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ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. V.

5

CHAPITRE IL
Defcription du frontispice du Bureau des Marchands Drapiers de Paris,
rue des De'chargeurs.
LA fingularité de l’ordonnance de ce frontifpice, prife en général, la contrainte
dans laquelle s’eft jetté l’Architecte par l’accouplement des Colonnes Doriques, &
la beauté de fa fculpture, nous ont déterminé à faire quelques obfervations fur les parties
qui compofent cet édifice 5 mais avant que d’y palier, nous avertirons que la Planche
que nous donnons ici différé en quelque chofe de l’exécution. Premièrement il n’y a
aucune canelure dans les Ordres des colonnes & pilaftres : la table marquée A eft fup-
primée, on a mis à fa place deux triglifes & un métope d’un plus grand intervalle que
les autres, lequel eff orné de deux cornes d’abondance. Cette table faillante fans doute
avoit été faite dans le projet pour mafquer l’irrégularité de ce métope, & en même
tems pour recevoir une infcription5 mais comme elle s’eft trouvée trop petite pour ce
dernier ufage, on a préféré d’en placer une de marbre noir dans le dez du piedeffal
marqué B. Cette infcription eft conçue en ces termes :
MAISON ET BUREAU DES MARCHANDS DRAPIERS
DE CETTE VILLE DE PARIS.
Secondement il n’y a point de têtes de Lion dans la cimaife de l’Ordre Dorique, les
confoles C font beaucoup moins péfantes, & à la place de la tête de Mercure, fur la
porte du milieu (attribut qui défigne le commerce), eft auffi une confole. Les dez des
piedeftaux de l’Ordre Ionique font liftes, & les retours des croflettes D font fupprimés.
Les pilaftres Attiques ne font point ravallés, & leurs chapiteaux font compofés de
feuilles d’eau avec un tailloir quadrangulaire; les croifées de ce même Attique defcen-
dent jufques fur l’entablement Ionique, les guillochis de deffus ces croifées font moins
ornés, & les caffettes de deffous la corniche horifontale du fronton font fupprimées.
L’écuffon des Armes du Roi eft accompagné de branches de laurier & de chêne, au
lieu de guirlandes : enfin les vafes de deffus les pilaftres Attiques ne s’y voyent point,
auflî-bien que le comble qui n’étant point apperçû d’en bas, eft exécuté fans aucune
décoration ni fimétrie.
Ces légères différences, qui ne changent rien à la mafle, font néanmoins autant
d’omiflions qui ont été faites lors de l’exécution $ ce qui donne lieu de croire que cette
Planche a été gravée fur les projets de Liberal bruant, (a) qui donna les deffeins de cet
édifice, & qui fe chargea de fa conduite vers le milieu du dernier fiecle.
Nous avons trouvé de la fingularité dans l’ordonnance de la façade dont nous par-
lons 5 fans doute on doit regarder comme telle la trop grande ouverture des croifées du
premier étage comparée avec le diamètre des pilaftres, le maflif affeété au milieu de ce
même étage pour contenir feulement les armes de la Ville, la fuppreffion des deux
colonnes, à la place defquelles on a préféré des cariatides, le fronton circulaire brifé,
pratiqué ainfi pour y placer une figure affife d’une proportion gigantefque, d’un mau-

(<z) Liberal Bruant a pafle pour un des meilleurs Archi-
tectes du fiecle dernier. Quoiqu’il ait été fort occupé dans les
Bâtimens du Roi, nous avons néanmoins peu d’édifices en-
tièrement bâtis de lui : le feul morceau important que nous
puifllons citer, eft l’Hôtel Royal des Invalides & l’Eglife des

Soldats de ce même Hôtel; ainfi que nous en avons fait
mention dans le premier Xolume, Page 192. Cet Architecte
a eu un Fils, qui s’eft acquis beaucoup de réputation dans
l’ArchiteCture. Voyez ce que nous avons dit de ce dernier
dans le I. Vol. P. 286. Note (<z).

Bureau des
Drapiers.
 
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