FANTAISIES PARISIENNES
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t comte de
, la franc-
oriques, et
; reprocher
ication de
; Ravaillac
nme le fit
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SOUVENIRS ET REGRETS
Si j’en avais seul’ment les peaux! Seul’ment les peaux!...
j'attaquai
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— A. demain, monsieur, me contentai-je de répondre
en prenant ma canne et mon chapeau.
Le premier moment d’humeur passé, je pris mon
parti de la perte ; dix mille francs n’étaient, somme
toute, qu’un accroc léger à mon patrimoine et j’avais
encore en dépôt de quoi faire face à l’achat de la cor-
beille et payer ma dette d’honneur. Ragaillardi par un
sommeil de quelques heures, je courus chez mon no-
taire qui m’accueillit en riant aux éclats :
— Je suis sur que vous venez chercher les deux billets
de mille.
Pour régler une transaction urgente, il avait en effet
détaché deux billets de la liasse, que j’avais empochée
de confiance.
Le soir même, fidèle à ma parole, je retournai au
tripot. Portes closes. La police avait opéré unedescenle
dans la matinée, fait main-basse sur le matériel et
dispersé le personnel de l'établissement clandestin.
Pas même un valet à qui pouvoir confier le montant
de ma dette.
fe passai trois semaines à Paris, arpentant les boule-
vards et fréquentant les spectacles, comptant sur ma
bonne étoile où plutôt sur la bonneétoile de mon créan-
cier pour être rencontré et reconnu par lui. car, pour
m°i, dans l'état où j’étais la veille, je n’avais pas suffi-
samment gravé ses traits dans ma mémoire pour con-
server l’espoir de le reconnaître. Personne ne m’adressa
la moindre réclamation.
force fut de me résigner à partir sans payer. La date
de mon mariage approchait et mon futur oncle le mi-
nistre avait enrichi la corbeille, en guise de cadeau de
noce, d’un poste de substitut à Versailles.
— Toujours le népotisme impérial ! fit en plaisantant
le troisième substitut, qui avait des opiuions quelque
peu républicaines.
— Trop de népotisme, même, ajoutaGalabas ta, car je fus
chargé de presque toutes les affaires retentissantes. Dix
mois après mon début (j’étais alors marié), on me dé-
signa pour porter la parole dans une affaire épouvan-
table; il s’agissait d’une vieille fille de joie qu’on avait
coupée en morceaux après lui avoir volé ses économies.
— Le crime de la rue Mouffetard, dit le premier subs-
titut.
— Précisément. L’arrêt de condamnation à mort
rendu par la cour de Paris avait été cassé pour vice de
forme et l’affaire renvoyée, pour être jugée en dernier
ressort, devant la cour d’assises de Versailles.
— C’est une autobiographie, murmura à l’oreille de
ses collègues le second substitut.
Le conseiller ne prit pas garde à ce ricanement et
continua :
— La tâche élait lourde pour mes jeunes épaules;
aussi les dix ou douze nuits qui précédèrent l’audience
furent-elles des plus agitées. Tantôt, à moitié endormi,
j'ôtais respectueusement mon bonnet de coton en mar-
mottant : « Messieurs de la cour, messieurs les ju-
rés... »; tantôt, me soulevant en sursaut, je poussais
des éclats de voix, frappant à poings fermé? l'édredon
conjugal. Ma pauvre Adélaïde (Dieu ait son âme!) se
demandait si j’étais fou.
Un nouveau sourire narquois fut échangé entre les
substituts.
Bref, le grand jour arriva, ditCalabasta en quittant
son siège ; tout Versailles était à l’audience. Après un
interrogatoire auquel l’accusé ne répondit que par mo-
nosyllabes et une enquête orale écrasante, le président
me donna la parole. Je me levai et, étendant avec un
geste tragique ma main droite sur l’assassin :
— Jean Bernard, m’écriai-je, à partir de ce moment
votre tète m’appartient !
