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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,1.1906

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Roche, Pierre: Une première exposition japonaise au Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.44813#0051

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UNE PREMIERE EXPOSITION JAPONAlSE

legerement renouveles, et sur lesquels la
peinture japonaise a jusqu’ici vecu, heri-
tiere directe en cela de la peinture chinoise.
D’autres, parmi ces paysages, s’attaquent
plus hardiment ä une nouvelle Interpreta-
tion de la nature. Telles
sont trois vues de mer.
L’une nous montre,
une aurore calme tout
pregnee d’or jaune, et
une eau limpide, une barque
dessinee avec precision dans
la transparence de l’air,
tandis qu’une ligne d’ecume
estompe, comme de brume
legere, le sable uni de la
plage.
Telle encore cette mer
d’hiver sur laquelle pese le
vent d’un ciel gris, d’une
nuance etonnamment fine.
Les vagues, aplaties, sont
decouronnees par la rafale
en jets horizontaux d’em-
bruns. Sur le tout vibre le
ton morne et assourdi de
flots glauques dont le bleu
profond est comme gelc et
amorti ä la surface.
Mais oü la technique,
les Souvenirs, et l’observa-
tion disparaissent pour ne
laisser de place qu’au plus
libre sentiment, c’est dans
les clairs de lune et les
brouillards.
Soit qu’un soleil roux
rayonne au travers d’une
gaze grisätre pour eclairer
deux barques qui s’enfon-
cent ä diverses profondeurs
dans la brume, soit que la
mer tout entiere, remuee
dans un clapotis de vagues
bleuätres, s’enleve et fume
vers le ciel avec lequel eile
se confond.
Cela, c’est de la pure poesie, et il faut
renoncer ä decrire ce qui n’est qu’une sorte
d’effusion, d’epanchement, de ce qu’il y a
de plus instinctif dans l’emotion, et qui n’a
d’equivalent dans notre peinture que quel-
ques oeuvres des dernieres annees de notre
Dulac.

C’est ä Assise, tout penetre de la legende
franciscaine, que ce peintre mort si jeune
et dont la seule bonne fortune a ete la ren-
contre de Huysmans, osa le premier mettre
tout l’interet d’une toile dans les nuances

changeantes d’une suite de collines, dans
les surprises de levers et de couchers de
soleil individualises avec une singuliere can-
deur. Leur delicatesse est teile qu’ils sem-
blent etre comme une confidence de la
nature, sorte de miracle de coloration saisi
par l’oeil d’un artiste devenu visionnaire.


HISHIDA-SHUINSO
(Photographie Louis Lemery)

Clair de lune
(Avec l’autorisation de MM. Henry Graves and Co. Ltd, Paris)

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