DOI Heft:
[Mémoires]
DOI Artikel:Spach, Louis Adolphe: L' île et l'abbaye de Reichenau
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19864#0104
L'ILE ET L'ABBAYE DE REICHENAU.
L'île et l'abbaye de Reichenau, situées au centre d'une vaste nappe
d'eau1 que forme le Rhin, lorsque, sortant du lac de Constance, il se
dirige vers Schaffhouse, n'appartiennent point à la partie moyenne de la
vallée rhénane à laquelle nos recherches devraient rigoureusement se
borner. C'est une objection qu'on pourrait, de fait, élever contre le tra-
vail que j'ai l'honneur de vous présenter. Je me retrancherai, d'abord,
derrière notre maître à nous tous, derrière Schœpflin, qui, presqu'en tête
de son Alsace diplomatique, fait figurer une charte de Louis le Débon-
naire relative à l'abbaye de Reichenau et à l'un de ses plus anciens digni-
taires, à Heddon, évêque de Bâle. C'est que cet ecclésiastique a passé de
Râle et de Reichenau à l'évêché de Strasbourg, et que nos archives con-
servent l'un des originaux d'un acte de donation, émis par l'empereur,
fils de Charlemagne, en faveur de l'abbaye sise dans la partie inférieure du
lac de Constance. D'ailleurs, les relations entre cette abbaye et notre dio-
cèse ont été si fréquentes, les destinées de tel de nos monastères alsa-
tiques, de celui de Wissembourg, par exemple, ont des analogies si frap-
pantes avec l'histoire du couvent fondé par saint Firmin, qu'il doit être
permis de ranger Reichenau côte à côte de nos établissements ecclésias-
tiques.
Tout se réunit pour verser sur cette «île fortunée2» le trésor des sou-
venirs et la corne d'abondance, que la nature bienfaisante tient entre ses
mains. Un passé glorieux, attesté par de magnifiques sanctuaires, un sol
d'une incomparable fertilité, un horizon pittoresque, borné par les Alpes
helvétiques et celles du Vorarlberg, deux lacs ravissants, un fleuve, fils du
Saint-Gothard, des villes, des bourgades, des villages, des châteaux ruinés
ou debout sur les bords du fleuve et des lacs, enfin des collines et des
cônes volcaniques formant les chaînons intermédiaires entre les rivages
accidentés et les hautes montagnes : quel rare assemblage ! quelle con-
trée privilégiée, et comme il faut aller loin, jusque sur les bords du Léman,
par exemple, ou sur le revers méridional des Alpes, pour se retrouver en
1. Der Untersee.
2. C'est ainsi que la caractérise un écrivain du moyen âge.
L'île et l'abbaye de Reichenau, situées au centre d'une vaste nappe
d'eau1 que forme le Rhin, lorsque, sortant du lac de Constance, il se
dirige vers Schaffhouse, n'appartiennent point à la partie moyenne de la
vallée rhénane à laquelle nos recherches devraient rigoureusement se
borner. C'est une objection qu'on pourrait, de fait, élever contre le tra-
vail que j'ai l'honneur de vous présenter. Je me retrancherai, d'abord,
derrière notre maître à nous tous, derrière Schœpflin, qui, presqu'en tête
de son Alsace diplomatique, fait figurer une charte de Louis le Débon-
naire relative à l'abbaye de Reichenau et à l'un de ses plus anciens digni-
taires, à Heddon, évêque de Bâle. C'est que cet ecclésiastique a passé de
Râle et de Reichenau à l'évêché de Strasbourg, et que nos archives con-
servent l'un des originaux d'un acte de donation, émis par l'empereur,
fils de Charlemagne, en faveur de l'abbaye sise dans la partie inférieure du
lac de Constance. D'ailleurs, les relations entre cette abbaye et notre dio-
cèse ont été si fréquentes, les destinées de tel de nos monastères alsa-
tiques, de celui de Wissembourg, par exemple, ont des analogies si frap-
pantes avec l'histoire du couvent fondé par saint Firmin, qu'il doit être
permis de ranger Reichenau côte à côte de nos établissements ecclésias-
tiques.
Tout se réunit pour verser sur cette «île fortunée2» le trésor des sou-
venirs et la corne d'abondance, que la nature bienfaisante tient entre ses
mains. Un passé glorieux, attesté par de magnifiques sanctuaires, un sol
d'une incomparable fertilité, un horizon pittoresque, borné par les Alpes
helvétiques et celles du Vorarlberg, deux lacs ravissants, un fleuve, fils du
Saint-Gothard, des villes, des bourgades, des villages, des châteaux ruinés
ou debout sur les bords du fleuve et des lacs, enfin des collines et des
cônes volcaniques formant les chaînons intermédiaires entre les rivages
accidentés et les hautes montagnes : quel rare assemblage ! quelle con-
trée privilégiée, et comme il faut aller loin, jusque sur les bords du Léman,
par exemple, ou sur le revers méridional des Alpes, pour se retrouver en
1. Der Untersee.
2. C'est ainsi que la caractérise un écrivain du moyen âge.