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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 29.1913

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Salmon, André: Odilon Redon
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https://doi.org/10.11588/diglit.69797#0015
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ALLÉGORIE.

ODILON REDON

■jwjOMMEz Odilon Redon ; chacun voudra marquer son édifiant respect de l’œuvre et du
caractère de notre Grand Solitaire. Accablant hommage! Manifestation de la plus
prudente déférence et qui vaut l’énorme bloc de basalte sous quoi l’Amérique écrase
la tombe d’Edgar Poë.
Le public — et désormais le public achète de la peinture ou, tout au moins, la juge
péremptoirement — ignore Odilon Redon. Plus exactement, il néglige l’œuvre et retient
le nom à quoi s’attache assez de mystère pour, déjà, rendre l’homme suspect. J’ai dit,
et le répéterai, ne sachant mieux dire : Glorieux, Odilon Redon est à peine plus célèbre
que ne le fut, vivant, Stéphane Mallarmé. Mais la gloire du grand artiste demeurera
aussi éternellement pure que celle du poète A’Ilérodiade. Comme celui à qui la transpa-
rence de sa tasse à café inspirait un sonnet miraculeux, Odilon Redon peint des natures
mortes qui nous émeuvent ainsi que des visions fabuleuses.
L’homme, d’une dignité affable, apparaît un bourgeois français de bonne culture, ne
croyant pas que le fait de couvrir de couleurs une toile con fère le prn ilège d’une attitude,
généralement grotesque.
Odilon Redon a pour atelier un grand salon blanc. IL peint avec une belle économie
de gestes héroïques; mais, à le voir ainsi à l’œuvre, qui ne l’a deviné dévoré du feu
intérieur qui consume lentement? Périsse la chair si la flamme perdure ! La flamme
entretenue pieusement ne s’éteindra pas, et qu’importe au maître de ne point imposer
fortement son personnage à l’admiration des amateurs?
Si loyal, si simple et si distant, indulgent et solitaire, fameux et mal compris, c’est
bien à celui qui l’aima de tout son lucide esprit, dont la destinée fut parallèle, à
Sléphane Mallarmé, enfin, qu’il faut comparer Odilon Redon, le peintre de fleurs, le
pastelliste et le lithographe.
Certes l’art intellectuel du lithographe semble rapprocher particulièrement Redon
du poète des Fenêtres, mais les fleurs suffisent à attester la parenté.
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