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Crussard, Raymond: Coiffures et bonnets anciens
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.69797#0168
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L’ART DÉCORATIF
Fonlanges, était la reine de ces fêtes, par sa beauté plusque par son esprit. Un jour, un
coup de vent opportun éparpilla sur ses épaules sa superbe chevelure. La jolie duchesse
dut, au secours d’un ruban, rattacher à la hâte ses boucles folles. Le lendemain, toutes
les dames en firent de même, et cette coiffure à la Fonlanges, née du hasard, fit fureur.
Bientôt, à sa simplicité rustique vinrent s’adjoindre]une foule d’ornements de toute
espèce, rubans, (leurs, aigrettes, chenilles, et chaque pièce de l’édifice prit un nom
bizarre : le solitaire, le capucin, le chou, l’asperge, le premier, le troisième, et jusqu’au
septième ciel.
Une gravure de F. Erbinger nous montre une dame en « corps de jupe », les
cheveux encerclés d’une non pareille noire et d’un large ruban « de taffetas blanc rayé
de satin blanc ». Par derrière on voit dépasser le haut d’un « petit bonnet fraisé de
mousseline avec de l’effilé ». A côté se trouve une personne en déshabillé, la tête enve-
loppée d’une « coëffe de gaze blanche à Heurs ».
La coiffure à la Fonlanges a vécu, le bonnet de toile, de mousseline, de gaze et de
linon est né. Réservé d’abord au déshabillé du matin, il aura, un jour, les honneurs des
fêles de Versailles et parera la chevelure de Marie-Antoinette au milieu du parc de
Trianon, sous le nom de bonnet à la paysanne, à la laitière, et de par le monde il va
faire son chemin. Il sera le bonnet de Manon Lescaut et de Ninon de Lenclos ; avec
Bonnet de drap d’argent brodé de perles de paillettes et de
ganses. Passe en dentelle d’argent. (Musée de Cluny.)
Marion, Mariette et Suzon,
il deviendra curieux, écoulant
aux portes des boudoirs, sur-
prenant le secret des alcôves
et des cabinets diplomatiques.
Bientôt il en saura long et de-
viendra combatif et libertin.
Mis sur l’oreille, fièrement
orné d’une cocarde tricolore,
il prendra place dans les ron-
des bruyantes de la Carma-
gnole et ne craindra pas de
voir tachées du sang de Marat
les bouffeltes de rubans du
bonnet de Charlotte Corday.
Du tragique il passera au sé-
vère; devenu subitementgrave
et renfrogné à l’heure des
conspirations, une barbe de
dentelle à gauche, un bouillon
chiffonné à droite, un nœud
sur le fond, il assiste au
triomphe de Bonaparte. Mais
que lui importe victoires ou
défaites, bonnet il est, bon-
net il restera ; gai bonnet et
L’ART DÉCORATIF
Fonlanges, était la reine de ces fêtes, par sa beauté plusque par son esprit. Un jour, un
coup de vent opportun éparpilla sur ses épaules sa superbe chevelure. La jolie duchesse
dut, au secours d’un ruban, rattacher à la hâte ses boucles folles. Le lendemain, toutes
les dames en firent de même, et cette coiffure à la Fonlanges, née du hasard, fit fureur.
Bientôt, à sa simplicité rustique vinrent s’adjoindre]une foule d’ornements de toute
espèce, rubans, (leurs, aigrettes, chenilles, et chaque pièce de l’édifice prit un nom
bizarre : le solitaire, le capucin, le chou, l’asperge, le premier, le troisième, et jusqu’au
septième ciel.
Une gravure de F. Erbinger nous montre une dame en « corps de jupe », les
cheveux encerclés d’une non pareille noire et d’un large ruban « de taffetas blanc rayé
de satin blanc ». Par derrière on voit dépasser le haut d’un « petit bonnet fraisé de
mousseline avec de l’effilé ». A côté se trouve une personne en déshabillé, la tête enve-
loppée d’une « coëffe de gaze blanche à Heurs ».
La coiffure à la Fonlanges a vécu, le bonnet de toile, de mousseline, de gaze et de
linon est né. Réservé d’abord au déshabillé du matin, il aura, un jour, les honneurs des
fêles de Versailles et parera la chevelure de Marie-Antoinette au milieu du parc de
Trianon, sous le nom de bonnet à la paysanne, à la laitière, et de par le monde il va
faire son chemin. Il sera le bonnet de Manon Lescaut et de Ninon de Lenclos ; avec
Bonnet de drap d’argent brodé de perles de paillettes et de
ganses. Passe en dentelle d’argent. (Musée de Cluny.)
Marion, Mariette et Suzon,
il deviendra curieux, écoulant
aux portes des boudoirs, sur-
prenant le secret des alcôves
et des cabinets diplomatiques.
Bientôt il en saura long et de-
viendra combatif et libertin.
Mis sur l’oreille, fièrement
orné d’une cocarde tricolore,
il prendra place dans les ron-
des bruyantes de la Carma-
gnole et ne craindra pas de
voir tachées du sang de Marat
les bouffeltes de rubans du
bonnet de Charlotte Corday.
Du tragique il passera au sé-
vère; devenu subitementgrave
et renfrogné à l’heure des
conspirations, une barbe de
dentelle à gauche, un bouillon
chiffonné à droite, un nœud
sur le fond, il assiste au
triomphe de Bonaparte. Mais
que lui importe victoires ou
défaites, bonnet il est, bon-
net il restera ; gai bonnet et