UN MUSÉE TRANSATLANTIQUE1
il.
es occasions s’offrirent nombreuses
au hardi promoteur du Metropo-
litan Museum de New-York, à la
veille des terribles événements qui
ont ensanglanté les années 1870 et
1871 ; mais M. Blodgett sut avoir la
plus difficile des sagesses : il résista
à ses propres impatiences, domina,
sans faiblir un seul instant, la pas-
sion qui le poussait à aller vite en
besogne, et s’imposa l’obligation
de n’acheter que sur l’avis et la recommandation formels des juges les
plus compétents.
Il résolut de s’en remettre avant tout à un homme dont le savoir et
l’honorabilité consacrés par tous les connaisseurs lui feraient un titre de
sérieuse garantie, et il s’adressa à M. Étienne Leroy, l’expert des musées
royaux de Belgique^
Ce ne fut qu’aprës un minutieux examen critique de chaque peinture
qu’eut enfin lieu l’acquisition des trois collections, l’une de cent tableaux,
la seconde de cinquante-neuf et la troisième de quinze, qui devaient être
le point de départ du premier musée américain. Le citoyen ardemment
dévoué à la grandeur de sa patrie, qui jetait sans hésitation une partie
de sa fortune dans cette entreprise, désintéressée, n’avait pas même
mandat de ses collègues pour commencer des achats; il les faisait à ses
t. Voir Gazette des Beaux-Arts, l. V, 2' période, p. 33.
il.
es occasions s’offrirent nombreuses
au hardi promoteur du Metropo-
litan Museum de New-York, à la
veille des terribles événements qui
ont ensanglanté les années 1870 et
1871 ; mais M. Blodgett sut avoir la
plus difficile des sagesses : il résista
à ses propres impatiences, domina,
sans faiblir un seul instant, la pas-
sion qui le poussait à aller vite en
besogne, et s’imposa l’obligation
de n’acheter que sur l’avis et la recommandation formels des juges les
plus compétents.
Il résolut de s’en remettre avant tout à un homme dont le savoir et
l’honorabilité consacrés par tous les connaisseurs lui feraient un titre de
sérieuse garantie, et il s’adressa à M. Étienne Leroy, l’expert des musées
royaux de Belgique^
Ce ne fut qu’aprës un minutieux examen critique de chaque peinture
qu’eut enfin lieu l’acquisition des trois collections, l’une de cent tableaux,
la seconde de cinquante-neuf et la troisième de quinze, qui devaient être
le point de départ du premier musée américain. Le citoyen ardemment
dévoué à la grandeur de sa patrie, qui jetait sans hésitation une partie
de sa fortune dans cette entreprise, désintéressée, n’avait pas même
mandat de ses collègues pour commencer des achats; il les faisait à ses
t. Voir Gazette des Beaux-Arts, l. V, 2' période, p. 33.