PREMIERE EXPOSITION DES ECOLES D’ART
du dessin etait si generale chez les artisans
qu’ils ne connaissaient rien hors l’equerre
et le compas. Les ornements se trainaient
lourdemerit, mal attaches. N’eut ete la re-
novation grecque du
premier Empire, pour-
tant pitoyable ! l’art « in-
dustriel » de cette epoque
eut ete inavouable.
Vinrent le roman-
tisme et ses imaginations
alle man des. Le meuble
et le bijou s’en ressen-
lirent. Les voyages d’Italie
mirent ä la mode le
venitien, ses courbes la-
custres et serpentines. Le
second Empire fut tout
ä l’ivresse de la preciosite
luxueuse, bois et dia-
mants, soieries et pail-
lettes. II fallait le « re¬
tour ä la nature» et ce
n’est que bien plus tard,
presque recemment, qu’on
le trouva. Peu de chose
en verite, mais nul n’y
pensail. Eugene Grasset,
un des premiers, montra
la voie d’utilisation de
la fleur en matiere orne-
mentale, ses eleves et ses
emules obtinrent la «sty-
lisation », mot elastique
qui tente d’exprimer la
perspective geömetrale
de la nature enclose en
un decor mecanique. Le
style est une maniere
d’ecrire, est-ce une ma¬
niere de pejndre?
A mesure que la
Science elargissait les
usages de la. vie sociale,
lesemplois de l’art industriel devenaient plus
amples. L’an'tique torchere avait cede le pas
ä la carcel huileuse, puis au candclabre a
gaz, erifin ä la triomphante electricite. Quel
champ immense ä nos investigations : ce qui
se tenait au bout des doigts s’accfoche au-
jourd’hui dans tous spns le long des profils.
Le heurtoir massif des luxueux logis est
maintenant un bouton minuscule dont le
contact fait crepiter un Hl. Le landier forge
ne connait plus la büche, le gaz y leche
l’amiante. La vitre unie s’est transformee
en prisme lactescent, le meuble lourd et
rüde s’ingenie ä plus de grace et plus de
couleur. Tentures murales, tapis, boiseries,
fers, vaisselle, orfevrerie, combien notre
vie nouvelle se revele plus imaginative 1
II importe donc d’exiger plus d’efforts
de nos artisans et de les encourager dans
un labeur manifestement complique. II ne
s’agit plus ici, comme pour le peintre ou le
sculpteur, de tradüire une page de nature
saus se plier aux necessites d’un usage or-
donne. Associer le beau et l’utile, tel est le
ECOLE DE LIMOGES VdSCS (porcelaine)
du dessin etait si generale chez les artisans
qu’ils ne connaissaient rien hors l’equerre
et le compas. Les ornements se trainaient
lourdemerit, mal attaches. N’eut ete la re-
novation grecque du
premier Empire, pour-
tant pitoyable ! l’art « in-
dustriel » de cette epoque
eut ete inavouable.
Vinrent le roman-
tisme et ses imaginations
alle man des. Le meuble
et le bijou s’en ressen-
lirent. Les voyages d’Italie
mirent ä la mode le
venitien, ses courbes la-
custres et serpentines. Le
second Empire fut tout
ä l’ivresse de la preciosite
luxueuse, bois et dia-
mants, soieries et pail-
lettes. II fallait le « re¬
tour ä la nature» et ce
n’est que bien plus tard,
presque recemment, qu’on
le trouva. Peu de chose
en verite, mais nul n’y
pensail. Eugene Grasset,
un des premiers, montra
la voie d’utilisation de
la fleur en matiere orne-
mentale, ses eleves et ses
emules obtinrent la «sty-
lisation », mot elastique
qui tente d’exprimer la
perspective geömetrale
de la nature enclose en
un decor mecanique. Le
style est une maniere
d’ecrire, est-ce une ma¬
niere de pejndre?
A mesure que la
Science elargissait les
usages de la. vie sociale,
lesemplois de l’art industriel devenaient plus
amples. L’an'tique torchere avait cede le pas
ä la carcel huileuse, puis au candclabre a
gaz, erifin ä la triomphante electricite. Quel
champ immense ä nos investigations : ce qui
se tenait au bout des doigts s’accfoche au-
jourd’hui dans tous spns le long des profils.
Le heurtoir massif des luxueux logis est
maintenant un bouton minuscule dont le
contact fait crepiter un Hl. Le landier forge
ne connait plus la büche, le gaz y leche
l’amiante. La vitre unie s’est transformee
en prisme lactescent, le meuble lourd et
rüde s’ingenie ä plus de grace et plus de
couleur. Tentures murales, tapis, boiseries,
fers, vaisselle, orfevrerie, combien notre
vie nouvelle se revele plus imaginative 1
II importe donc d’exiger plus d’efforts
de nos artisans et de les encourager dans
un labeur manifestement complique. II ne
s’agit plus ici, comme pour le peintre ou le
sculpteur, de tradüire une page de nature
saus se plier aux necessites d’un usage or-
donne. Associer le beau et l’utile, tel est le
ECOLE DE LIMOGES VdSCS (porcelaine)