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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,1.1906

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Mauclair, Camille: J.-J. Henner
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https://doi.org/10.11588/diglit.44813#0020

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L’ART DECORATIF

a sa maniere un des principes essentiels,
la Vibration radiante des surfaces eclairees

et sa reaction sur les arriere-plans. Dans
aucune de ses oeuvres il n’existe de limita-
tion lineaire, de secheresse du contour. Les
corps sont moins eclaires par l’ambiance
qu’ils ne l’etaient par le seul fait de leur

nudite — et ceci rapproche sin-
Henner de Carriere.
C’etait le principe de
Prudhon, c’etait le principe
de Correge. Seulement, Cor-
rege l’osait avec genie dans la
lumiere. Correge, c’est le mi-
racle voluptueux d’un conflit
de lumieres entre elles , au
sein desquelles une clarte plus
claire que toutes fascine le
regard. Prudhon demande ä
l’ombre de plus aises con-
trastes. On retrouve Prudhon
en Henner, mais les ombres
de Prudhon sont froides, pro-
fondes; celles de Henner sont
chaudes et tout impregnees de
couleur. Elles ressemblent aux
bruns du Bassan et aux bruns
rouges du Caravage. Quand
Henner, comnie dans le Saint
Sebastien du Luxembourg,
construit son harmonie sur
des tons froids, un noir de
fusain, une chair morte mo-
delee en bleu ardoise et blanc
d’argent, il se rapproche des
blancs cremeux, des irisations
de lait bleuätre de Prudhon.
Quand il construit son tableau
sur une harmonie ambree, il
se refere aux dorures de Gior-
gione, et son ombre monte
d’un ton tout venitien. Il a
oscille entre ces deux contrastes,
mais il a toujours su les
adopter tout entiers tour a
tour. Quant ä sa maniere de
dessiner par les plans et les
volumes, en massant les om-
bres, puis en distribuant les
lumieres et en y accrochant
quelques supremes scintilla-
tions, eile est prudhonienne
par l’esprit comme par l’exe-
cution. Mais Henner n’a pas
eu la gräce, l’elegance cares-
sante, la morbidesse unique
la miraculeuse ductilite de ses
formes vaporeusement fermes. Il modelait
avec un charme presque amolli: les contours,
les formes generales de ses figures avaient
parfois de la lourdeur. Il affectionnait la


Portrait de MPe L. P. (Musee du Luxembourg)

rayonnante
gulierement

de Prudhon

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