L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (8,1.1906)

L’ART DECORATIF

tionale, sur laquelle nous fondions tous
tant d’esperances, d’ouvrir Ja porte aux
chercheurs serieux et hardis. On trouve
peut-etre maintenant plus d’audaces dans le
vieux Salon : la peur d’etre eclipse l’a en
effet engage ä se departir de son ancienne

d’espritse manifestem chez quelques hommes
de cette Societe. Je ne parle meme pas de
M. Carolus Duran, dont la carriere n’a ete
qu’une longue decadence, depuis l’epoque
de V Assassine et du portrait equestre de
Mlle Croizette, qu’il ne faut pas oublier.


LUCIEN SIMON
morgue et ä admettre des oeuvres qu’il eüt
jadis rejetäes. Ses principes etaient d’ailleurs
tellement caducs qu’il n’y eüt trouve aucune
force pour resister logiquement ä l’innova-
tion ; au lieu que le snobisme, qui est un
principe solide, a conduit la Societe Natio-
nale ä choisir dans l’innovation ce qui seu-
lement lui pouvait donner du lustre, sans
management pour le reste. Elle a ainsi
porte au pinacle certains faux independants
pour en mieux exclure de veritables.
Les .. effets de cette elegante mediocrite

Jour d’Eie (Societe Nationale)
(Photographie Crevaux)
Mais je songe ä M. Boldini et aux effigies
feminines qu’il expose cette annee. Quelle
difference entre les portraits de Whistler,
de Verdi, de Willy, et ces figures crispees,
tortillees, cernees d’un trait epileptique, et
coloriees avec une fadeur si ecceurante!
Voila l’exemple d’un peintre doue jusqu’a
la maitrise et gäche par ses modeles, rape-
tisse ä leur esthetique de boudoir, affadi et
enerve sans profit pour elles, sans honneur
pour lui. Son etourdissante dexterite revolte,
puisqu’elle s’abaisse ä la gravure de modes

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