$6 ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. III.
CHAPITRE IX.
Defcription du Jardin de l'Hôtel de Chaulnes, fitue rue d'Enfer.
Hôtei de IV T OU S ne donnons ici que le plan du jardin de cet Hôtel, les bâtimens en étant
chauines. ^| gfav£s ^ms d'Aviler, avec leur defcription, page 2135 nous dirons feulement
ce qui a été obmis par cet Auteur, fçavoir, que ces bâtimens furent élevés, en 1707,
pour les Chartreux, fur les deffeins de M. Courtonne (a) Architecte du Roi. Ces
Religieux vendirent cet Hôtel à vie à Madame la Ducheffe de Vendôme, qui le fit
aggrandir & embellir, fous la conduite du fieur le Blond 5 M. le Duc de Chaulnes
l'occupe aujourd'hui & y fait fa refidence.
Le jardin de cet Hôtel eft du deffein de M. le Blond, qui entendoit fuperieurement
cette partie. Il eft contenu dans un terrain affez fpacieux mais três-irrégulier, fitué entre
le clos des Chartreux & le jardin du Luxembourg. Ce jardin eft diftribué de manière
qu'en face du bâtiment, le Blond a pratiqué une très-grande partie découverte, occupée
par un parterre de broderie mêlé de maffifs de gafon & entouré de platte-bandes de
fleurs^ le fommet de ce parterre efl plus étroit que fa bafe, & reçoit fa forme de la
paliffade qui l'environne, qui la tient elle-même de l'irrégularité du terrain, tant il eft
vrai qu'un homme intelligent fçait tirer parti du lieu le plus ingrat, pour trouver des
formes ingenieufes qu'un terrain plus régulier ne lui auroit peut-être pas fait naître. Ce
qui contribue encore à rendre cette partie découverte plus agréable, c'eft qu'elle eft
terminée heureufement par une portion circulaire, dont le coup d'ceil eft prolongé par
l'allée A. Ce percé auroit néanmoins mieux réuffi fi l'allée avoit été tenue plus large,
& fi on l'avoit terminée d'une manière plus régulière, ou par quelque objet intereffant,
tel qu'une figure, une niche, un Portique &c.
La portion circulaire dont nous venons de parler, a donné occafion à un boulin-
grin B, dont la forme fe joint avec celle du parterre d'une manière fatisfaifante$
néanmoins il auroit été à fouhaiter que l'allée C eût été répétée en D, ce qui auroit
procuré une étoile dont le coup d'ceil eût été fort agréable 5 l'allée E auroit dû être
auffi prolongée dans toute la largeur du terrain vers F, & celle G lui être parallèle, ce
qui auroit évité l'angle trop aigu H 5 enfin l'allée I auroit auffi dû être parallèle à
celle K, qui l'étant avec celle A, auroit rendu la diftribution de ce jardin régulière &
(a) D'Aviler donne les deffeins de cet Hôtel à Mr. le Recueil de Y Architecture Françoise, de me paffer les inadver-
Blond, cependant Mr. Hupeau, Infpe&eur Général des Ponts tances prefque indifpenfables dans un Ouvrage de cette efpece,
& Chauffées, homme d'un mérite très-fupérieur & d'une ne Içachant à cet égard que ce que l'on peut m en apprendre de
probité univeriellement reconnue, m'a affuré qu'il avoit oui vive voix. J'ai déjà à ce fujet rencontré quelques contradic-
dire à Mr. Courtonne qu'il avoit donné les deffeins de cet tions affez confidérables, la plupart des propriétaires au bout de
Hôtel, de manière qu'il fe pourrait bien faire, comme cet édi- 20 années ne pouvant très-fouvent rendre compte du nom
fice n'a été gravé qu'après les embelliffemens faits par le de leur Architecte, de lorte qu'il ne me fera poffible de remé-
Blond, qu'on en eut attribué la compofition totale à cet dier à ces fauffes citations involontaires que dans la Table que
Archite&e. j'ai promife à la fin du huitième Volume, en fuppofant néan-
Quoiqu'en général il paroiffe indifférent à la plupart des moins que d'ici à ce tems je ferai quelques découvertes inté-
Le&eurs de fçavoir précifément le nom des Auteurs des bâti- reffantes foit par une recherche encore plus exaâe que celle
mens que nous donnons ici, néanmoins il paraît néceffaire que je fais actuellement, foit par les avis qui me feront donnés
pour les Auteurs de ne pas donner aux uns les ouvrages des par les perfonnes intéreffées à ces mêmes édifices, & j'averti.,
autres; à propos de quoi je rapporterai que le Traité de la dès à préfent que l'Hôtel de Madame la Ducheffe du Maine,
théorie du Jardinage connu fous le nom de le Blond, appartient premier Volume, Liv. II, Chap. II, que j'ai dit être du deffein
à Monfieur d'ArgenviUe, & que le Blond n'y a part que pour de Mr. Gabriel le pere, fous la conduite de Mr. Aubert, eft
les defleins qui font effectivement de fa composition, à l'ex- tout de ce dernier, ce qui m'a auffi été confirmé depuis l'im-
ception des derniers que Mr. d'Argenville y a ajoutés dans fa preffion par Mr. Hupeau que j'ai déjà cité au commencement
quatrième Edition de 1747. de cette note.
Je prie à cette occafion les perfonnes qui s'intéreffent à ce
CHAPITRE IX.
