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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,1.1906

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Mauclair, Camille: J.-J. Henner
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https://doi.org/10.11588/diglit.44813#0017

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J.-J. HENNER

II laisse en notre epoque, comme Jose-
Maria de Heredia qui le suivit de pres
dans la tombe, le Souvenir d’une oeuvre
volontaire, restreinte, parfaite et fidele au
passe — inattaquable en ce qu’elle interdit,
de par sa conception et sa limitation pre-
conQue, toute critique par analogie. De
telles oeuvres sont naturellement closes : il
faut les prendre ou les rejeter, mais on
n’en saurait rien attendre. Elles disent sans
mensonge, et sans reserver aucun secret,
tout ce qu’elles ont voulu dire.
Henner a ete un admirable peintre, et
un maitre. Mais il vecut isole, et nul ne
prouve mieux le sens special qu’il sied
d’attacher au nom de «maitre». Membre
de l’Institut, il n’y fit qu’un acte de pre-
sence. C’est sa vie, son art, qu’il faut
regarder. Ce sont des
exemples. Ils apprennent
que le premier devoir est
de n’imiter personne ex-
pres, et que le second devoir
est d’apprendre son etat en
passant par toutes les phases
des grands artistes, dont la
premiere est l’imitation in-
consciente de quelques ge¬
il ies. Henner ne professa
jamais, non plus que Fan-
tin-Latour. Il ne se mela
d’aucune coterie. Il ne s’as-
socia ä aucune manifestation.
Il ne fut pour rien dans les
actes qui rendirent odieuse
a bon droit la decadence
agressive de l’Academie. Il
fut Henner, conteste ou
admire, sans autre souci
que d’etre Henner, et les
fluctuations des mouvements
d’idees ne l’atteignirent pas.
Il posseda la serenite dans
la creation.
C’est la plus haute des
vertus. C’est aussi la plus
dangereuse, et si l’homme
est mediocre, eile l’annule.
Personne ne peut se dis-
penser, en art, d’etre trouble
et inquiet, ä moins d’etre
une force de la nature

ou un sot. Henner fut une force de la
nature, dans un tres petit domaine. Il fit
ce qu’il sentait, et fut doue de maniere ä
n’en jamais sortir, ä n’eprouver ni scrupule
ni ennui. J’ai prononce le nom de Heredia.
Je ne comparerai pas leurs arts, qui ont
pourtant bien des affinites; mais ce sont
deux physionomies similaires au point de
vue de la critique : pas d’hesitations, pas
de repentirs, pas d’evolutions. Un reve, une
forme pour lui trouvee — et voilä de quoi
remplir ces deux vies.
Le poeme de nudite que Henner a
chante, Strophe par Strophe, dans son epo-
que, eut une ferveur, une moiteur inimi-
tables. Il faisait toujours la meme chose, et
toujours une belle chose, comme Corot,
comme Millet, comme Pointelin, comme

Portra.it de la Comtesse Diane


(Musee du Luxembourg)

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