L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (8,1.1906)

L’ART DECORATIF

qui prend une balle difficile, d’un «revers»
magistral.
Mais eile revient bientot ä Paris vivre
de la vie qui lui est le plus naturelle, et
jusqu’ä Bete suivant son ^oüt pour la nature
sera largement satisfait par son Jardin d’hiver,
dont eile ne dedaigne pas d’arroser eile“
meme les plantes, par les Envois de Nice,
— narcisses et mimosa, anemones et roses —
que lui adressent ses amies de la Riviera;
par le Bois enfin, oii la promene sa «trente
chevaux » etincelante : car vous ne voudriez
point qu’elle n’eüt pas son auto, et vous
pensez bien que M. Cayron n’a pas rnanque
de la dessiner au moment oü eile y monte
ou en descend, ce qui est l’occasion d’effets
de manteau tres reussis.
Tout cela est conte fort agreablement,
sans admiration beate ni ironie bien aigue,
prestement enleve — bien que l’on y sente
un rien de lourdeur quelquefois — d’un

crayon facile qui n’ignore ni les roueries
ni les escamotages.
Comme matiere, sur un papier tres peu
teinte, du crayon noir, de la sanguine, du
blanc et quelques touches de pastel pour
rehausser le tout : ici une teinte plate, une
tache qui chante, d’un ton pur, le drapeau
suisse, ecarlate ä Barriere du Steamer gene-
vois, la casaque couleur mandarine d’un
travestissement Louis XVI, un peignoir de
couleur vive, le costume bleu de roi d’un
enfant;. ailleurs quelques traits seulement
de crayon colore, qui jouent avec le fond
et suggerent une teinte plus qu’ils ne la
definissent; mais en somme, comme notes
fondamentales, toujours le noir et la sanguine.
Dans un petit genre, ä quelque distance
de La Gandara, Boldini, Helleu, M. Cayron
est en train de se faire une place en somme
tres enviable.
Roger de Felice.


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