DOI issue:
Numéro 90
DOI article:Bramson, Jacques: Un sculpteur tchèque: Bohumil Kafka
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.44813#0146
L’ART DECORATIF
plus haut perce quelquefois d’une fapon
inattendue dans des ceuvres tres realistes.
Ainsi, faisant le buste d’une vieille mar-
quise, dont la vie ne fut qu’une suite de
modele. II a simplement cherche ä rendre
l’impression qui se degageait de la photo-
graphie et il a reussi ainsi ä donner ä son
ceuvre le maximum de vie.
Portrait
Avec cet amour de
la verite et avec le sens
decoratif fortement de-
veloppe ä l’Ecole, l’ar-
tiste devait forcement
nous donner des ceu-
vres plus completes
encore. Nous ne nous
tromperons pas, nous
semble-t-il, en affir-
mant que c’est le sejour
du sculpteur ä Paris
qui a contribue ä son
epanouissement. D’a-
bord, Kafka y a vu
presque pour la pre-
miere fois des statues
antiques. II est alle
au Louvre et il y va
encore souvent puiser
des enseignements chez
les maitres de la beaute
—- les Grecs. Ensuite,
dans ce milieu nou-
veau et point refrac-
taire ä certaines har-
diesses, il s’est senti
aussi le courage de
s’affranchir de ses der-
nieres entraves. Et il
est alle encore plus
joyeux et plus ouvert
au devant de la vie
et de la nature.
L’artiste s’est livre
souffrances et de malheurs, l’artiste a cru
pouvoir attacher la teie ä une espece de
perche pour montrer qu’elle vacillait et que
cette vie tourmentee ne tenait qu’ä un
souffle. Nous regrettons de trouver contes-
table cette invention.
Mais l’artiste, fidele observateur de ce
qu’il voit, cherche toujours ä rester vrai.
Nous en avons dejä apporte des exemples.
Nous en ciierons encore un. Kafka avait ä
faire le buste du grand artiste tcheque
Manes, d'apres une photographie. Il n’a
nullement cherche ä creer ce qu’il ne pou-
vait pas donner et ä travailler le buste,
comme cela se fait couramment, avec un
ä tout une serie d’etudes d’animaux. Il fit du
Jardin des Plantes son atelier et il en rapporta
quelques oeuvres excellentes : les Chevres, oü
la femelle qui vient de mettre bas, faible et
les membres etires, se penche sur sa proge-
niture; le Chameau, dans toute sa laideur,
avec son poil qui tombe; le Jeune elephant,
maladroit encore, mais sentant dejä ins-
tinctivement sa force. Toutes ces etudes
nous montrent une observation tres juste
et une execution tres vigoureuse. Kafka est
alle plus loin; il a voulut tout voir, tout
faire. Et il nous rapporta du Museum une
etude de momies assises. L’artiste a admi-
rablement senti que c’etaient les ravages du
i 12
plus haut perce quelquefois d’une fapon
inattendue dans des ceuvres tres realistes.
Ainsi, faisant le buste d’une vieille mar-
quise, dont la vie ne fut qu’une suite de
modele. II a simplement cherche ä rendre
l’impression qui se degageait de la photo-
graphie et il a reussi ainsi ä donner ä son
ceuvre le maximum de vie.
Portrait
Avec cet amour de
la verite et avec le sens
decoratif fortement de-
veloppe ä l’Ecole, l’ar-
tiste devait forcement
nous donner des ceu-
vres plus completes
encore. Nous ne nous
tromperons pas, nous
semble-t-il, en affir-
mant que c’est le sejour
du sculpteur ä Paris
qui a contribue ä son
epanouissement. D’a-
bord, Kafka y a vu
presque pour la pre-
miere fois des statues
antiques. II est alle
au Louvre et il y va
encore souvent puiser
des enseignements chez
les maitres de la beaute
—- les Grecs. Ensuite,
dans ce milieu nou-
veau et point refrac-
taire ä certaines har-
diesses, il s’est senti
aussi le courage de
s’affranchir de ses der-
nieres entraves. Et il
est alle encore plus
joyeux et plus ouvert
au devant de la vie
et de la nature.
L’artiste s’est livre
souffrances et de malheurs, l’artiste a cru
pouvoir attacher la teie ä une espece de
perche pour montrer qu’elle vacillait et que
cette vie tourmentee ne tenait qu’ä un
souffle. Nous regrettons de trouver contes-
table cette invention.
Mais l’artiste, fidele observateur de ce
qu’il voit, cherche toujours ä rester vrai.
Nous en avons dejä apporte des exemples.
Nous en ciierons encore un. Kafka avait ä
faire le buste du grand artiste tcheque
Manes, d'apres une photographie. Il n’a
nullement cherche ä creer ce qu’il ne pou-
vait pas donner et ä travailler le buste,
comme cela se fait couramment, avec un
ä tout une serie d’etudes d’animaux. Il fit du
Jardin des Plantes son atelier et il en rapporta
quelques oeuvres excellentes : les Chevres, oü
la femelle qui vient de mettre bas, faible et
les membres etires, se penche sur sa proge-
niture; le Chameau, dans toute sa laideur,
avec son poil qui tombe; le Jeune elephant,
maladroit encore, mais sentant dejä ins-
tinctivement sa force. Toutes ces etudes
nous montrent une observation tres juste
et une execution tres vigoureuse. Kafka est
alle plus loin; il a voulut tout voir, tout
faire. Et il nous rapporta du Museum une
etude de momies assises. L’artiste a admi-
rablement senti que c’etaient les ravages du
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