ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. III. 43
CHAPITRE VI.
Description du Séminaire de St. Sulpice, fitué me du Vieux Colombier.
CE Séminaire (a) fut inftitué en 1642 par Jacques Olier, Curé de St. Sulpice, & fes séminaire
bâtimens furent commencés en 1647, fur les deffeins du fieur Dubois Architecte. pL.'
Nous avons préféré de donner le plan de ce Séminaire à tout autre, non-feulement
à caufe qu'il eft un des plus fpacieux qui foit à Paris, mais auffi parce qu'il y a tout
lieu de croire que pour donner une place convenable au devant de FEglife de St. Sul-
pice, cet édifice un jour fera démoli, & c'eft cette efperance qui nous a déterminés à
faire pafTer ce monument à la pofterité par le fecours de la gravure (6). D'ailleurs ce
Séminaire s'eft acquis une grande réputation, par le nombre d'excellens Eccléfiaftiques
qui y ont été élevés, & par les foins, le bon ordre, & la haute capacité de M. l'Abbé
Couturier, qui en eft aujourd'hui le Supérieur.
Plan au re^-de-chauffée. Planche première.
Le bâtiment de ce Séminaire ayant été élevé dans des tems différens, félon que le
quartier & l'Eglife de St. Sulpice fe font aggrandis, il fe trouve planté affez irréguliè-
rement, la plupart du terrain ayant été acquis partie par partie; mais ce qui lui procure
des dégagemens confidérables, ce font des iffues donnant dans les différentes rues entre
lefquelles cet édifice fe trouve enclavé. Il eft distribué en trois principaux corps de
logis, fçavoir, celui cotté A appellé le grand Séminaire, celui B connu fous le nom
de petit Séminaire, & celui D nommé petite Communauté, lequel comprend un bâti-
ment marqué C, pour l'étude de la Philofophie. Tous ces bâtimens communiquent
entr'eux, mais ils ont chacun une entrée particulière : le grand Séminaire par la rue du
Vieux-Colombier; le petit Séminaire, par la rue Férou; la petite Communauté, par le
cul de fac de Férou, & le bâtiment des Philofophes, par la rue du Pot-de-Fer.
Chacun de ces corps de logis a un jardin particulier : nous ne parlerons point ici
féparement de l'ufage de chaque pièce, les noms qui font écrits fur cette Planche
femblent fufrire pour avoir une idée diftincte de la diftribution d'un édifice de cette
efpéce, dont le point effentiel confifte dans la convenance, la folidité & la fimétrie, la
décoration devant faire place à une fimplicité raifonnable, qui bien loin d'être un
deffaut dans un monument de ce genre, lui ajoute un plus grand mérite, parce qu'on
(a) Après ce Séminaire, ceux de S. Magloire & de S. Ni-
colas du Chardonnet font les plus confidérables ; ce fut Henri
de Gondi, Cardinal de Retz, Evéque de Paris, qui en 1618
forma le Séminaire de St. Magloire d'une Abbaye de ce nom,
qui auparavant avoit été un Hôpital appellé l'Hôpital de St.
Jacques du haut pas. A l'égard du Séminaire de St. Nicolas
du Chardonnet, avant l'année 1644 ce n'étoit qu'une Com-
munauté que Jean-François de Gondi, premier Archévêque
de Paris, érigea en Séminaire. En 1730 on y éleva une maifon
affez régulièrement bâtie, deftinée à l'éducation des jeunes
gens qui fe dévouent à l'état Eccléfiaftique.
(^) La gravure eft un des moyens dont on devrait ufer
lorfque par néceffité ou autrement on fe trouve obligé de dé-
truire quelque ouvrage de réputation; ce moyen a été trop
négligé jufqu'à préfent, & l'on grave une quantité de chofes
peu intéreffantes, tandis que la plupart des édifices utiles
relient dans l'oubli faute de fecours. Cependant nous nous
voyons privés jufqu'à préfent de la plus grande partie des
édifices antiques, parce que les anciens n'ont connu lufage
de la gravure que très-imparfaitement, & les connoiffances que
nous pouvons avoir de ces monumens ne nous font parvenues
que par des traditions fouvent fort incertaines.
Aujourd'hui que l'art de la Gravure eft pouffé au plus
haut point de perfe£lion, cette négligence n eft gueres pardon-
nable, & prefque perfonne n'ignore que cet art eft capable de
contribuer beaucoup dans les fiécles à venir à illuftrer celui
de Louis XFV, en tranfmettant à la poftérité un nombre
infini de monumens qui ont été érigés fous fon règne, dont
quelques-uns ont déjà été gravés, & qui offrent aux yeux des
Etrangers & des Citoyens des chefs-d'œuvres de toute efpece.
Cette vérité que l'on ne peut contefter fera fans doute un des
principaux mérites de ce Recueil, & rendra chère la mémoire
de feu M. Mariette qui l'avoit commencé : de même on ne
peut qu'applaudir au zèle & aux lumières du Sr. Jombert,
qui par amour pour le bien public s'eft porté à continuer cet
Ouvrage & à le rendre le plus intéreflant qu'il lui a été poffible.
