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https://doi.org/10.11588/diglit.22056#0203
ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. V
98
Portail des compofition de ce frontifpice. Non-feulement il a trop peu de relief pour le lieu où il
Capucines. fltu£. majs fon ordonnance totale eft contraire aux principes de l’Art & aux loix de
la convenance, qui exige que le frontifpice d’un Temple annonce par le caraétere
& l’expreffion de fes Ordres l’ufage intérieur du monument. Or il eft certain ici que
l’efpece d’Ordre Tofcan qu’on y remarque, la péfanteur du claveau, la forme maffive
de la corniche circulaire, auffi-bien que celle du comble, paroît peu propre à exprimer
la délicateffe du fexe renfermé dans ce Monaftere, qui fembloit exiger dans l’ordon-
nance de fon Portail une Architeéfure plus conforme à la virginité (c)5 attention obfer-
vée trop fcrupuleufement par les Anciens & trop négligée par nos Modernes. (Voyez
ce que nous avons dit à ce fujet en décrivant le Portail de la culture Sainte Catherine,
Tome II, page 150.)
CHAPITRE XXI.
Defcription de la Place de Louis le Grand, près la Porte
Saint Honoré'.
Place de ET TE Place (a) a de diamètre 75 toifes fur 70 5 elle fut bâtie par la
fQ Ie y > Ville de Paris, vers l’an 1699, fur les deffeins de Jules Hardouin Manfard (^).
Quoique vafte & d’une allez belle ordonnance, elle a le défaut d’être mal percée,
ainfi que la place Royale, dont nous avons parlé dans le deuxieme Volume, Liv. IV,
Chap. XIII.
Nous obferverons cependant que le principal objet qu’on doit fe propofer dans une
Place publique, eft qu’elle foit munie d’iffues qui la falfent découvrir de très-loin, &
quelle foit fituée de maniéré qu’on puiffe la traverfer fréquemment pour aller d’un
quartier de la Ville à l’autre. Telle eft la place des Viétoires, qui a tous ces avantages,
au lieu qu’il faut venir exprès, dans celle dont nous parlons, pour l’appercevoir, ou
bien paffer dans la rue S. Honoré, ou dans celle des Petits-Champs.
Le motif de reconnoiffance qui détermine ordinairement le Corps de Ville à éléver
au Prince un monument de cette efpecc, devrait naturellement indiquer la fituation
d’une Place, qui outre l’agrément qu’elle procure, quand elle eft dans un lieu fré-
quenté, forme toujours un objet de décoration fi intéreffant, qu’on ne doit rien épar-
gner pour la mettre à la portée des Citoyens & des Etrangers. Nous avons vu nos
Architectes, depuis qu’on fe propofe d’ériger à Louis XV une Place qui réponde à
l’amour du Peuple pour ce Monarque, mettre tout en ufage pour trouver dans cette
Capitale une fituation avantageufe. Le nombre des projets qui ont été faits à ce fujet,
eft prodigieux, & l’on peut dire que la plupart font fentir ce que peuvent les Artiftes
(c) Scamozzi appelle l’Ordre Dorique, l’Ordre Mafculin
ou viril, ou l’Ordre d’Hercule; l’ionique, l’Ordre Féminin;
& le Corinthien, l’Ordre des Vierges, ou l’Ordre Vir-
ginal.
(rf) Du tems de M. de Louvois, Sur-Intendant des bâti-
mens & Miniftre de la guerre, vers l’an 1687, on commença
au haut de la rue S. Honoré, une Place fur le terrain de
l’Hôtel de Vendôme & des Capucines, dont le Couvent fut
rebâti dans la rue Neuve des Petits-Champs, où il eft aujour-
d’hui. Cette Place devoit avoir 86 toifes fur 78, & être toute
ouverte du côté de la rue S. Honoré. On avoit projette d’y
conllruire un Bibliothèque Royale, un Hôtel pour y raffem-
bler toutes les Académies, un pour la Monnoye, & un pour
les Ambaffadeurs Extraordinaires. La mort de M. de Lou-
vois, arrivée en 1691, fit difeontinuer ce projet. On démolit
les bâtimens commencés. Le Roi céda les matériaux & l’em-
placement à la Ville de Paris, à condition de faire conftruire
au Faubourg S. Antoine un Flôtel pour la fécondé Com-
pagnie des Moufquetaires, & au Quartier S. Honoré une
Place publique, qui eft celle dont nous parlons.
(é) Voyez ce que nous avons dit de cet Architecte, T. II,
p. 140, note a.
