DOI Heft:
Numéro 89
DOI Artikel:Félice, Roger de: Quelques œvres récentes d'Edgar Brandt et d'Édouard Schenck
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.44813#0092
L’ART DE COR ATIF
entrelacent leurs pattes noires. Le monde
des insectes est d’ailleurs un tresor oü
M. Schenck puise ä mains pleines : un bec
de cane est un long cerf-volant; un bouton
de porte ovale est un dityque agrandi —
vous savez, cette noire et vive bestiole
qu’on voit virevolter et plonger dans l’eau
des mares? et ce sont des objets excel-
lents, bien en main, d’une Interpretation
pleine d’esprit.
Une autre grille, qui peut s’etablir ä
bon compte, au metre courant, pour rem-
placer les affreuses fontes du Val d’Osne
que l’on voit partout, n’est autre chose
qu’un rang d’oignons: les tiges et feuilles
sont en fers carres ou plats, tournes ä la
forge et assembles franchement avec des
vis saillantes ; les bulbes, et cette sorte de
gaines qui renferment les fleurs avant leur
epanouissement, sont rendus au moyen de
plaques de cuivre fondu qui piqueront aux
balcons de jolies notes brillantes.
II faut en venir aux bijoux, qui tiennent
une place importante dans l’oeuvre de M.
Schenck. Ici, tout n’est plus ä louer; la
vigoureuse personnalite de l’artiste se trouve
a Detroit ; sa largeur de modele, sa vision
par masses simplifiees jurent quelquefois
avec l’exiguite des objets, qui n’ont plus la
preciosite necessaire. C’est, neanmoins, une
bien jolie chose que ce pendant de cou,
qui est une chauve-souris au corps -fait
d’un vulgaire morceau de coquille Saint-
Jacques, ä la fine tete d’argent cisele,
et dont la patte tient une pierre verte.
Quoiqu’elles soient d’une facture un peu
grosse, je goüte fort aussi la boucle ä
l’arbre, avec ses fruits en pierres de couleur,
et la boucle faite d’un gros chat qui dort,
pelotonne voluptueusement dans sa fourrure.
Enfin, ce face-ä-main, tel qu’on en avait au
temps de la belle Cabarrus : cette grande
libellule aux ailes de verre, au corps en fil
d’argent tordu, aux gros yeux ronds de
peridots, est une des fantaisies les plus
heureuses qui soient nees de cette inepui-
sable Imagination.
Ajoutons que M. Schenck s’est attaque,
lui aussi, ä l’ameublement, et non sans
succes: mais on ne peut tout dire en une
fois.
Roger de Felice.
entrelacent leurs pattes noires. Le monde
des insectes est d’ailleurs un tresor oü
M. Schenck puise ä mains pleines : un bec
de cane est un long cerf-volant; un bouton
de porte ovale est un dityque agrandi —
vous savez, cette noire et vive bestiole
qu’on voit virevolter et plonger dans l’eau
des mares? et ce sont des objets excel-
lents, bien en main, d’une Interpretation
pleine d’esprit.
Une autre grille, qui peut s’etablir ä
bon compte, au metre courant, pour rem-
placer les affreuses fontes du Val d’Osne
que l’on voit partout, n’est autre chose
qu’un rang d’oignons: les tiges et feuilles
sont en fers carres ou plats, tournes ä la
forge et assembles franchement avec des
vis saillantes ; les bulbes, et cette sorte de
gaines qui renferment les fleurs avant leur
epanouissement, sont rendus au moyen de
plaques de cuivre fondu qui piqueront aux
balcons de jolies notes brillantes.
II faut en venir aux bijoux, qui tiennent
une place importante dans l’oeuvre de M.
Schenck. Ici, tout n’est plus ä louer; la
vigoureuse personnalite de l’artiste se trouve
a Detroit ; sa largeur de modele, sa vision
par masses simplifiees jurent quelquefois
avec l’exiguite des objets, qui n’ont plus la
preciosite necessaire. C’est, neanmoins, une
bien jolie chose que ce pendant de cou,
qui est une chauve-souris au corps -fait
d’un vulgaire morceau de coquille Saint-
Jacques, ä la fine tete d’argent cisele,
et dont la patte tient une pierre verte.
Quoiqu’elles soient d’une facture un peu
grosse, je goüte fort aussi la boucle ä
l’arbre, avec ses fruits en pierres de couleur,
et la boucle faite d’un gros chat qui dort,
pelotonne voluptueusement dans sa fourrure.
Enfin, ce face-ä-main, tel qu’on en avait au
temps de la belle Cabarrus : cette grande
libellule aux ailes de verre, au corps en fil
d’argent tordu, aux gros yeux ronds de
peridots, est une des fantaisies les plus
heureuses qui soient nees de cette inepui-
sable Imagination.
Ajoutons que M. Schenck s’est attaque,
lui aussi, ä l’ameublement, et non sans
succes: mais on ne peut tout dire en une
fois.
Roger de Felice.