L’ART DfiCORATIF
oii un drame de la misere. 11 s’en tient ä la nor-
malste de la vie, avec une teile tranquillite
que chez tout autre on l’appellerait insigni-
fiance. Rien du feuilleton sanglant ou pleu-
rard dans cet art de Jules Adler, d’une
eloquente severite.
II ne peint ni les victimes ni les canailles,
affaissement, pas une expression qui cherche
ä forcer l’attention : ce sont les etres tels
que nous les croisons chaque jour, la foule
qui oeuvre dans les quartiers tristes pour le
luxe de quelques-uns. Et par la Science et
l’intuition d’Adler, chaque type s’eleve ä
une verite si generale que nous sommes
ni les heros ni les ivrognes. II peint les
gens qui vont au travail, resignes sans haine,
pauvres mais propres, joyeux parfois: il les
scrute, et nous les restitue tout entiers. Ils
vont ä l’atelier dans les rues brumeuses ou
miroitent les lumieres, dans la Symphonie
argentee des crepuscules de pluie douce. Le
rythme de la marche entraine ces etres päles
de la päleur chlorotique des ateliers pari-
siens, päles avec des yeux intelligents, des
gestes vifs, et une gräce si souple dans la
negligence de l’attitude. Ni forfanterie ni
sürs de l’avoir connu. Avec une veritable
maitrise, il reun'it sur une figure toutes les
marques professionnelles, toutes ces nuances
indefinissables et frappantes qui font qu’un
ouvrier parisien ne ressemble ä nul autre
Francais de sa profession. La midinette, le
plombier, le maijon, le terrassier, la mena-
gere avec son enfant sur les bras, le flä-
neur, le petit employe roulant sa cigarette,
le couple assis sur un banc, tout nous re-
quiert par l’intense verite des masques et
des poses, et aussi par la tres belle qualite
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oii un drame de la misere. 11 s’en tient ä la nor-
malste de la vie, avec une teile tranquillite
que chez tout autre on l’appellerait insigni-
fiance. Rien du feuilleton sanglant ou pleu-
rard dans cet art de Jules Adler, d’une
eloquente severite.
II ne peint ni les victimes ni les canailles,
affaissement, pas une expression qui cherche
ä forcer l’attention : ce sont les etres tels
que nous les croisons chaque jour, la foule
qui oeuvre dans les quartiers tristes pour le
luxe de quelques-uns. Et par la Science et
l’intuition d’Adler, chaque type s’eleve ä
une verite si generale que nous sommes
ni les heros ni les ivrognes. II peint les
gens qui vont au travail, resignes sans haine,
pauvres mais propres, joyeux parfois: il les
scrute, et nous les restitue tout entiers. Ils
vont ä l’atelier dans les rues brumeuses ou
miroitent les lumieres, dans la Symphonie
argentee des crepuscules de pluie douce. Le
rythme de la marche entraine ces etres päles
de la päleur chlorotique des ateliers pari-
siens, päles avec des yeux intelligents, des
gestes vifs, et une gräce si souple dans la
negligence de l’attitude. Ni forfanterie ni
sürs de l’avoir connu. Avec une veritable
maitrise, il reun'it sur une figure toutes les
marques professionnelles, toutes ces nuances
indefinissables et frappantes qui font qu’un
ouvrier parisien ne ressemble ä nul autre
Francais de sa profession. La midinette, le
plombier, le maijon, le terrassier, la mena-
gere avec son enfant sur les bras, le flä-
neur, le petit employe roulant sa cigarette,
le couple assis sur un banc, tout nous re-
quiert par l’intense verite des masques et
des poses, et aussi par la tres belle qualite
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