DOI article:
Cousturier, Lucie: Maurice Denis
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.69797#0231
L’ART DÉCORATIF
215
des plis, les fuseaux des bras, les éventails des arbres, enchevêtrent leurs arabesques
orangées, bleues, blanches, vertes, pour remplir les toiles comme des tapisseries. Ses
nouvelles œuvres, au contraire, détruisent la force de ces raccourcis, le pouvoir évoca-
teur « des couleurs dans un certain ordre assemblées ,(i)en leur substituant les appa-
rences mêmes de la nature ou des monuments admirés.
La reproduction, par la peinture, de ces monuments antiques, ne donnera pas à la
peinture un plus haut style; car il ne peut y avoir qu’une sorte de style : la clarté dans
l’émission d’un rythme, et des modes de clarté innombrables comme les émotions.
Telle apparente imprécision de Bonnard ou de Matisse peut être une manière d’être
clair. Mais, parce qu’elles veulent être claires à la fois comme des personnages grecs
sculptés et comme des modèles vivants, les dernières œuvres de Denis égarent notre cœur.
Des regards sur l’œuvre entier, reproduit ici par fragments, justifieront cette décep-
tion d’un aboutissement à
l’objectivité.
Cueillette des fleurs est
écrite lisiblement par des
valeurs plus nombreuses
qui mettent en évidence,
dans un ordre hiérarchique
expressif, quelques courbes
simples : courbes qui s’en-
roulent pour représenter
des figures de femmes, qui
se déroulent en ruban pour
évoquer des routes, qui se
nouent en boucles pour
définir des buissons, qui
se meuvent en ondulations
pour révéler des massifs
d’arbres, des collines, des
fumées; les angles d’une
terrasse, en mesurant leurs
arcs, précisent leur signifi-
cation. Dans cette toile,
comme dans Nu et d’autres
de la même époque, la re-
présentation de l’objet est
entièrement subordonnée
aux besoins d’une sensibi-
lité de peintre qui la limite.
Maternité propose déjà
l’importante trouvaille de
*'(1) Maurice Denis, Théories.
(Bibliothèque de i’Occident).
Le jardin ( esquisse).
215
des plis, les fuseaux des bras, les éventails des arbres, enchevêtrent leurs arabesques
orangées, bleues, blanches, vertes, pour remplir les toiles comme des tapisseries. Ses
nouvelles œuvres, au contraire, détruisent la force de ces raccourcis, le pouvoir évoca-
teur « des couleurs dans un certain ordre assemblées ,(i)en leur substituant les appa-
rences mêmes de la nature ou des monuments admirés.
La reproduction, par la peinture, de ces monuments antiques, ne donnera pas à la
peinture un plus haut style; car il ne peut y avoir qu’une sorte de style : la clarté dans
l’émission d’un rythme, et des modes de clarté innombrables comme les émotions.
Telle apparente imprécision de Bonnard ou de Matisse peut être une manière d’être
clair. Mais, parce qu’elles veulent être claires à la fois comme des personnages grecs
sculptés et comme des modèles vivants, les dernières œuvres de Denis égarent notre cœur.
Des regards sur l’œuvre entier, reproduit ici par fragments, justifieront cette décep-
tion d’un aboutissement à
l’objectivité.
Cueillette des fleurs est
écrite lisiblement par des
valeurs plus nombreuses
qui mettent en évidence,
dans un ordre hiérarchique
expressif, quelques courbes
simples : courbes qui s’en-
roulent pour représenter
des figures de femmes, qui
se déroulent en ruban pour
évoquer des routes, qui se
nouent en boucles pour
définir des buissons, qui
se meuvent en ondulations
pour révéler des massifs
d’arbres, des collines, des
fumées; les angles d’une
terrasse, en mesurant leurs
arcs, précisent leur signifi-
cation. Dans cette toile,
comme dans Nu et d’autres
de la même époque, la re-
présentation de l’objet est
entièrement subordonnée
aux besoins d’une sensibi-
lité de peintre qui la limite.
Maternité propose déjà
l’importante trouvaille de
*'(1) Maurice Denis, Théories.
(Bibliothèque de i’Occident).
Le jardin ( esquisse).