Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Société de l'Histoire de l'Art Français [Editor]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1911

DOI article:
Stein, Henri: Le mariage de Clodion
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18477#0192

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
— 184 —

Le sculpteur avait quarante-deux ans bien sonnés quand
il songea à se créer un intérieur. A quarante-deux ans, on
est jeune encore, on est en droit d'attendre et d'espérer
de longs jours de bonheur. Mais épouser une jolie enfant
de seize ans, cela peut avoir des inconvénients. Glodion,
que cet âge n'avait sans doute jamais effrayé, n'en fut
point troublé; d'ailleurs, il épousait une personne de son
monde, la fille de Pajou, d'un artiste célèbre par ses
talents et par la droiture de son caractère, une fille que
les parents avaient convenablement élevée et qu'ils étaient
disposés à doter non moins convenablement. Clodion
lui-même ne paraissait pas sans ressources; plus sérieux
peut-être qu'on ne pourrait le supposer, il était loin

en lui disant qu'elle travaillent trop, que, si elle vouloit, il lui
feroit du bien, que la comparante, séduite par les promesses
dudit sieur Claudion, s'est laissé conduire par lui dans un petit
appartement qu'il a loué rue de Favart, au cafté de Normandie,
et s'est rendue à ses désirs, que pour lors la comparante igno-
roit que ledit sieur Claudion fût marié, qu'elle a eu affaire
audit sieur Claudion sept à huit fois pendant l'espace de deux
mois qu'elle l'a connu, qu'elle se trouve aujourd'huy enceinte
de ses œuvres de sept mois ou environ; que la comparante a
mandé son état audit Claudion, qui, non seulement ne lui a
point répondu, mais même l'a abandonnée sans lui donner
aucun secours ; pour quoy la comparante s'est retirée par-devant
nous à l'effet de nous faire la présente déclaration sur laquelle
elle réserve de se pourvoir à rencontre dudit sieur Claudion, et
du contenu en laquelle elle nous a requis acte, à elle octroyé,
et a signé : Jeannett Dennevers.

« L'an 1788, le jeudy [ ] avril, neuf heures du matin, en
notre hôtel et par-devant nous François-Jean Sirebeau, con-
seiller du Roy, commissaire au Châtelet de Paris, est com-
parue laditte Jeanne Dennevert cy devant nommée, qualifiée et
domiciliée, laquelle nous a dit qu'au moyen de la remise à
elle faite par ledit Claudion aussi cy devant nommé, qualifié
et domicilié, de la somme de 96 livres, elle se désiste purement
et simplement de la déclaration par elle cy devant faite, la
regardant comme,nulle, non faite et non avenue; renonçant à
toutes poursuittes qu'elle pourroit et auroit droit d'exercer à
l'encontre dudit sieur Claudion pour raison des faits contenus
en la ditte déclaration, et a signé : Jeannette Dennevers. —
Sirebeau. »
 
Annotationen