Au son de ma voix l’accusé leva son visage glabre,
éclairé par un regard étrange. Un cri rauque s’échappa
de mon gosier. Ce n’était pas la première fois que ces
deux yeux s’attachaient aux miens. En une seconde le
souvenir de la fatale nuit du tripot se réveilla dans un
coin de mon cerveau, et je tombai inanimé dans les
bras de mon procureur. L'homme contre lequel j’allais
requérir la peine capitale, l'assassin de la rue Mouffe-
tard, n’était autre que monlntrouvable créancier! Voilà
pourquoi, messieurs, je ne joue jamais, ja-mais.»
Et le conseiller Calabasta se laissa retomber, inondé
de sueur, dans son fauteuil.
Les trois substituts ne riaient plus.
LÉON AUDIBERT.
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encore en dépôt de quoi faire face à l’achat de la cor-
beille et payer ma dette d’honneur. Ragaillardi par un
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taire qui m’accueillit en riant aux éclats :
— Je suis sur que vous venez chercher les deux billets
de mille.
Pour régler une transaction urgente, il avait en effet
détaché deux billets de la liasse, que j’avais empochée
de confiance.
Le soir même, fidèle à ma parole, je retournai au
tripot. Portes closes. La police avait opéré unedescenle
dans la matinée, fait main-basse sur le matériel et
dispersé le personnel de l'établissement clandestin.
Pas même un valet à qui pouvoir confier le montant
de ma dette.
fe passai trois semaines à Paris, arpentant les boule-
vards et fréquentant les spectacles, comptant sur ma
bonne étoile où plutôt sur la bonneétoile de mon créan-
cier pour être rencontré et reconnu par lui. car, pour
m°i, dans l'état où j’étais la veille, je n’avais pas suffi-
samment gravé ses traits dans ma mémoire pour con-
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nistre avait enrichi la corbeille, en guise de cadeau de
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— Toujours le népotisme impérial ! fit en plaisantant
le troisième substitut, qui avait des opiuions quelque
peu républicaines.
— Trop de népotisme, même, ajoutaGalabas ta, car je fus
chargé de presque toutes les affaires retentissantes. Dix
mois après mon début (j’étais alors marié), on me dé-
signa pour porter la parole dans une affaire épouvan-
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coupée en morceaux après lui avoir volé ses économies.
— Le crime de la rue Mouffetard, dit le premier subs-
titut.
— Précisément. L’arrêt de condamnation à mort
rendu par la cour de Paris avait été cassé pour vice de
forme et l’affaire renvoyée, pour être jugée en dernier
ressort, devant la cour d’assises de Versailles.
— C’est une autobiographie, murmura à l’oreille de
ses collègues le second substitut.
Le conseiller ne prit pas garde à ce ricanement et
continua :
— La tâche élait lourde pour mes jeunes épaules;
aussi les dix ou douze nuits qui précédèrent l’audience
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j'ôtais respectueusement mon bonnet de coton en mar-
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Un nouveau sourire narquois fut échangé entre les
substituts.
Bref, le grand jour arriva, ditCalabasta en quittant
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— Jean Bernard, m’écriai-je, à partir de ce moment
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Au son de ma voix l’accusé leva son visage glabre,
éclairé par un regard étrange. Un cri rauque s’échappa
de mon gosier. Ce n’était pas la première fois que ces
deux yeux s’attachaient aux miens. En une seconde le
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coin de mon cerveau, et je tombai inanimé dans les
bras de mon procureur. L'homme contre lequel j’allais
requérir la peine capitale, l'assassin de la rue Mouffe-
tard, n’était autre que monlntrouvable créancier! Voilà
pourquoi, messieurs, je ne joue jamais, ja-mais.»
Et le conseiller Calabasta se laissa retomber, inondé
de sueur, dans son fauteuil.
Les trois substituts ne riaient plus.
LÉON AUDIBERT.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Fantaisies parisiennes
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le Charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1885
Entstehungsdatum (normiert)
1880 - 1890
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 54.1885, Février, S. 215
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg