixer notre
attention, dans une localité qu'avant M. Texier, aucun voyageur européen n'avait visitée. A peu de
distance de la ville, dans une enceinte de rochers dont l'ouverture est tournée vers le levant, chaque
saillie, taillée régulièrement par la main des hommes, porte des bas-reliefs. Comme sur les terrasses de
Persépolis , comme à Nakchi-Roustam et à Bizutoun , c'est une suite non interrompue de figures, dont
la hauteur varie ici depuis la dimension de la demi-nature jusqu'à la colossale. Chacune d'elles a été
terminée avec soin, et avait reçu un brillant poli, que Ion voit encore dans quelques parties abritées.

En se transportant à l'entrée de l'enceinte, nommée dans le pays Yasili-Kaïa, la Roche Ecrite,
les figures marchent dans le même sens, et toute la pompe se rencontre dans le fond de cette espèce
de salle, où l'on aperçoit les deux personnages principaux. Ceux-ci semblent se faire mutuellement des
présents. L'un d'eux est barbu; il tient dans sa main droite une massue, et de l'autre il présente une
fleur; il marche sur la tête de deux hommes qui fléchissent sous le poids. Coiffé d'une mitre fort
élevée et de forme conique, il est vêtu d'une tunique courte; à ses pieds on voit un taureau unicorne.

Ce roi est suivi de sa cour, qui forme derrière lui un long cortège. Immédiatement après le prince,
on aperçoit deux hommes barbus, également coiffés de la mitre ; le premier porte dans sa main droite
une massue; le bras gauche, qui est tendu, soutient une longue épée. Le second est sans armes: ces
deux figures marchent sur des rochers escarpés.

Parmi les six personnages qui composent le bas-relief suivant, nous croyons voir deux prêtresses,
tenant, la première, une serpe; la seconde, un ustensile qui est peut-être un miroir. Deux autres figu-
res sont ailées; enfin celle qui marche la dernière porte une fleur et un bâton recourbé dont la forme
a quelque analogie avec celle du Lituus des augures romains. Le globe ou le disque qui surmonte son
casque est orné de deux ailes; nous retrouvons donc le même symbole religieux que nous offrent les
monuments de l'Egypte et ceux de quelques peuples de l'ancienne Asie. Comme le costume de ce der-
nier personnage diffère de celui de toutes les autres figures, M. Texier a cru y reconnaître un second
roi marchant à la suite du premier; mais, peut-être, n'est-ce qu'un grand pontife précédé des ministres
du culte national. On sait que, quelquefois, chez plusieurs peuples primitifs de la Syrie et de l'Asie
Mineure, le pouvoir du grand prêtre égalait presque celui du souverain.

Nous n'entrerons ici dans aucun détail sur les trente-cinq personnages qui, sous les trois derniers
bas-reliefs du côté gauche , terminent cette longue marche triomphale. M. Texier les appelle Doropho-
res, Stratèges et Stratiotes.

Tous, sans exception, ne sont revêtus que d'une légère tunique qui leur descend jusqu'aux genoux;
plusieurs portent des massues, des faux, de grands sabres recourbés et des objets que nous prenons
pour des fleurs ou pour des branches d'arbre ; il est vrai pourtant que quelques-unes de ces branches
sont d'une dimension telle, qu'elles ressemblent à des verges ornées, rappelant assez les enseignes des
légions romaines. Les treize dernières figures, que M. Texier nomme Stratiotes, et qui, en effet, sem-
blent représenter l'armée et le peuple, sont vêtues d'une manière uniforme. Coiffées d'un bonnet co-
nique , elles sont toutes dans la pose d'un tireur d'arc, sans toutefois porter des armes. Leur chaussure
est fortement recourbée.
 
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