Defcription du Jardin de l'Hôtel de Chaulnes, fitue rue d'Enfer.
Hôtei de IV T OU S ne donnons ici que le plan du jardin de cet Hôtel, les bâtimens en étant
chauines. ^| gfav£s ^ms d'Aviler, avec leur defcription, page 2135 nous dirons feulement
ce qui a été obmis par cet Auteur, fçavoir, que ces bâtimens furent élevés, en 1707,
pour les Chartreux, fur les deffeins de M. Courtonne (a) Architecte du Roi. Ces
Religieux vendirent cet Hôtel à vie à Madame la Ducheffe de Vendôme, qui le fit
aggrandir & embellir, fous la conduite du fieur le Blond 5 M. le Duc de Chaulnes
l'occupe aujourd'hui & y fait fa refidence.
Le jardin de cet Hôtel eft du deffein de M. le Blond, qui entendoit fuperieurement
cette partie. Il eft contenu dans un terrain affez fpacieux mais três-irrégulier, fitué entre
le clos des Chartreux & le jardin du Luxembourg. Ce jardin eft diftribué de manière
qu'en face du bâtiment, le Blond a pratiqué une très-grande partie découverte, occupée
par un parterre de broderie mêlé de maffifs de gafon & entouré de platte-bandes de
fleurs^ le fommet de ce parterre efl plus étroit que fa bafe, & reçoit fa forme de la
paliffade qui l'environne, qui la tient elle-même de l'irrégularité du terrain, tant il eft
vrai qu'un homme intelligent fçait tirer parti du lieu le plus ingrat, pour trouver des
formes ingenieufes qu'un terrain plus régulier ne lui auroit peut-être pas fait naître. Ce
qui contribue encore à rendre cette partie découverte plus agréable, c'eft qu'elle eft
terminée heureufement par une portion circulaire, dont le coup d'ceil eft prolongé par
l'allée A. Ce percé auroit néanmoins mieux réuffi fi l'allée avoit été tenue plus large,
& fi on l'avoit terminée d'une manière plus régulière, ou par quelque objet intereffant,
tel qu'une figure, une niche, un Portique &c.
La portion circulaire dont nous venons de parler, a donné occafion à un boulin-
grin B, dont la forme fe joint avec celle du parterre d'une manière fatisfaifante$
néanmoins il auroit été à fouhaiter que l'allée C eût été répétée en D, ce qui auroit
procuré une étoile dont le coup d'ceil eût été fort agréable 5 l'allée E auroit dû être
auffi prolongée dans toute la largeur du terrain vers F, & celle G lui être parallèle, ce
qui auroit évité l'angle trop aigu H 5 enfin l'allée I auroit auffi dû être parallèle à
celle K, qui l'étant avec celle A, auroit rendu la diftribution de ce jardin régulière &
(a) D'Aviler donne les deffeins de cet Hôtel à Mr. le Recueil de Y Architecture Françoise, de me paffer les inadver-
Blond, cependant Mr. Hupeau, Infpe&eur Général des Ponts tances prefque indifpenfables dans un Ouvrage de cette efpece,
& Chauffées, homme d'un mérite très-fupérieur & d'une ne Içachant à cet égard que ce que l'on peut m en apprendre de
probité univeriellement reconnue, m'a affuré qu'il avoit oui vive voix. J'ai déjà à ce fujet rencontré quelques contradic-
dire à Mr. Courtonne qu'il avoit donné les deffeins de cet tions affez confidérables, la plupart des propriétaires au bout de
Hôtel, de manière qu'il fe pourrait bien faire, comme cet édi- 20 années ne pouvant très-fouvent rendre compte du nom
fice n'a été gravé qu'après les embelliffemens faits par le de leur Architecte, de lorte qu'il ne me fera poffible de remé-
Blond, qu'on en eut attribué la compofition totale à cet dier à ces fauffes citations involontaires que dans la Table que
Archite&e. j'ai promife à la fin du huitième Volume, en fuppofant néan-
Quoiqu'en général il paroiffe indifférent à la plupart des moins que d'ici à ce tems je ferai quelques découvertes inté-
Le&eurs de fçavoir précifément le nom des Auteurs des bâti- reffantes foit par une recherche encore plus exaâe que celle
mens que nous donnons ici, néanmoins il paraît néceffaire que je fais actuellement, foit par les avis qui me feront donnés
pour les Auteurs de ne pas donner aux uns les ouvrages des par les perfonnes intéreffées à ces mêmes édifices, & j'averti.,
autres; à propos de quoi je rapporterai que le Traité de la dès à préfent que l'Hôtel de Madame la Ducheffe du Maine,
théorie du Jardinage connu fous le nom de le Blond, appartient premier Volume, Liv. II, Chap. II, que j'ai dit être du deffein
à Monfieur d'ArgenviUe, & que le Blond n'y a part que pour de Mr. Gabriel le pere, fous la conduite de Mr. Aubert, eft
les defleins qui font effectivement de fa composition, à l'ex- tout de ce dernier, ce qui m'a auffi été confirmé depuis l'im-
ception des derniers que Mr. d'Argenville y a ajoutés dans fa preffion par Mr. Hupeau que j'ai déjà cité au commencement
quatrième Edition de 1747. de cette note.
Je prie à cette occafion les perfonnes qui s'intéreffent à ce