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Portail des compofition de ce frontifpice. Non-feulement il a trop peu de relief pour le lieu où il
Capucines. fltu£. majs fon ordonnance totale eft contraire aux principes de l’Art & aux loix de
la convenance, qui exige que le frontifpice d’un Temple annonce par le caraétere
& l’expreffion de fes Ordres l’ufage intérieur du monument. Or il eft certain ici que
l’efpece d’Ordre Tofcan qu’on y remarque, la péfanteur du claveau, la forme maffive
de la corniche circulaire, auffi-bien que celle du comble, paroît peu propre à exprimer
la délicateffe du fexe renfermé dans ce Monaftere, qui fembloit exiger dans l’ordon-
nance de fon Portail une Architeéfure plus conforme à la virginité (c)5 attention obfer-
vée trop fcrupuleufement par les Anciens & trop négligée par nos Modernes. (Voyez
ce que nous avons dit à ce fujet en décrivant le Portail de la culture Sainte Catherine,
Tome II, page 150.)
CHAPITRE XXI.
Defcription de la Place de Louis le Grand, près la Porte
Saint Honoré'.
Place de ET TE Place (a) a de diamètre 75 toifes fur 70 5 elle fut bâtie par la
fQ Ie y > Ville de Paris, vers l’an 1699, fur les deffeins de Jules Hardouin Manfard (^).
Quoique vafte & d’une allez belle ordonnance, elle a le défaut d’être mal percée,
ainfi que la place Royale, dont nous avons parlé dans le deuxieme Volume, Liv. IV,
Chap. XIII.
Nous obferverons cependant que le principal objet qu’on doit fe propofer dans une
Place publique, eft qu’elle foit munie d’iffues qui la falfent découvrir de très-loin, &
quelle foit fituée de maniéré qu’on puiffe la traverfer fréquemment pour aller d’un
quartier de la Ville à l’autre. Telle eft la place des Viétoires, qui a tous ces avantages,
au lieu qu’il faut venir exprès, dans celle dont nous parlons, pour l’appercevoir, ou
bien paffer dans la rue S. Honoré, ou dans celle des Petits-Champs.
Le motif de reconnoiffance qui détermine ordinairement le Corps de Ville à éléver
au Prince un monument de cette efpecc, devrait naturellement indiquer la fituation
d’une Place, qui outre l’agrément qu’elle procure, quand elle eft dans un lieu fré-
quenté, forme toujours un objet de décoration fi intéreffant, qu’on ne doit rien épar-
gner pour la mettre à la portée des Citoyens & des Etrangers. Nous avons vu nos
Architectes, depuis qu’on fe propofe d’ériger à Louis XV une Place qui réponde à
l’amour du Peuple pour ce Monarque, mettre tout en ufage pour trouver dans cette
Capitale une fituation avantageufe. Le nombre des projets qui ont été faits à ce fujet,
eft prodigieux, & l’on peut dire que la plupart font fentir ce que peuvent les Artiftes
(c) Scamozzi appelle l’Ordre Dorique, l’Ordre Mafculin
ou viril, ou l’Ordre d’Hercule; l’ionique, l’Ordre Féminin;
& le Corinthien, l’Ordre des Vierges, ou l’Ordre Vir-
ginal.
(rf) Du tems de M. de Louvois, Sur-Intendant des bâti-
mens & Miniftre de la guerre, vers l’an 1687, on commença
au haut de la rue S. Honoré, une Place fur le terrain de
l’Hôtel de Vendôme & des Capucines, dont le Couvent fut
rebâti dans la rue Neuve des Petits-Champs, où il eft aujour-
d’hui. Cette Place devoit avoir 86 toifes fur 78, & être toute
ouverte du côté de la rue S. Honoré. On avoit projette d’y
conllruire un Bibliothèque Royale, un Hôtel pour y raffem-
bler toutes les Académies, un pour la Monnoye, & un pour
les Ambaffadeurs Extraordinaires. La mort de M. de Lou-
vois, arrivée en 1691, fit difeontinuer ce projet. On démolit
les bâtimens commencés. Le Roi céda les matériaux & l’em-
placement à la Ville de Paris, à condition de faire conftruire
au Faubourg S. Antoine un Flôtel pour la fécondé Com-
pagnie des Moufquetaires, & au Quartier S. Honoré une
Place publique, qui eft celle dont nous parlons.
(é) Voyez ce que nous avons dit de cet Architecte, T. II,
p. 140, note a.