L’ART DECORATIF
de plus ce que le grand artiste peut rea-
liser jusque dans le genre maussade du
portrait officiel. La reunion des etudes de
Carriere a ete falte hätivement et dans le
deuil. Elle n’est que le prelude ä une
plus qu’ä titre de truchements indispen-
sables, avec une Science ä laquelle on ne
pense pas.
L’exposition particuliere de M. Gustave
Colin donne les preuves d’un talent incon-
BERNARD BOUTET DE MONVEL
Versailles (Societe Nationale)
manifestation qui, je pense, bientöt mon-
trera au monde entier la valeur du grand
homme que nous avons perdu et qui,
comme le disait Rodin, etait peut-etre le
seul de nos maitres non a faire de la
belle peinture, mais a reveler vraiment des
ämes. Le portrait de Mme Menard-Dorian,
la supreme oeuvre que sa main defaillante
ait signee, est une merveille de fluidite na-
cree et s’idealise peut-etre plus que toutes
ses autres oeuvres. C’est reellement la trans-
position d’une äme par une ame. Le mo-
dele, le ton, la matiere n’y interviennent
testable. C’est une oeuvre savante et, pour
sa date, osee, que la Partie de pelote basque;
et certaines etudes rappellent Courbet, d’au-
tres Alfred Dehodencq, d’autres Roqueplan.
Le parti pris des tons de cinabre, assez
deplaisant, n’empeche pas de reconnaitre la
vigueur du dessin, le savoir reel, la volonte
d’expression et de caractere. Le brio n’est
pas le fait de M. Gustave Colin, mais il a
mieux pour meriter la sympthie et l’atten-
tion, et c’est le dernier, et non le moindre,
des representants de ce realisme romantique
si mal juge, si dedaigne, et qui a pourtant
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de plus ce que le grand artiste peut rea-
liser jusque dans le genre maussade du
portrait officiel. La reunion des etudes de
Carriere a ete falte hätivement et dans le
deuil. Elle n’est que le prelude ä une
plus qu’ä titre de truchements indispen-
sables, avec une Science ä laquelle on ne
pense pas.
L’exposition particuliere de M. Gustave
Colin donne les preuves d’un talent incon-
BERNARD BOUTET DE MONVEL
Versailles (Societe Nationale)
manifestation qui, je pense, bientöt mon-
trera au monde entier la valeur du grand
homme que nous avons perdu et qui,
comme le disait Rodin, etait peut-etre le
seul de nos maitres non a faire de la
belle peinture, mais a reveler vraiment des
ämes. Le portrait de Mme Menard-Dorian,
la supreme oeuvre que sa main defaillante
ait signee, est une merveille de fluidite na-
cree et s’idealise peut-etre plus que toutes
ses autres oeuvres. C’est reellement la trans-
position d’une äme par une ame. Le mo-
dele, le ton, la matiere n’y interviennent
testable. C’est une oeuvre savante et, pour
sa date, osee, que la Partie de pelote basque;
et certaines etudes rappellent Courbet, d’au-
tres Alfred Dehodencq, d’autres Roqueplan.
Le parti pris des tons de cinabre, assez
deplaisant, n’empeche pas de reconnaitre la
vigueur du dessin, le savoir reel, la volonte
d’expression et de caractere. Le brio n’est
pas le fait de M. Gustave Colin, mais il a
mieux pour meriter la sympthie et l’atten-
tion, et c’est le dernier, et non le moindre,
des representants de ce realisme romantique
si mal juge, si dedaigne, et qui a pourtant
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