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Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace — 2.Sér. 13.1887/​88(1888)

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[Mémoires]
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II. La chronique de Sébald Büheler
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Dacheux, Léon: Chronique de Sébald Büheler: Introduction
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https://doi.org/10.11588/diglit.23591#0038

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dans le jardin du couvent, et les canons de la ville, jusque-là remisés dans
deux granges, furent installés dans les deux longs bâtiments de Sainte-Claire.

A la même époque, l’artillerie de la ville fut renforcée et perfectionnée.
Büheler fit fondre des fauconneaux, et soumit aussi au Magistrat le
dessin d’une petite pièce d’artillerie (Streichbüchslin) de son invention,
probablement dans le genre des fusils de rempart, destinée à armer les
rondels, ouvrages de forme semi-circulaire qui flanquaient les portes
ou faisaient saillie sur les remparts avant l’invention des bastions. Son
projet fut adopté, et le Magistrat chargea un ouvrier strasbourgeois,
maître Ambroise le fondeur de cloches et de canons, de couler cent
pièces de ce modèle, lesquelles, après avoir été montées et ferrées sous la
direction de leur inventeur, furent déposées dans le petit arsenal.

Tous ces services rendus à sa patrie adoptive n’empêchèrent pas Büheler
d’être l’objet d’attaques continuelles. On trouvait qu’il touchait un trop gros
traitement et cependant menait une vie oisive, ne s’adonnant à aucun travail
manuel. Plus tard, quand ses appointements eurent été augmentés, on pro-
posait de revenir à l’ancien traitement ou même de le supprimer complète-
ment, et de confier la surveillance de l’arsenal à quelque invalide, vieilli au
service de la ville, qui était cependant obligée de lui faire une pension.

Ces plaintes et ces propositions se renouvelèrent presque d’année en
année dans les assemblées du Magistrat, depuis 1545 jusqu’en 1551:
la mort de Büheler vint y mettre un terme. On se tromperait néanmoins
en y cherchant l’expression des passions religieuses du temps : Büheler
était catholique, il est vrai, mais quelques années plus tard, Speckle,
qui était bon protestant, se vit traité de la même façon par ses
concitoyens, et le grand architecte, le précurseur de Vauban, l’ingé-
nieur dont l’Europe se disputait les conseils, fut régulièrement plusieurs
années de suite mis sur la sellette et accusé d’être un parasite et une
bouche inutile. Tant il est vrai qu’à toutes les époques, il s’est rencontré
une race d’hommes incapables de rien apprécier, hors ce qui peut être
mesuré à la toise ou évalué en mètres cubes !

Mais ce ne furent pas seulement des dégoûts que Büheler rencontra
dans ses fonctions: un jour il manqua perdre la vie en exécutant les
ordres de ses chefs. C’était après la guerre de Smalcade: en punition
de la part quelle y avait prise, la République dut payer 30,000 écus
et livrer à l’empereur douze pièces de canon avec leur approvision-
nement de munitions. Un officier impérial vint à Strasbourg en prendre
livraison; en vain le Magistrat, qui craignait le peuple, essaya de lui faire
accepter de l’argent en échange des canons; il fallut s’exécuter, et le
 
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