LES MONUMENTS D’ART
DÉTRUITS A STRASBOURG
Quand nous avons visité Strasbourg
pour la dernière fois, un an s’était
déjà écoulé depuis le bombardement
et des réparations actives avaient at-
ténué l’horreur du spectacle primitif.
Aux yeux de ceux qui venaient de
contempler les ruines de Saint-Cloud,
Strasbourg n’était pas trop à plain-
dre. N’avait-il pas conservé sa cathé-
drale, ses principales églises, ses rues
les plus pittoresques ! Les quartiers
sacrifiés ne pouvaient-ils pas, grâce
à l’argent français libéralement dis-
tribué par les vainqueurs, renaître
rapidement de leurs cendres, plus
brillants qu’avant le siège! Et qu’im-
portait après tout la perte d’édifices
modernes, tels que le théâtre, le musée, les casernes, que l’on arriverait,
sans trop d’efforts, à reconstruire sur leur ancien plan, ou d’après des
plans nouveaux plus séduisants !
Telles étaient en général les impressions des touristes de l’automne
de 1871, et j’avoue que de prime abord je ne fus pas éloigné de me
ranger à leur avis. Le plaisir que j’éprouvai à rencontrer encore debout et
presque intacts quelques-uns des monuments dont le sort m’avait inspiré
le plus d’inquiétudes, —- la charmante maison en bois sculpté qui forme
l’angle de la place de la cathédrale, le Frauenhaus ou maison de Notre-
Dame, l’hôtel du commerce, construit par Specklé, en 1585, —ne con-
tribua pas médiocrement à me faire pencher du côté de l’optimisme. La
DÉTRUITS A STRASBOURG
Quand nous avons visité Strasbourg
pour la dernière fois, un an s’était
déjà écoulé depuis le bombardement
et des réparations actives avaient at-
ténué l’horreur du spectacle primitif.
Aux yeux de ceux qui venaient de
contempler les ruines de Saint-Cloud,
Strasbourg n’était pas trop à plain-
dre. N’avait-il pas conservé sa cathé-
drale, ses principales églises, ses rues
les plus pittoresques ! Les quartiers
sacrifiés ne pouvaient-ils pas, grâce
à l’argent français libéralement dis-
tribué par les vainqueurs, renaître
rapidement de leurs cendres, plus
brillants qu’avant le siège! Et qu’im-
portait après tout la perte d’édifices
modernes, tels que le théâtre, le musée, les casernes, que l’on arriverait,
sans trop d’efforts, à reconstruire sur leur ancien plan, ou d’après des
plans nouveaux plus séduisants !
Telles étaient en général les impressions des touristes de l’automne
de 1871, et j’avoue que de prime abord je ne fus pas éloigné de me
ranger à leur avis. Le plaisir que j’éprouvai à rencontrer encore debout et
presque intacts quelques-uns des monuments dont le sort m’avait inspiré
le plus d’inquiétudes, —- la charmante maison en bois sculpté qui forme
l’angle de la place de la cathédrale, le Frauenhaus ou maison de Notre-
Dame, l’hôtel du commerce, construit par Specklé, en 1585, —ne con-
tribua pas médiocrement à me faire pencher du côté de l’optimisme. La