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ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. V

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CHAPITRE XV.
Defcription de l’Hôtel de Louvoie, fitué rue de Richelieu.
L’HOTEL dont nous allons parler eft contigu avec celui du Chapitre précédent. Hôtel de
Il fut bâti vers 1680, fur les defleins & fous la conduite du fieur Chamois, Archi- Lomo's-
teéle, pour François-Michel Le Tellier, Marquis de Louvois, Miniftrc, Sur-Intendant &
Ordonnateur Général des bâtimens, jardins, Art & manufactures de France, &c. Il eft
occupé aujourd’hui par M. le Marquis de Courtenvaux, Colonel des cent Suifles, l’un
des Defcendans de ce Miniftre : par Madame & M. le Comte d’E/Zrar, Lieutenant
général des Armées du Roi : par Madame de Mancini, & par M. le Marquis de Mont-
mirel.
Cet Hôtel eft peut-être un des plus confidérables de Paris par l’étendue & la hauteur
de fes batimens & par l’emplacement dans lequel il eft contenu. Un jardin d’environ
40 toifes de profondeur, orné de bofquets, de parterres & de paliffades, procure beau-
coup d’agrément aux appartemens qui jouiffent de fa vue. Au refie cet Hôtel n’a rien
de fort intéreffant que fon immenfité. Je m’étois formé une toute autre idée d’un édi-
fice élévé pour un Miniftre, qui pouvoit employer ce qu’il y avoit de plus habile dans
les Arts. La décoration des façades eft fans beauté & les diftributions font fort ordi-
naires, l’intérieur des appartemens eft décoré d’une maniéré très-fimple, la fculpture en
général eft médiocre, il n’y a pas un excellent tableau, enfin, excepté quelques emmeu-
blemens d’un certain prix, rien ne peut y attirer l’attention des Connoiffeurs que l’affa-
bilité des Proprietaires.
Peut-être dira-t’on que puifque nous n’avons rien trouvé de fatisfaifant dans cet
Hôtel, il étoit inutile de l’inférer dans ce Recueil5 mais comme les Planches en ont été
gravées long-tems avant qu’on eut formé le deffein de faire un livre des principaux
édifices de cette Capitale & de fes environs, & que ces planches font dans les mains
de tout le monde, ayant été débitées féparement, nous avons crû que c’étoit une raifon
fuffifante pour prendre occafion de rélever les licences répandues dans ce bâtiment,
perfuadés que quelques obfervations fevéres font fouvent intéreffantes pour le progrès
des Arts. En effet combien d’édifices jouiffent aujourd’hui chez le plus grand nombre
d’une réputation qu’ils n’ont jamais méritée, que parce que quelques parties hazardées
y font un genre de beauté, auquel le vulgaire applaudit, & que les gens de goût ne fe
donnent pas la peine de réléver ! Or il s’agit ici de fe rendre compte du vrai beau, par
oppofition au médiocre. Pour y parvenir il n’eft guéres que trois moyens, la compa-
raison des parties avec le tout, le parallèle d’un édifice avec un autre du même genre,
& la difcuffion des préceptes. La comparaifon, il eft vrai, demande beaucoup d’expé-
rience : le parallèle, une grande impartialité : la difcuffion des préceptes, une profonde
théoriej mais quiconque veut s’inftruire, ne doit pas fe rebuter, les principes de ces
excellens Maîtres peuvent mener loin un homme intelligent & le conduire au moins à
des préceptes généraux & à une théorie particulière qui lui donne l’efprit de combi-
naifon. Je conviens que ces connoiflances coûtent à acquérir, & qu’il eft plus commode
pour la plûpart d’apprecier leurs obfervations par l’effet qu’elles produifent fur eux, fans
fe rendre raifon de la caufe. Oui fans doute : par-là on eft plutôt quitte de fes études,
& la pareffe y trouve fon compte. Mais de cette négligence nait la honte qui réjaillit
fur l’Architecte & fur le Propriétaire} fur le premier pour avoir abufé de la confiance
publique, fur celui-ci pour avoir dépenfé des fommes immenfes fans précaution & fans
difeernement. Afin donc de remedier à ces abus, il eft à propos qu’un Recueil tel que

m.

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