L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (29.1913)

88

L’ART DÉCORATIF

lomne ; leurs vêtements aussi sont plus sévères et au centre se distingue, comme la
vision blanche de la Mort, la figure de la femme aimée par l’artiste, récemment morte...
C’était aussi un Requiem pour lui, son dernier accord, —ici s’interrompit son chant
IL n’avait que 35 ans, lorsque son cœur fatigué se tut. C’était peut-être prédestiné,
car peu de jours après sa mort, commencèrent les jacqueries dans le gouvernement
de SaralofL Les paysans brûlèrent et détruisirent la maison majestueuse aux blanches
colonnes et le vieux parc, qui avaient été l’inspiration principale de Borissoff-Moussatoff.
L’âme du peuple est large et libre, mais parfois elle se condense en un nuage noir...
L’idéale de beauté de Borissoff-Moussatoff meurt avec lui. Les dernières maisons aux
colonnes blanches, entourées de parcs — encore nombreuses en Russie, mais gardées
par les cosaques — n’ont plus pour les artistes la même poésie intime. Les vieux jardins
se vendent aux marchands, comme dans la pièce de Tchehoff, Le Jardin des Cerisiers.
La femme-enfant est devenue, elle aussi, plus rare, faisant place à un autre type...
Jacques Tougendhold,
Saint-Pétersbourg.


DESSIN