LES ARTISTES CONTEMPORAINS
CHARLES KEENE
Nous venons de perdre le
dernier de la longue lignée des
grands humoristes du crayon, un
artiste qui prendra sa place au
premier rang parmi les plus re-
marquables et les plus complets
que l’Angleterre ait produits
dans ce genre. Charles Keene a
disparu, laissant derrière lui
un vide que nous n’avons pas
l’espérance de voir bientôt com-
bler. Car si nous avons encore de jolis dessinateurs, et nombre
d’amusants comiques — les véritables clowns du crayon —, il ne
nous reste plus de maître, dans le vrai sens du mot, unissant, comme
celui que nous regrettons si amèrement, la merveilleuse justesse du
coup d’œil, la notation sympathique et variée à l’infini des types
nationaux les plus caractéristiques, à une rare puissance technique
capable de triompher de toutes les difficultés de représentation et
d’expression, et ne se livrant cependant jamais ni aux tours de force
ni aux fantastiques exagérations. Certes, il serait injuste d’oublier
que nous conservons encore le vétéran John Tenniel, dont le grand
styleet lesconceptionssouvent héroïques font pardonner le manque de
souplesse dans le dessin ; mais ce dernier se renferme, comme il s’est
presque toujours renfermé, dans le cercle relativement étroit de la
caricature ou plutôt de la satire politique, et ne peut donc ici entrer
en question.
CHARLES KEENE
Nous venons de perdre le
dernier de la longue lignée des
grands humoristes du crayon, un
artiste qui prendra sa place au
premier rang parmi les plus re-
marquables et les plus complets
que l’Angleterre ait produits
dans ce genre. Charles Keene a
disparu, laissant derrière lui
un vide que nous n’avons pas
l’espérance de voir bientôt com-
bler. Car si nous avons encore de jolis dessinateurs, et nombre
d’amusants comiques — les véritables clowns du crayon —, il ne
nous reste plus de maître, dans le vrai sens du mot, unissant, comme
celui que nous regrettons si amèrement, la merveilleuse justesse du
coup d’œil, la notation sympathique et variée à l’infini des types
nationaux les plus caractéristiques, à une rare puissance technique
capable de triompher de toutes les difficultés de représentation et
d’expression, et ne se livrant cependant jamais ni aux tours de force
ni aux fantastiques exagérations. Certes, il serait injuste d’oublier
que nous conservons encore le vétéran John Tenniel, dont le grand
styleet lesconceptionssouvent héroïques font pardonner le manque de
souplesse dans le dessin ; mais ce dernier se renferme, comme il s’est
presque toujours renfermé, dans le cercle relativement étroit de la
caricature ou plutôt de la satire politique, et ne peut donc ici entrer
en question.