L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (8,1.1906)

Mme VI^RY

ornementation macabre de cräne, tibias, ailes
de chiauve-souris et cloches. Au bas un
rappel plus gracieux sous forme d’une tete
janus de jeune femme echevelee, cuir re-
pousse, milieu lisse, encadrement grenu. II
y a aussi un etui pour un livre d’heu res
ancien. Les faces, hardiment modelees, repre-
sentent, selon l’auteur, le diable se bouchant
les oreilles, les bonnes et les mauvaises
pensees, fleuries, avec la legende : Preservez-
moi, Seigneur, des sombres pensees.
La facon de Mlle Gombette m’a laisse
hesitant. Elle fouille le cuir sans l’impres-
sionner trop vivement. Elle le laisse dans
sa teinte originelle, en peau. Mais si la
ciselure est legere, si le modelage est doux
ä la main, les lignes sont peut-etre com-
posees un peu trop. Voici cependant un
delicieux encadrement d’ancolies, groupees
par touffes ton sur ton, forcees de teintes,
descendant entre un cadre double ä fond
picote, et contrefond de feuillages sommai-
rement ombres vert. C’est d’une harmonie
calme.
Le Corot havane de Mlle Champs, avec
titre rouge et courant de vigne vierge frui-

de Paris montre un decor floral sur fond
verdätre avec le vieux Paris de Montaigne
et la balancelle fatidique qui porte la for-
tune de la Cite. Mes preferences vont a un
autre livre de MniB Sergent, decore de pomines
de pins et d’aigrettes d’aiguilles du meine
arbre, fortement incises en vert gris sur
havane clair. La vigueur et la simplicite en
assurent le charme.
Mlle Cabarrus pratique un art seyant,
qui ne manque pas de philosophie. J’y vois
naitre, non sculement les bibliotheques vir-
gin ales des petites lectrices blanches et
na'ives, mais aussi celles des esprits amou-
reux de lumiere. Sur des pages candides,
velins ou parchemins blancs, lys ou ivoire,
eile aquarellise ses conceptions, pas bien
grosses, mais claires et gracieuses. Sur un
horizon de montagnes dansent des branches
florales de houblon. Ici de simples cadres,
coupes de genets d’un beau effet de soleil,
ici des marronniers et leurs boulets epi-
neux, la des courants de clochettes entre
des bandes dorees. Imageries? qu’importe,
reliure jeune et fraiche.
Dans les envois de Mme Martin-Sabon,
un Rrziges-la-Morte de Rodenbach qui fi-
gura aux Artistes frangais en igo5, avec


Mlle CHAMPS

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