LA CARICATURE ET L’IMAGERIE
EN EUROPE
PENDANT LA GUERRE DE 18.70-1871 1
FRANGE.
L’Allemagne n’a eu à manifester que les
joies et les brutalités du triomphe. En France
l’état psychologique est plus compliqué, l’Ame
nationale est agitée, assaillie de sentiments qui
varient. Elle passe de la confiance à la stupéfac-
tion, puis viennent la colère, l’inquiétude; ce
grand peuple, surpris au sommet de sa force,
éprouve une amère impression. 11 sent bien que
cet échec est inconcevable, il en est humilié. Il
proteste contre une espèce de dérision dans le
sort. Il doit vaincre, se relever et se venger; en
même temps il est engrené dans la série des conséquences de ses pre-
mières défaites ; il a beau se débattre, ses efforts sont irrémédiablement
entravés, paralysés. La douleur le saisit vivement. Tant de puissance
impuissante, de colossales ressources inutiles, sa grandeur abaissée, le
font en appeler à l’avenir. 11 s’en prend, il en veut à ses chefs, sans trop
songer qu’aujourd’hui c’est bien moins le génie individuel qui agit, que
l’ensemble d’une civilisation, la méthode intellectuelle et.le tempérament
d’un peuple. Les passions politiques de l’intérieur surchargent et
aggravent cet état tourmenté de l’âme nationale.
Écrits, livres, articles, proclamations, images, caricatures, sont les
notes passionnées, troublées d’un long et grand monologue dramatique 1
1. Voir Gazette des Beaux-Arts, t. V, 2e période, p. 135.
EN EUROPE
PENDANT LA GUERRE DE 18.70-1871 1
FRANGE.
L’Allemagne n’a eu à manifester que les
joies et les brutalités du triomphe. En France
l’état psychologique est plus compliqué, l’Ame
nationale est agitée, assaillie de sentiments qui
varient. Elle passe de la confiance à la stupéfac-
tion, puis viennent la colère, l’inquiétude; ce
grand peuple, surpris au sommet de sa force,
éprouve une amère impression. 11 sent bien que
cet échec est inconcevable, il en est humilié. Il
proteste contre une espèce de dérision dans le
sort. Il doit vaincre, se relever et se venger; en
même temps il est engrené dans la série des conséquences de ses pre-
mières défaites ; il a beau se débattre, ses efforts sont irrémédiablement
entravés, paralysés. La douleur le saisit vivement. Tant de puissance
impuissante, de colossales ressources inutiles, sa grandeur abaissée, le
font en appeler à l’avenir. 11 s’en prend, il en veut à ses chefs, sans trop
songer qu’aujourd’hui c’est bien moins le génie individuel qui agit, que
l’ensemble d’une civilisation, la méthode intellectuelle et.le tempérament
d’un peuple. Les passions politiques de l’intérieur surchargent et
aggravent cet état tourmenté de l’âme nationale.
Écrits, livres, articles, proclamations, images, caricatures, sont les
notes passionnées, troublées d’un long et grand monologue dramatique 1
1. Voir Gazette des Beaux-Arts, t. V, 2e période, p. 135.