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L’ART DÉCORATIF
tine, est vulgarisée par une musculature académique; l’eau, poétiquement évoquée par
des arabesques, est profanée par une île objectivement reproduite.
La préoccupation de déployer des couleurs éclatantes, des rouges, par exemple,
convenables à des sujets profanes, est lisible dans cette œuvre et dans les autres ouvrages
récents : décorations pour MM. Stern, Rouché, Astruc. Mais dans ces importantes toiles
il n’y a guère de relations entre les couleurs, il n’y a que des relations entre les objets.
En vain, des combinaisons ingénieuses multiplient, pour remplir ces vastes espaces,
les personnages, les architectures, les éléments de paysages : l’antagonisme des couleurs
lés disperse. Dans les ouvrages des coloristes, d’un Véronèse, je suppose, où les teintes
s’équilibrent en harmonie, les volumes qu’elles écrivent s’enchaînent comme elles;
dans celles de Denis, où elles s’isolent, un espace vide d’objet est réellement vide., et,
comme les couleurs, malgré l’effort des traits, les formes se repoussent, se séparent,
s’annulent. Tandis que les grisailles du théâtre des Champs-Elysées témoignent, dans
quelques figures, du pouvoir de Denis, les décorations peintes, du même théâtre,
pénibles conflits de rythmes et de modes, pronostiquent son déficit.
Cet artiste, parti du besoin d’affirmer la nécessité d’un mode de peindre elliptique
pour rendre l’émotion de la vie, a oublié, faute du besoin d’exprimer la vie, la nécessité
de ce mode ; car il n’a pas renouvelé le sy terne des rondeurs qui nous a valu tant d’heureu-
Sur la plage-
L’ART DÉCORATIF
tine, est vulgarisée par une musculature académique; l’eau, poétiquement évoquée par
des arabesques, est profanée par une île objectivement reproduite.
La préoccupation de déployer des couleurs éclatantes, des rouges, par exemple,
convenables à des sujets profanes, est lisible dans cette œuvre et dans les autres ouvrages
récents : décorations pour MM. Stern, Rouché, Astruc. Mais dans ces importantes toiles
il n’y a guère de relations entre les couleurs, il n’y a que des relations entre les objets.
En vain, des combinaisons ingénieuses multiplient, pour remplir ces vastes espaces,
les personnages, les architectures, les éléments de paysages : l’antagonisme des couleurs
lés disperse. Dans les ouvrages des coloristes, d’un Véronèse, je suppose, où les teintes
s’équilibrent en harmonie, les volumes qu’elles écrivent s’enchaînent comme elles;
dans celles de Denis, où elles s’isolent, un espace vide d’objet est réellement vide., et,
comme les couleurs, malgré l’effort des traits, les formes se repoussent, se séparent,
s’annulent. Tandis que les grisailles du théâtre des Champs-Elysées témoignent, dans
quelques figures, du pouvoir de Denis, les décorations peintes, du même théâtre,
pénibles conflits de rythmes et de modes, pronostiquent son déficit.
Cet artiste, parti du besoin d’affirmer la nécessité d’un mode de peindre elliptique
pour rendre l’émotion de la vie, a oublié, faute du besoin d’exprimer la vie, la nécessité
de ce mode ; car il n’a pas renouvelé le sy terne des rondeurs qui nous a valu tant d’heureu-
Sur la plage-