L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (29.1913)

LES CHAPITEAUX
DE L’ABBAYE DE CLUNY
ET L’ART DÉCORATIF"’

Ies quelques chapiteaux conservés au Musée de la ville de Cluny (Saône-et-Loire)
j qui ont échappé à la ruine déplorable de l’Abbaye, sont d’un haut intérêt au point
de vue de l’histoire de l’art ornemental. L’abbaye de Cluny fut en son temps la plus
puissante de la chrétienté et elle était fière de sa basilique, la plus vaste du monde
catholique ; cette église, construite entre iogi et ij3i, fut édifiée à un moment critique
et fort curieux du développement artistique du moyen âge. On sait le sommeil profond
dans lequel furent plongés la statuaire et l’art décoratif pendant plus de cinq cents ans, et
on peut dire qu’à parlir du vie siècle, la majeure partie de ce qui nous a été conservé se
résume en des coffrets ciselés, des reliquaires, des mosaïques et des plaquettes d’ivoire
dont l’art byzantin, par ses variantes et ses répétitions, a fait presque tous les frais.
Vers la fin du xie siècle, nous assistons à un mouvement qui précède de loin toutes les

Renaissances : on pour-
rait l’appeler la vraie
première Renaissance, si
ce nom de Renaissance
n’était pas indissoluble-
ment attaché à une autre
époque. Ce mouvement
novateur est étroitement
lié à l’histoire de Clu-
ny, et en rappelant les
lignes éloquentes et
justes de Monsieur An-
thyme Saint-Paul : <■ Le
xne siècle, ce grand siècle
qu’on ne peut étudier,
même superficiellement,
sans être subjugué par
son extraordinaire puis-
sance, fut le siècle le plus

(1) Voir : Notes sur les cha-
piteaux de l’Abbaye de Cluny,
par le docteur Pouzet. Revue de
l'art chrétien, 1912, nM janvier,
février, mars, avril.


UN DES CHAPITEAUX DES TONS DU PLAIN-CHANT
Le premier ton.