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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Editor]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1.1901/​2(1902)

DOI issue:
No 3 (1901)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24671#0027
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18

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

ble dans les grandes lignes, mais sans rien de
touffu. Tout cela doit s’enchaîner naturellement,
couramment, dans une vue d’ensemble, se dérouler
graduellement à vol d’oiseau, sans plus de lassitude
et de souci qu’en un ballon captif, s’élevant juste
assez pour donner une valeur de groupement aux
choses éparses et leur rendre de l’intérêt par l’iné-
dit du point de vue.

Il y a d’ailleurs un terme courant qui résume à
lui seul ce que nous cherchons à dire : il faut vul-
gariser.

Qu'on se garde de croire qu’une telle tendance
doive avoir pour effet d’abaisser le niveau de nos
musées. Il se trouvera sans doute des « dilettante»
pour estimer indigne d’eux un langage simple et
plutôt populaire et pour priser bien davantage
leur prétentieux bàgout. Mais les savants vrais,
ceux qui visent à autre chose qu’à épater leur pu-
blic, trouveront avec nous que, dignement enten-
due, la vulgarisation est une de nos pins nobles
tâches, et nous sommes convaincus que, loin de
hausser sottement les épaules, ils nous donneront
largement leurs concours dans ce but.

Cette vulgarisation, il ne s’agit pas d’ailleurs de
la parquer seulement dans l’une ou l’autre salle qui
lui soit consacrée. Elle est plus qu’un comparti-
ment; elle est un point de vue, qui, pour être plus
exclusivement accusé dans certaines de nos gale-
ries, n’en doit pas moins pénétrer l’ensemble de
nos collections. C’est le Musée tout entier qui for-
mera le bien commun du public et des savants,
mais, bien entendu, avec cette formule de commu-
nisme, rationnelle et pratique, qui consiste à ne
mettre tout à la portée de tous, qu’en raison de ce
que chacun est susceptible de prendre.

Ce principe devra donc aussi s’appliquer aux col-
lections. Mais comment ?

Le bénéfice à retirer d’un musée présente, en
quelque sorte, deux faces : le côté su et le côté
senti.

Au point de vue de la masse, c’est le côté senti
qui doit avoir le pas sur l’autre. Notre premier de-
voir est d’éveiller l’idée du beau, de faire douce-
ment vibrer devant nos belles choses, d’amener à
les aimer pour elles-mêmes. C’est après cela seule-
ment qu’il sera vraiment utile d’étudier l’art dont
elles relèvent et de dérouler aux yeux du visiteur
une évolution à laquelle il s’intéressera dès lors
comme on s’intéresse au voyage d’un être aimé.

Pour exciter l’amour du beau chez le public, il
suffit de le mettre en présence des belles choses
dont nous parlions : l’instinct fera le reste. Mais
encore, pour que naisse une telle sympathie, pour
que se dégage, bien et vite, une telle combinaison,
faut-il, comme en chimie, que cette mise en pré-
sence s’opère dans certaines conditions.

Le premier soin à prendre dans la présentation
d’un bel objet est d’élaguer, autant que possible,
de son entourage, les éléments qui pourraient le
discréditer aux yeux du visiteur, ou affaiblir l’im-
pression que celui-ci doit en retirer.

Les séries très nombreuses dans lesquelles on
admet, pour être « complet », des objets secon-
daires, ou d’aspect défectueux, peuvent être fort
intéressantes pour quelques Savants ; mais elles sont
fâcheuses pour la masse. Le culte de la série est une
préoccupation à laquelle il ne faudrait pas trop cé-
der dans les galeries d’exposition. La collection
publique ne devrait pour ainsi dire renfermer que
des pièces de choix, ou, du moins, en bon état,
quitte à se poursuivre dans des collections complé-
mentaires, destinées spécialement à l’étude et dans
lesquelles on admettrait, dès lors, tous les docu-
ments pouvant offrir quelque intérêt.

Non seulement le public y gagnerait, mais le sa-
vant lui-même retirerait divers avantages d’une
telle collection documentaire, parallèle à l’autre et
rangée d’ailleurs avec le même soin. Il y travaille-
rait, sans contredit, plus à l’aise et l’on pourrait lui
donner, pour l’étude directe des objets, des facili-
tés bien plus grandes que dans la collection pu-
blique.

C’est d’ailleurs un système qui fonptionne dans
plusieurs grands musées.

Des locaux réservés aux collections d’études
figurent dans le plan de nos futures installations et
nous ne doutons pas que les spécialistes apprécient
l’avantage de pouvoir y examiner à loisir, et dans
une bonne lumière, les pièces mises à leur dispo-
sition.

Il va sans dire qu’en combattant l’abus de la
série nous n’avons en vue que les pièces constituant
des unités isolées et que nous n’allons pas jusqu’à
vouloir disjoindre les éléments d’un tout. Les ob-
jets trouvés dans une sépulture, par exemple, com-
prennent fréquemment, à côté de très belles pièces,
des choses secondaires et des débris de toute
espèce. L’idée ne nous viendrait pas d’écarter ces
derniers, puisque c’est précisément dans le fait de
l’ensemble que résidera souvent ici le principal
intérêt.

(A suivre.) E. v. O.

"aSut*

L'AURIGE DE DELPHES

LE Musée vient d’aquérir un exemplaire bronzé
de l’aurige de Delphes, dont nos collections
de moulages contenaient déjà un plâtre non patiné.
Le public pourra ainsi trancher lui-même, dans
 
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