Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,1.1906

DOI Artikel:
Mauclair, Camille: J.-J. Henner
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.44813#0023

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
J.-J. HENNER

Paccord des noirs et du fand d’un bleu si
tendre — le bleu de Gainsborough et de
Watteau, le bleu ciel qui arrive ä suggerer

tique. C’etait la toute son Ideologie. Le nu,
une draperie, un fond de lac et de foret
dans l’ombre, voilä ses sujets : et il ne de-

la plus fine tristesse. Ce poeme
du bleu et du noir est l’exemple
meme de la juste puissance des
valeurs, et on n’a pas ete plus
loin dans la simplification d’une
figure, dans l’idealisation sans
mievrerie d’un etre vivant. C’est
tres naturellement beau, et cela
contient tout son prestige et toute
sa Suggestion. On n’a pas ä
ajouter son reve personnel ä ces
formes : elles se presentent dejä
vetues du reve immanent en leur
realite. Parce que Henner associe
magistralement trois ou quatre
valeurs, un reve se degage, et
c’est celui que contiennent les
couleurs en elles-memes. Dans
toute s les nobles Oeuvres qu’il
a peintes, la Femme au divan
noir, les Nymphes, l’£g7ög-ue
du Petit Palais, le portrait de
Mmo Roger-Miclos, le Saint Se-
bastien, ou teile Pieta, il est
impossible de trouver des ele-
ments de reverie litteraire : la
couleur agit seule poetiquement.
La Susanne du debut, qü’ön
retrouve au Luxembourg, donne
le plus curieux renseignement sur
la fa<;on dont Henner en vint ä
sa maniere definitive. C’est un
tres savant morceau, d’un dessin
minutieux sans secheresse. Il ne
se depouille pourtant pas du
caractere tout objectif du nu de
l'Ecole: les penombres y sont
dejä, mais elles ne s’illuminent
pas de l’irradiation des contours.
Plus tard, Henner en est venu ä
supprimer tout element lineaire,
ä ne plus mettre « tout ce qu’il
y a», ä penetrer les secrets

ÄHdromäde


de la Science des sacrifices, qui est la raison
la plus haute de l’art pictural, et ä n’expri-
mer exactement que des valeurs.
C’etait un bomme qui eprouvait de la
joie ä reunir quelques tonalites magnifiques
et ä en composer une sorte d’hymne, en
cherchant en chacune d’clles et dans leur
reciprocite le maximum de beaute chroma-

mandait pas autre chose ä la mythologie ou
aux sujets de devotion, et il rassasiait sa
passion sans se soucier des theories sur
l’expressivite, sans regarder ce que faisait
autrui. D’une nymphe ä l’autre nymphe,
sans meine varier les attitudcs, il observait
la transformation subtile d’un vert ou d’un
bleu, accentuait une ombre, precisait une

/
 
Annotationen