DOI Artikel:
Tuetey, Alexandre: L' émigration de Madame Vigée-Lebrun
DOI Artikel:Stein, Henri: Le mariage de Clodion
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18477#0190
— l82 —
Le ier pluviôse an X, le Journal de Parts annonçait en
ces termes la rentrée de Mme Lebrun :
Mme Lebrun est de retour à Paris depuis quelques jours.
Après une absence de neuf ou dix ans, elle a retrouvé sa char-
mante maison, rue du Gros-Chenêt, dans l'état où elle l'avait
laissée. Son mari avait eu l'attention de conserver le même
ordre dans l'arrangement des meubles, des tableaux, des gra-
vures; ses chevalets, ses pinceaux, tout était à la même place.
Cette intéressante artiste peut continuer demain, si elle veut,
l'esquisse qu'elle avait commencée il y a dix ans.
Le mariage de Clodion.
(Communication de M. Henri Stein.)
Lorsque nous admirons, dans les vitrines de nos musées
ou dans les galeries de nos grands collectionneurs, ces
ligures de Clodion si séduisantes, ces corps d'une si déli-
cate souplesse, ces faunesses, ces danseuses, ces bac-
chantes, ces amours qui triomphent en marbre, en terre
cuite, en biscuit, et qui sont comme le vivant reflet d'une
époque ou régnait en maîtresse la Volupté, on éprouve la
sensation d'une ivresse qui remplit l'atmosphère ambiante,
et Ton se dit qu'à les modeler, à les tailler, l'auteur de
toutes ces jolies choses a dû éprouver des jouissances
infinies, vivre d'une vie gaie, pleine d'entrain et d'insou-
ciance, saluer d'un large sourire chaque aurore renaissant
avec son escorte de plaisirs toujours renouvelés.
Assurément, on devait volontiers se dérider dans l'ate-
lier de Clodion. Les pimpantes et affriolantes nudités que
l'artiste faisait poser pour ses compositions décoratives,
pour ses motifs de pendules ou ses bas-reliefs, devaient
bien, la séance une fois terminée, faire éprouver à l'homme
des sentiments tout différents de. ceux que le sculpteur
avait connus, l'instant d'avant, alors que son art seul était
en cause. Ces sentiments, les amis et les camarades les
partageaient, et l'on eût malaisément résisté au démon de
l'amour dans un pareil milieu.
Je n'essaierai pas de rechercher le nombre des maîtresses
Le ier pluviôse an X, le Journal de Parts annonçait en
ces termes la rentrée de Mme Lebrun :
Mme Lebrun est de retour à Paris depuis quelques jours.
Après une absence de neuf ou dix ans, elle a retrouvé sa char-
mante maison, rue du Gros-Chenêt, dans l'état où elle l'avait
laissée. Son mari avait eu l'attention de conserver le même
ordre dans l'arrangement des meubles, des tableaux, des gra-
vures; ses chevalets, ses pinceaux, tout était à la même place.
Cette intéressante artiste peut continuer demain, si elle veut,
l'esquisse qu'elle avait commencée il y a dix ans.
Le mariage de Clodion.
(Communication de M. Henri Stein.)
Lorsque nous admirons, dans les vitrines de nos musées
ou dans les galeries de nos grands collectionneurs, ces
ligures de Clodion si séduisantes, ces corps d'une si déli-
cate souplesse, ces faunesses, ces danseuses, ces bac-
chantes, ces amours qui triomphent en marbre, en terre
cuite, en biscuit, et qui sont comme le vivant reflet d'une
époque ou régnait en maîtresse la Volupté, on éprouve la
sensation d'une ivresse qui remplit l'atmosphère ambiante,
et Ton se dit qu'à les modeler, à les tailler, l'auteur de
toutes ces jolies choses a dû éprouver des jouissances
infinies, vivre d'une vie gaie, pleine d'entrain et d'insou-
ciance, saluer d'un large sourire chaque aurore renaissant
avec son escorte de plaisirs toujours renouvelés.
Assurément, on devait volontiers se dérider dans l'ate-
lier de Clodion. Les pimpantes et affriolantes nudités que
l'artiste faisait poser pour ses compositions décoratives,
pour ses motifs de pendules ou ses bas-reliefs, devaient
bien, la séance une fois terminée, faire éprouver à l'homme
des sentiments tout différents de. ceux que le sculpteur
avait connus, l'instant d'avant, alors que son art seul était
en cause. Ces sentiments, les amis et les camarades les
partageaient, et l'on eût malaisément résisté au démon de
l'amour dans un pareil milieu.
Je n'essaierai pas de rechercher le nombre des maîtresses