L’ART DÉCORATIF
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s’attarder à de lourds premiers plans conventionnels, un pic rouge jette sur le ciel
jaune vert sa phrase éloquente, dominatrice des poignantes clameurs d’arbres soufre,
agacés de rose, ombrés d'outremer, d’arbres orangés ombrés de vert, de bleu vert, souli-
gnés de rose cerise et de pourpre; la basse répétée des cyprès projette encore plus
haut les déchirants arpèges. C’est tout ce que la musique moderne a trouvé de plus
rare et de plus hardi dans les dissonances et les résolutions différées. Ce n’est pas
Grand Canal et palais Da Muta, Venise (1904).
là le rendu de la lumière, de l’arbre, du sol, c’en est la transposition hardie dans le
langage abstrait des teintes, dont chacune, excitée, durcie, alanguie à des degrés
divers, possède d'infinies vertus expressives.
Après ce triomphe du bouquet de teintes, la dominante prouve son pouvoir dans
Les Bœufs, de Pérouse, où s’exaspère, au paroxysme, la chaleur des jaunes rehaussés
d’un vert; dans Le Campanile, où les folles froideurs d’un nuage violet cobalt pur se
déploient avec la sublime audace d’un défi. Bien d’autres tableaux de Cross prouvent,
par la multiplicité de leurs harmonies, de leurs arrangements significatifs, les émois
variés que ce poète avait à nous transmettre : plus il avance dans sa carrière et plus, à
l’inverse^de la règle générale, son œuvre se diversifie et s’exalte.
Cette particularité d’un développement indéfini de la personnalité de Cross tient à
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s’attarder à de lourds premiers plans conventionnels, un pic rouge jette sur le ciel
jaune vert sa phrase éloquente, dominatrice des poignantes clameurs d’arbres soufre,
agacés de rose, ombrés d'outremer, d’arbres orangés ombrés de vert, de bleu vert, souli-
gnés de rose cerise et de pourpre; la basse répétée des cyprès projette encore plus
haut les déchirants arpèges. C’est tout ce que la musique moderne a trouvé de plus
rare et de plus hardi dans les dissonances et les résolutions différées. Ce n’est pas
Grand Canal et palais Da Muta, Venise (1904).
là le rendu de la lumière, de l’arbre, du sol, c’en est la transposition hardie dans le
langage abstrait des teintes, dont chacune, excitée, durcie, alanguie à des degrés
divers, possède d'infinies vertus expressives.
Après ce triomphe du bouquet de teintes, la dominante prouve son pouvoir dans
Les Bœufs, de Pérouse, où s’exaspère, au paroxysme, la chaleur des jaunes rehaussés
d’un vert; dans Le Campanile, où les folles froideurs d’un nuage violet cobalt pur se
déploient avec la sublime audace d’un défi. Bien d’autres tableaux de Cross prouvent,
par la multiplicité de leurs harmonies, de leurs arrangements significatifs, les émois
variés que ce poète avait à nous transmettre : plus il avance dans sa carrière et plus, à
l’inverse^de la règle générale, son œuvre se diversifie et s’exalte.
Cette particularité d’un développement indéfini de la personnalité de Cross tient à