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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 1)

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Angelucci, Angelo: Les pièces d'artillerie française du musée national d'artillerie de Turin
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https://doi.org/10.11588/diglit.25867#0085

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LES PIÈCES D’ARTILLERIE FRANÇAISE

DU MUSÉE NATIONAL D’ARTILLERIE DE TURIN

'est en 1861 que fut commencée la collec-
tion de pièces d’artillerie italienne pour
servir à l’histoire artistique et militaire de
ces armes à feu depuis leur origine jusqu’à
nos jours. Tant petites que grosses, on en
compte quarante-cinq de fer battu et fondu ; une de bronze
cerclée de fer et cent quarante-trois de bronze.

Parmi ces dernières se trouvent neuf pièces ayant
appartenu ù la France, savoir : deux du xvie siècle, une
du xvne et six du xvine, sans compter d’autres qui ont été
laissées à Turin et à Pavie du temps du premier Empire.
Au sujet des deux premières, très précieuses pour l’histoire
politique et militaire commune aux deux nations, je don-
nerai ici quelques renseignements.

Commençant par la bouche à feu la plus ancienne, je
dirai que celle-ci est un « Quarto canone antico, sottile,
seguente » de 9 (4 k. 405), selon le langage technique de
nos artilleurs, avec lequel on indique que la pièce porte,
en balles de fer, un quart du canon proprement dit.

Il 14’est pas renforcé et est très pauvre de métal à la
culasse, c’est-à-dire que là ses parois sont moins grosses
de 7/8 que le diamètre de la bouche, qui est de om,ii 1.
De très belle forme, il se compose de deux troncs de

cône séparés par de simples et très pures moulures, et, de
même que le style des ornements indique une œuvre ita-
lienne, de même l’empreinte de la salamandre sur le corps
et les fleurs de lis et l’F, répétés alternativement autour,
montrent qu’il a appartenu à François Ier. J’ignore quel
fut le fondeur, mais je suppose qu’il était Milanais et qu’il
lit ce travail vers 1620 ou 1525. La longueur de l’âme est
de 24 bouches 3/4, et c’est justement pour cela et à cause
du calibre du boulet de fer fondu, qui correspond à peu
près à i3 livres romaines, que j’appelle cette pièce
« Quarto canone ». En résumé, tandis que le canon de
France, dans le siècle en question, portait un boulet de
33 livres, le nôtre en portait un de 5o ù 60 livres.

L’autre pièce peut être considérée à bon droit plutôt
comme italienne que française, car elle fut modelée et
coulée en Italie dans une fonderie qui avait comme direc-
teur notre célèbre ingénieur civil et militaire Francesco
de Marchi, de Bologne. Cette pièce est un faucon, « an-
tico », « seguente » de 5,4 livres de Parme (t k. 740),
qui fut moulé dans cette ville par ordre de Henri II,
en 155 3 L

La forme et les dimensions de notre faucon se voient
clairement d’après mon dessin qui est à l’échelle de 1/20.

Faucon commandé par Henri II, roi de France.'
(Musée National d’Artillerie de Turin.)

Toutefois, il ne sera peut-être pas désagréable au lecteur
d’avoir une idée de l’une et des autres.

La forme est celle d’une pyramide tronquée octogo-
nale avec base et chapiteau d’ordre dorique, de belles et
élégantes proportions, datant certainement du siècle d’or
de l’art italien. L'extrémité de la culasse et le bouton de
culasse (cul-de-lampe) sont formés, la première, par un
masque renversé, le second par un demi-balustre traversé
d’un trou, tout à fait semblable à celui du faucon de notre
Musée d’artillerie. Sur la plate-bande de culasse, se trouve,
à gauche, l’année de la fonte, 15 5 3, et dans le milieu le
calibre 5,4 (5 livres 4 onces du poids de Parme 21 1 k. 740).
A droite, le poids de la pièce : 1,779 (livres de Parme
=z 583 k. 5 12).

Sur la lumière se trouve le monogramme

que j’expliquerai plus tard. Ensuite, sur le corps, sont
deux arcs entrelacés à leurs extrémités, flanqués de deux
croissants et, dans le milieu, deux H, l’une sur l’autre.
Plus loin se trouve un second monogramme composé de
deux

TOT

DEL

adossés et réunis par une ligne transversale de façon à
Tome XLVI.

former les deux lettres H, D3 et, dessus, les armes de
France couronnées. Au col du chapiteau, sur chaque pan,
se voient, alternativement, une H et un croissant.

Le diamètre de l’âme est de om,o8 ; sa longueur de

1

1. Un faucon à peu près semblable à celui-ci est dessiné dans
l'ouvrage de Fari (Etudes sur le Passé et l’Avenir de l’artillerie,
tome III, pl. 33, figure 6), et le lecteur pourra le comparer au dessin
de notre pièce; ce faucon, actuellement dans notre Musée d’artil-
lerie, désigné sous le n° 47 du catalogue de 1868, est appelé impro-
prement couleuvrine et fut exécuté certainement d’après des dessins
italiens; je crois que ce

dans lequel se trouve la lumière n’est autre que l’initiale du nom
du Borgognone (Annibale Borgognone de Trente), maître fondeur de
l’artillerie des ducs Hercule et Alphonse II d’Este « lequel, en i544,
fit des dessins de « Tirifalchi » (c’est-à-dire de faucons) pour le prince
(Alphonse, qui fut plus tard duc, en 155g), que celui-ci veut envoyer
en France »; il fut payé « pour avoir donné à Son Excellence un
plan de pièces d'artillerie que celle-ci envoya en France, au roi. »
(Angelucci, Documenti inediti per la Storia delle armi da fuoco
italiane, 1, p. 333.)

2. Henrico, comme on écrivait alors en italien, et Diane. Mais ce
monogramme pourrait être aussi une erreur de l’ouvrier, qui aurait
dû graver ainsi :

ffl

comme on le voit dans les miniatures du livre de prières de Henri II,
qui se trouve à la Bibliothèque nationale de Parme. (Voir les trois
fac-similés pages 74 et 75.) Et, dans ce cas, ce seraient les initiales
de Henri et de Catherine de Médicis, sa femme.

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