L’ART DECORATIF
■ vx vain remplit on leurs cavités avec de la gélatine anlisep-
_I_J tique, en vain fixe-t-on leurs tissus au moyen du formol,en
vain renouveile-t-on l’alcool où baignent les piéparalions
définitives, celles-ci, parfois fort belles, méritent l’admiration
des anatomistes, mais elles ne rendent qu’imparfailemcnt les
nuances des êtres en vie. Le Prince de Monaco, qui depuis
quarante ans enrichit les laboratoires avec le butin de ses pêches
et sous les yeux duquel ont défilé vivants plus d’exemplaires
rares que personne n’en a vus, a tellement senti la difficulté de
reproduire leurs teintes fugaces, qu'après s’être assuré la colla-
boration des peintres les plus adroits, il a recours maintenant
aux ressources de la chromophotographie. Combien doit donc
être intéressante, pour le savant autant que pour l’artiste, une
œuvre décorative comme celle de Léon Laugier, où une si large
place a été faite au modèle vivant avec le souci de le représenter
selon sa coloration naturelle. Malgré les moyens de reproduction
dont cette revue dispose, il n’a pas été possible de rendre ici,
noir sur blanc, l’impression colorée qui se dégage de la dramatique aquarelle intitulée
Elude de Seiche (p. 8) (i). Mais la perfection des dessins (pages 11 et 12) (2), Elude de
Merluche au pastel et Tête de Congre au fusain (3), toutes deux très réduites pour l’im-
pression, laissent aisé-
ment deviner quel char-
me la couleur authen-
tique y ajoute.
Les Végétaux, eux
aussi, prennent dans la
mer un ton qu’ils per-
dent dès qu’on les tire
hors de l’eau. Léon Lau-
gier, longtemps penché
sur les herbiers de Bre-
tagne (j’entends ici ce
que nous appelons her-
biers en océanographie,
c’est-à-dire des prairies
d’algues et non pas une
collection de plantes des-
séchées sur le papier) a
compris la beauté de ces
minuscules forêts où se
poursuit sous l’eau le
drame éternel de la lutte
LÉON LAUGIER.
(1) (2) (3). Voy. L’Art Déco-
ratif, n0 160, du 5 avril 1912.
Interprétation d’algues
pour une plaque de calorifère (cuivre découpé).
■ vx vain remplit on leurs cavités avec de la gélatine anlisep-
_I_J tique, en vain fixe-t-on leurs tissus au moyen du formol,en
vain renouveile-t-on l’alcool où baignent les piéparalions
définitives, celles-ci, parfois fort belles, méritent l’admiration
des anatomistes, mais elles ne rendent qu’imparfailemcnt les
nuances des êtres en vie. Le Prince de Monaco, qui depuis
quarante ans enrichit les laboratoires avec le butin de ses pêches
et sous les yeux duquel ont défilé vivants plus d’exemplaires
rares que personne n’en a vus, a tellement senti la difficulté de
reproduire leurs teintes fugaces, qu'après s’être assuré la colla-
boration des peintres les plus adroits, il a recours maintenant
aux ressources de la chromophotographie. Combien doit donc
être intéressante, pour le savant autant que pour l’artiste, une
œuvre décorative comme celle de Léon Laugier, où une si large
place a été faite au modèle vivant avec le souci de le représenter
selon sa coloration naturelle. Malgré les moyens de reproduction
dont cette revue dispose, il n’a pas été possible de rendre ici,
noir sur blanc, l’impression colorée qui se dégage de la dramatique aquarelle intitulée
Elude de Seiche (p. 8) (i). Mais la perfection des dessins (pages 11 et 12) (2), Elude de
Merluche au pastel et Tête de Congre au fusain (3), toutes deux très réduites pour l’im-
pression, laissent aisé-
ment deviner quel char-
me la couleur authen-
tique y ajoute.
Les Végétaux, eux
aussi, prennent dans la
mer un ton qu’ils per-
dent dès qu’on les tire
hors de l’eau. Léon Lau-
gier, longtemps penché
sur les herbiers de Bre-
tagne (j’entends ici ce
que nous appelons her-
biers en océanographie,
c’est-à-dire des prairies
d’algues et non pas une
collection de plantes des-
séchées sur le papier) a
compris la beauté de ces
minuscules forêts où se
poursuit sous l’eau le
drame éternel de la lutte
LÉON LAUGIER.
(1) (2) (3). Voy. L’Art Déco-
ratif, n0 160, du 5 avril 1912.
Interprétation d’algues
pour une plaque de calorifère (cuivre découpé).