L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (29.1913)

Fig. 1. — bronzes de JA VA : moine tenant le patra. (Collection R. Kœchlin). 2 : ÇAKYA
pénitent. (Collection Alph. Kann), 3 : kuvera. (Collection Brummer).
H : 0,12, 0,18, et 0,14.

L’ART BOUDDHIQUE
AU MUSÉE CERNUSCHI
Le premier projet des organisateurs de l’Exposition bouddhique, actuellement
ouverte au musée Cernuschi, fut des plus simples : ils voulaient essayer de
présenter, à l’aide de documents d’art choisis dans les collections françaises et étran-
gères, un tableau aussi complet que possible, du mouvement religieux le plus imposant
et le plus magnifique qui se soit développé à travers l’Asie. Et ce tableau leur apparaissait
surtout comme une sorte de vaste panorama, à l’aspect harmonieux, aux parties bien
liées.
Mais, à mesure qu’ils réunissaient sculptures et peintures dans les salles du musée,
une constatation venait s’imposer à leur esprit, celle de la singulière diversité des
oeuvres d’art bouddhique selon le tempérament des peuples qui les ont créées.
Devaient-ils s’en étonner? On ne saurait rien concevoir de si différent qu’un Christ
espagnol, aux traits convulsés, barbouillé, sanglant, d’un accent réaliste si brutal, et
qu’une icône russe dont l’or et les nobles couleurs font encore valoir les formes hiéra-
tiques. Tous deux, cependant, procèdent de l’inspiration chrétienne. Rien de surpre-
nant que le Bouddhisme ait fait naître, de son côté, des manifestations aussi oppo-
sées — celles, par exemple, d’une peinture tibétaine et d’un Amida japonais.
On comprend donc qu’en peu de temps les craintes de monotonie, qu’on pouvait
concevoir d’une exposition bouddhique, se soient évanouies en présence de la richesse

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