LES TRANSFORMATIONS
DU CASINO MUNICIPAL DE N1CE
p.
Une sourde
querelle
persiste dans les
arts du decor.
11 y a les Capulet
de l’art classique
et les Montaigu
de l’art moderne,
et malgre les Sa-
lons qui reunis-
sent les uns et
les autres, il
semble que l’a-
nimosite des deux
partis ne soit pas
au moment de
s’apaiser.
Fideles ä leur
education tradi-
tionnclle, les fer-
vents des styles
militent pour la colonne et l’entable-
ment. Ferus de renouveau, des
hommes, d’un esprit juvenile, pro-
clament venue l’ere messianique
d’un art affranchi, succedant aux
tenebres d’un long siede de copies
serviles.
Les « vieille garde » denient tout
merite aux «conscrits» de l’art et
VCEuvre, tiraillee par les pontifes et
par les novateurs, reste amorphe,
indeterminee et sans personnalite
precise.
Des artistes, animes d’une in-
tention conciliatrice, concoivent un
art mixte ou, par moitie, l’ideal
d’autrefois et les aspirations d’au-
jourd’hui, interviennent. Le melange
reste sans caractere ni franchise.
D’autres, plus categoriques,
affirment avec intransigeance leur
voeu esthetique dans leur oeuvre;
tel, reagissant contre le courant
moderniste, epure, dans ses facades,
le Louis XVI le plus orthodoxe,
tel autre, poussant ä l’extreme la
theorie du chambardemcnt, pare
ses architectures de profils et d’or-
nementations extravagantes.
Un certain nombre enfin s’ecartent de la
melee et, soit classiquement, soit sur le
mode moderniste, poursuivent la beaute
impassible, dans la placidite et le rythme
d’un labeur etranger aux polemiques.
M. E. Niermans fut, pendant quelques
annees, l’un des plus ardents Champions
d’un art regenere. Sa production souligna,
d’oeuvre en oeuvre, le genereux souci d’ap-
porter, dans le decor de la vie contemporaine,
une variete en mente temps qu’une nou-
veaute dont nos yeux et nos esprits avaient
un si imperieux besoin.
II eut, si j’ose dire, la gloire de se
trompet' d’abord, et puis la recompense
de reussir. Actuellement, on peut, sans
hesiter, le tenir pour l’un des esprits les
plus fournis en idees et les plus inventifs
qui soient.
II a fait la preuve qu’il n’etait pas qu’un
improvisateur de lignes heureuses, mais
hd. niermans, Architecte Ghapileau de la Grande Salle
(Bronzes executes par Guinier)
Gervais La Course du Flambeau
(detail)
9
DU CASINO MUNICIPAL DE N1CE
p.
Une sourde
querelle
persiste dans les
arts du decor.
11 y a les Capulet
de l’art classique
et les Montaigu
de l’art moderne,
et malgre les Sa-
lons qui reunis-
sent les uns et
les autres, il
semble que l’a-
nimosite des deux
partis ne soit pas
au moment de
s’apaiser.
Fideles ä leur
education tradi-
tionnclle, les fer-
vents des styles
militent pour la colonne et l’entable-
ment. Ferus de renouveau, des
hommes, d’un esprit juvenile, pro-
clament venue l’ere messianique
d’un art affranchi, succedant aux
tenebres d’un long siede de copies
serviles.
Les « vieille garde » denient tout
merite aux «conscrits» de l’art et
VCEuvre, tiraillee par les pontifes et
par les novateurs, reste amorphe,
indeterminee et sans personnalite
precise.
Des artistes, animes d’une in-
tention conciliatrice, concoivent un
art mixte ou, par moitie, l’ideal
d’autrefois et les aspirations d’au-
jourd’hui, interviennent. Le melange
reste sans caractere ni franchise.
D’autres, plus categoriques,
affirment avec intransigeance leur
voeu esthetique dans leur oeuvre;
tel, reagissant contre le courant
moderniste, epure, dans ses facades,
le Louis XVI le plus orthodoxe,
tel autre, poussant ä l’extreme la
theorie du chambardemcnt, pare
ses architectures de profils et d’or-
nementations extravagantes.
Un certain nombre enfin s’ecartent de la
melee et, soit classiquement, soit sur le
mode moderniste, poursuivent la beaute
impassible, dans la placidite et le rythme
d’un labeur etranger aux polemiques.
M. E. Niermans fut, pendant quelques
annees, l’un des plus ardents Champions
d’un art regenere. Sa production souligna,
d’oeuvre en oeuvre, le genereux souci d’ap-
porter, dans le decor de la vie contemporaine,
une variete en mente temps qu’une nou-
veaute dont nos yeux et nos esprits avaient
un si imperieux besoin.
II eut, si j’ose dire, la gloire de se
trompet' d’abord, et puis la recompense
de reussir. Actuellement, on peut, sans
hesiter, le tenir pour l’un des esprits les
plus fournis en idees et les plus inventifs
qui soient.
II a fait la preuve qu’il n’etait pas qu’un
improvisateur de lignes heureuses, mais
hd. niermans, Architecte Ghapileau de la Grande Salle
(Bronzes executes par Guinier)
Gervais La Course du Flambeau
(detail)
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