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Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace — 2.Sér. 13.1887/​88(1888)

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[Mémoires]
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II. La chronique de Sébald Büheler
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Dacheux, Léon: Chronique de Sébald Büheler: Introduction
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https://doi.org/10.11588/diglit.23591#0041

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Lorsqu’en 1587 meurt dans sa maison de Steinbourg le dernier des
Münch de Wildsperg, Büheler lui consacre quelques lignes émues : c’était
un habile homme de guerre, un cœur d’or qui n’a jamais contristé même
un enfant ; il en parle à bon escient, car leur connaissance remonte à
quarante-six ans, et, ajoute-t-il, nous avons fait ensemble mainte joyeuse
partie, «selbst manch gutte Zech mit ihm gethoni). L’âge même ne paraît
pas avoir changé notre héros sous ce rapport. Il avait cinquante-quatre
ans, lorsqu’en janvier 1583, on fit voir à Strasbourg pour de l’argent, un
géant, der lange mann, du nom d’Antoine Franckenpoint, qui logeait à
l’auberge du Cerf près de la cathédrale. La curiosité sans doute poussa
Büheler à se mettre en rapport avec ce personnage : il raconte qu’il soupa
un soir avec lui et déjeuna encore avec lui le lendemain matin, non pas
à son auberge, mais à Saint-Jean dans File-Verte, probablement dans
quelque cabaret de ce quartier. Il oublie de nous dire combien d’heures
séparèrent les deux repas; peut-être ne se tromperait-on guère en admet-
tant qu’ils se soient donné la main en dépit de la police.

Dans ces conditions, il est assez difficile de comprendre que l’on ait
voulu voir en Büheler un ardent catholique; en tout cas ce qui nous reste
de sa chronique ne laisse pas à la lecture une pareille impression. Sans
doute Büheler est catholique et apprécie en catholique les événements de
son temps ; mais ce qui frappe dans les jugements qu’il formule, ce n’est
pas la passion, mais plutôt un ton narquois et gouailleur, qu’on attribue-
rait de nos jours à l’influence de l’atelier. Le plus souvent il saisit le côté
grotesque des choses, la contradiction entre les principes et les actions
humaines, et il traduit sa pensée en un langage énergique et pittoresque,
mais empreint parfois d’une crudité qui est bien de son temps, mais que
l’on ne supporte plus de nos jours. A côté de cela, il laisse percer en maintes
circonstances les soucis que lui causent tant d’innovations et de boulever-
sements; l’avenir lui inspire évidemment des inquiétudes que les événe-
ments postérieurs n’ont que trop justifiées. Enfin, nous l’avons déjà dit, il
trouve parfois des accents qui partent véritablement du cœur, soit pour
louer un mort, soit pour protester contre des profanations malheureuse-
ment si fréquentes à cette époque. Il partage du reste les idées et les préjugés
de ses contemporains, sur la sorcellerie, par exemple; il épouse chaude-
ment les intérêts de sa corporation dans les rivalités sourdes ou déclarées
qui divisaient les peintres et les orfèvres; enfin il ne dissimule pas son
antipathie pour la tribu des jardiniers, les ardents faubouriens qui for-
maient l’avant-garde des réformateurs strasbourgeois.

C’est de 1586 à 1588 qu’il déclare avoir composé sa chronique, en
 
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