L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (29.1913)

EDOUARD-MARCEL SANDOZ.

Frise de chouettes, en chêne.

A PROPOS DU Vlir SALON
DE LA
SOCIÉTÉ DES ARTISTES DÉCORATEURS

Itne fois de plus, le foyer d’art décoratif du Pavillon de Marsan nous convie à sa
I grande manifestation annuelle.
Nous savions bien y retrouver l’affirmation du talent personnel de nos plus réputés
décorateurs, mais, connaissant le projet d’une « Exposilion internationale des arts
décoratifs modernes », nous espérions pouvoir constater, à ce Salon, tout au moins des
tentatives de coordination des talents.
Plus que jamais cet espoir est déçu. En se rappelant les manifestations antérieures,
tant ici qu’aux derniers Salons d’Automne et aux Grands Salons, on se rend compte
mieux encore de la croissante anarchie qui perturbe le domaine des arts décoratifs.
Ce n’est pas qu’il faille regretter ce « moderne » d’il y a dix ou quinze
ans, qui avait réussi à établir quelques formules communes, et auxquelles
bon nombre de décorateurs souscrivaient. Ce « moderne » nous paraît
déjà bien vieillot, malgré les réelles virtuosités qui s’acharnèrent à l’amé-
liorer, à le faire prévaloir; il est resté sans âme. Quelques décorateurs de
la précédente génération le poursuivent et y excellent avec des tendances
personnelles; longtemps encore même, il sera enseigné dans nos écoles
d’art décoratif parce que cet enseignement, lel qu’il est compris, ne peut
que suivre de loin les initiatives privées, au lieu de les précéder.
Devant ce fiasco de l’unification des talents modernes, le juste irrespect
des jeunes décorateurs se déchaîne. Moins rénovateurs, du reste, que leurs
aînés, moins soucieux de découvrir un style cohésif, mais ambitieux
d’établir le « style national de la troisième République » et de former l. gigou