6.
CHAPITRE VI.
Description du Séminaire de St. Sulpice, fitué me du Vieux Colombier.
CE Séminaire (a) fut inftitué en 1642 par Jacques Olier, Curé de St. Sulpice, & fes séminaire
bâtimens furent commencés en 1647, fur les deffeins du fieur Dubois Architecte. pL.'
Nous avons préféré de donner le plan de ce Séminaire à tout autre, non-feulement
à caufe qu'il eft un des plus fpacieux qui foit à Paris, mais auffi parce qu'il y a tout
lieu de croire que pour donner une place convenable au devant de FEglife de St. Sul-
pice, cet édifice un jour fera démoli, & c'eft cette efperance qui nous a déterminés à
faire pafTer ce monument à la pofterité par le fecours de la gravure (6). D'ailleurs ce
Séminaire s'eft acquis une grande réputation, par le nombre d'excellens Eccléfiaftiques
qui y ont été élevés, & par les foins, le bon ordre, & la haute capacité de M. l'Abbé
Couturier, qui en eft aujourd'hui le Supérieur.
Plan au re^-de-chauffée. Planche première.
Le bâtiment de ce Séminaire ayant été élevé dans des tems différens, félon que le
quartier & l'Eglife de St. Sulpice fe font aggrandis, il fe trouve planté affez irréguliè-
rement, la plupart du terrain ayant été acquis partie par partie; mais ce qui lui procure
des dégagemens confidérables, ce font des iffues donnant dans les différentes rues entre
lefquelles cet édifice fe trouve enclavé. Il eft distribué en trois principaux corps de
logis, fçavoir, celui cotté A appellé le grand Séminaire, celui B connu fous le nom
de petit Séminaire, & celui D nommé petite Communauté, lequel comprend un bâti-
ment marqué C, pour l'étude de la Philofophie. Tous ces bâtimens communiquent
entr'eux, mais ils ont chacun une entrée particulière : le grand Séminaire par la rue du
Vieux-Colombier; le petit Séminaire, par la rue Férou; la petite Communauté, par le
cul de fac de Férou, & le bâtiment des Philofophes, par la rue du Pot-de-Fer.
Chacun de ces corps de logis a un jardin particulier : nous ne parlerons point ici
féparement de l'ufage de chaque pièce, les noms qui font écrits fur cette Planche
femblent fufrire pour avoir une idée diftincte de la diftribution d'un édifice de cette
efpéce, dont le point effentiel confifte dans la convenance, la folidité & la fimétrie, la
décoration devant faire place à une fimplicité raifonnable, qui bien loin d'être un
deffaut dans un monument de ce genre, lui ajoute un plus grand mérite, parce qu'on
(a) Après ce Séminaire, ceux de S. Magloire & de S. Ni-
colas du Chardonnet font les plus confidérables ; ce fut Henri
de Gondi, Cardinal de Retz, Evéque de Paris, qui en 1618
forma le Séminaire de St. Magloire d'une Abbaye de ce nom,
qui auparavant avoit été un Hôpital appellé l'Hôpital de St.
Jacques du haut pas. A l'égard du Séminaire de St. Nicolas
du Chardonnet, avant l'année 1644 ce n'étoit qu'une Com-
munauté que Jean-François de Gondi, premier Archévêque
de Paris, érigea en Séminaire. En 1730 on y éleva une maifon
affez régulièrement bâtie, deftinée à l'éducation des jeunes
gens qui fe dévouent à l'état Eccléfiaftique.
(^) La gravure eft un des moyens dont on devrait ufer
lorfque par néceffité ou autrement on fe trouve obligé de dé-
truire quelque ouvrage de réputation; ce moyen a été trop
négligé jufqu'à préfent, & l'on grave une quantité de chofes
peu intéreffantes, tandis que la plupart des édifices utiles
relient dans l'oubli faute de fecours. Cependant nous nous
voyons privés jufqu'à préfent de la plus grande partie des
édifices antiques, parce que les anciens n'ont connu lufage
de la gravure que très-imparfaitement, & les connoiffances que
nous pouvons avoir de ces monumens ne nous font parvenues
que par des traditions fouvent fort incertaines.
Aujourd'hui que l'art de la Gravure eft pouffé au plus
haut point de perfe£lion, cette négligence n eft gueres pardon-
nable, & prefque perfonne n'ignore que cet art eft capable de
contribuer beaucoup dans les fiécles à venir à illuftrer celui
de Louis XFV, en tranfmettant à la poftérité un nombre
infini de monumens qui ont été érigés fous fon règne, dont
quelques-uns ont déjà été gravés, & qui offrent aux yeux des
Etrangers & des Citoyens des chefs-d'œuvres de toute efpece.
Cette vérité que l'on ne peut contefter fera fans doute un des
principaux mérites de ce Recueil, & rendra chère la mémoire
de feu M. Mariette qui l'avoit commencé : de même on ne
peut qu'applaudir au zèle & aux lumières du Sr. Jombert,
qui par amour pour le bien public s'eft porté à continuer cet
Ouvrage & à le rendre le plus intéreflant qu'il lui a été poffible.
6.