L' art: revue hebdomadaire illustrée (15.1889 (Teil 1))

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L’ART.

2m,6g8 et le calibre, n° 35, 3/7; la longueur totale est de

2m,98o.

J’ai dit que cette bouche à feu fut coulée à Parme, et je
puis le prouver par un document incontestable que je tire
de l’ouvrage de Francesco de Marchi, directeur de la fon-
derie de cette ville. Voici ce qu’il dit : « S. M. le roi
Henri de France et le très illustre duc Octave Farnèse
ont fait faire une quantité de pièces d’artillerie à Parme,
dans l’année i553; j’en ai relevé très exactement la lon-
gueur, la grosseur et le poids, parce que c'était là mon
office à la fonderie. » (Architecture militaire, liv. IV,
chap. xix, édit, de Brescia, 1599.)

Et, venant à parler des faucons, il dit : « Les faucons
qui portent six livres de balles ont une longueur de
35 balles 1/2. Derrière, ils sont gros de 3 balles ; devant,
d’une balle de 6fiémes■ Le métal pèse 1.5/5 livres. (Ibid.)
Il ajoute aussi à la fin du chapitre qu’z'Z s’agit du poids et
du diamètre de la balle de fer, et le poids de Panne est
de 12 onces par livre. (Ibidem.) Notre faucon diffère très
peu pour le calibre (4 livres au lieu de 6) et pour le
poids (t,779 livres au lieu de i,5~5) de ce qu’indique de
Marchi.

Ces différences proviennent de ce qu’à cette époque on
ne se servait pas encore de règles fixes pour la construc-
tion des pièces, et c’est ce qui nous confirme que celle-ci
est une de celles fondues pour Henri II, à Parme, lorsque
de Marchi administrait la fonderie.

Passant aux ornements allégoriques du faucon, je ne

crois pas que les croissants qui y sont reproduits plusieurs
fois soient une allusion à la célèbre Diane de Poitiers, la
maîtresse du cœur et de la cour de Henri II. La marque
du croissant, accompagné de la fameuse devise : donec
totum impleat orbem, fut adoptée par Henri alors qu’il
était dauphin, non à cause de son amour pour Diane,
mais pour exprimer son désir de monter au plus tôt sur le
trône, parce qu’alors il aurait pu montrer toute sa valeur,
de même que la lune n’est vue dans toute sa splendeur
que lorsqu’elle est dans son plein. C’est pour cela que le
célèbre courtisan, qui fut Monseigneur Jove, fit pour le
roi un autre emblème, représentant la pleine lune avec la
devise :

CDM PLENA EST FIT AEMULA SOLIS

pour montrer que sa splendeur égalait celle du soleil, en
faisant la nuit claire comme le jour (Jove, emblèmes) ;
ceci vient à l’appui de mon opinion. Dans la Bibliothèque
Nationale de Parme (GG. 1. 125), on conserve un livre
de prières ayant appartenu à Henri II, dans lequel, au bas
des miniatures historiques qui se trouvent en tête des trois
chapitres, est sa devise, écrite ainsi :

DONEC TOTUM
IMPLEAT ORBEM

entourée de croissants dont le nombre augmente à chacun
de ces chapitres : au premier, 8; au second, 12, et au
troisième, 14.

Devise du premier chapitre du Livre d’Heures de Henri II, roi de France. (Bibliothèque Nationale de Parme.)

/

Il était nécessaire de donner d’abord tous ces détails
pour arriver à l’interprétation du monogramme

il s’explique absolument par ces mêmes détails.

D. I. ne peuvent être, à mon avis, que les initiales de
deux mots et non les lettres d'un même mot. Donc, elles
se rapportent au prénom et au nom de famille du fon-
deur, ou à une devise. Dans le premier cas, il ne m’a pas
été difficile de trouver à qui les appliquer, attendu qu’il
y eut un Dorino Ioardo, Génois, qui fondait de l’artillerie
dans son pays en 155 1, de même que le faisait aussi, à


y,

Devise du deuxième chapitre du Livre d’Heures de Henri II, roi de France. (Bibliothèque Nationale de Parme.)

Plaisance, Landi ; mais je n’ai pas pu trouver de docu-
ments pour établir qu’il fabriqua des canons pour les Far-
nèse, dans la fonderie de Parme, l’an 1553.

Alors, écartant cette interprétation et ne connaissant
pas d’autre fondeur auquel puissent s’appliquer ces ini-

tiales, je fus amené à penser à la devise du roi Henri et à la
façon dont elle est écrite :

DONEC TOTUM
1 MPLEAT ORBEM