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Vitry, Paul: Nouveaux renseignements sur la situation des musées dans les régions libérées
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à Bruxelles, en pleine retraite, en pleine déroute, du
dépôt énorme et infiniment précieux constitué au Musée
de Valenciennes.
Cette opération a été conduite par le Dr Burg, qui admi-
nistrait le dépôt de Valenciennes et dont les agissements,
l’autoritarisme arbitraire, la science même et la curiosité
ont vexé à mainte reprise nos compatriotes du Nord.
Valenciennes, où l’on avait groupé sous sa direction les
meilleurs tableaux et objets d’art du Musée de Lille, les
œuvres marquantes des musées, églises, bibliothèques et
collections privées de Douai et de Cambrai, celles mêmes
de Laon et de La Fère, était devenu un trésor incompa-
rable, d’ailleurs bien ordonné; un catalogue illustré à
l’allemande, avec des rectifications d’attribution et des
notes critiques, venait d’en être publié. Les autorités res-
ponsables de ce groupement furent-elles affolées à la pen-
sée du danger couru par cette réunion des chefs-d’œuvre
exposée aux hasards du bombardement? Conçurent-elles
le projet, tout en les sauvegardant pour elles-mêmes, de
les garder à la disposition du gouvernement allemand
pour un marchandage quelconque au cas d’une paix lente
ou boiteuse?
Toujours est-il que le sauvetage, contraire aux instruc-
tions primitives qui avaient tout prévu sauf la débâcle
allemande, fut décidé durant les premiers jours d’octobre.
Il fut même appuyé par le vœu d’un groupe de notables
habitants de Douai, de Cambrai et de Valenciennes, aux
yeux de qui il n’était pas difficile d’agiter le spectre du
bombardement anglais et dont le témoignage de gens
apeurés et déprimés est récusable en l’espèce. Le conser-
vateur du Musée et l’administration municipale de Lille
n’avaient au contraire cessé de protester, même devant les
pires menaces, contre l’enlèvement des objets du Musée,
et, à Maubeuge, c’est l’obstination des délégués de la
ville de Saint-Quentin, attachés à la conservation de leurs
trésors, qui évita un déménagement qui eût pu être fatal.
Somme toute, les œuvres d’art de Lille, si elles fussent
demeurées abritées dans les rez-de-chaussée ou sous-sol
du Musée et, de même, celles qui avaient été réunies à
1918-1919 4
à Bruxelles, en pleine retraite, en pleine déroute, du
dépôt énorme et infiniment précieux constitué au Musée
de Valenciennes.
Cette opération a été conduite par le Dr Burg, qui admi-
nistrait le dépôt de Valenciennes et dont les agissements,
l’autoritarisme arbitraire, la science même et la curiosité
ont vexé à mainte reprise nos compatriotes du Nord.
Valenciennes, où l’on avait groupé sous sa direction les
meilleurs tableaux et objets d’art du Musée de Lille, les
œuvres marquantes des musées, églises, bibliothèques et
collections privées de Douai et de Cambrai, celles mêmes
de Laon et de La Fère, était devenu un trésor incompa-
rable, d’ailleurs bien ordonné; un catalogue illustré à
l’allemande, avec des rectifications d’attribution et des
notes critiques, venait d’en être publié. Les autorités res-
ponsables de ce groupement furent-elles affolées à la pen-
sée du danger couru par cette réunion des chefs-d’œuvre
exposée aux hasards du bombardement? Conçurent-elles
le projet, tout en les sauvegardant pour elles-mêmes, de
les garder à la disposition du gouvernement allemand
pour un marchandage quelconque au cas d’une paix lente
ou boiteuse?
Toujours est-il que le sauvetage, contraire aux instruc-
tions primitives qui avaient tout prévu sauf la débâcle
allemande, fut décidé durant les premiers jours d’octobre.
Il fut même appuyé par le vœu d’un groupe de notables
habitants de Douai, de Cambrai et de Valenciennes, aux
yeux de qui il n’était pas difficile d’agiter le spectre du
bombardement anglais et dont le témoignage de gens
apeurés et déprimés est récusable en l’espèce. Le conser-
vateur du Musée et l’administration municipale de Lille
n’avaient au contraire cessé de protester, même devant les
pires menaces, contre l’enlèvement des objets du Musée,
et, à Maubeuge, c’est l’obstination des délégués de la
ville de Saint-Quentin, attachés à la conservation de leurs
trésors, qui évita un déménagement qui eût pu être fatal.
Somme toute, les œuvres d’art de Lille, si elles fussent
demeurées abritées dans les rez-de-chaussée ou sous-sol
du Musée et, de même, celles qui avaient été réunies à
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