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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1.1901/​2(1902)

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No 3 (1901)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24671#0029
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20

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

ce cas spécial, la question si controversée : Faut-il
donner au plâtre la coloration de l’original ?

Quelle que soit l’excellence du moulage exposé,
il ne peut donner qu’une faible idée de la beauté de
l’original, qui est sans doute l’œuvre d’art la plus
impressionnante que les fouilles archéologiques
aient mise au jour depuis longtemps.

Le plâtre ne parvient à reproduire, que d’une
façon imparfaite et en les alourdissant, les fines
ciselures de la chevelure; une masse informe rem-
place les cils travaillés séparément avec un amour
que les ciseleurs de la Renaissance ont seuls connu
depuis. La patine, quoique soignée, reste terne et
ne rappelle que de loin les teintes smaragdines du
bronze.

Pour apprécier, à sa juste valeur, la statue que
les fouilles de l’Ecole Française d’Athènes ont
exhumée en 1894 (P, il faut se rendre bien compte
qu’elle ne constitue qu’un fragment d’un monu-
ment considérable.

Les fastueux tyrans de Sicile attachaient un
grand prix aux victoires remportées aux jeux de
Delphes, d’Olympie, de Némée ou de Corinthe.
Pour les célébrer, ils avaient recours soit à la lyre
de Pindare et de Simonide, soit au ciseau de Pytha-
goras et de Calamis. De glorieux ex-votos portant
leurs noms s’élevaient à Delphes et à Olympie.

L’aurige (2) appartenait à un groupe rappelant
une victoire à la course de chars.

Polyzalos, frère puiné de Gélon et d’Hiéron de
Syracuse, l’avait voué, sans doute au nom d’un de
ses frères (3). La dédicace doit donc se placer entre
les années 482-472 avant Jésus-Christ. L’ex-voto'
consistait en un quadrige, comme le prouvent les
fragments subsistants de l’atelage et du timon. La
statue en était le cocher, car de même que le pro-
priétaire du char n’avait pas conduit lui-même ses
chevaux à la victoire, de même ce n’était pas sa
propre effigie qu’il vouait au dieu. Nous ne pou-
vons d’ailleurs pas considérer la statue de l’aurige
comme un portrait au vrai sens du mot, ce qui
aurait été contraire aux habitudes et à l’esprit de
l’époque.

Le cocher, tenant en mains les rênes, était
monté sur le char, que nous devons nous figurer
bas et léger en sa qualité de véhicule de course,

(1) Voir Homolle (directeur de l’Ecole française),
Monuments Piot, vol. IV. Important article avec de ma-
gnifiques héliogravures.

Voir également Compte-rendus de üAcadémie des Ins-
criptions, 1896, p. 178.

(2) Mot latin signifiant cocher.

(3) L’inscription a été raturée, nous ne savons à la
suite de quelle circonstance. Nous nous contenterons

comme celui que montre la figure empruntée à un
vase du Musée. Le vêtement de l’aurige du vase
est le même que celui du bronze, à cette différence
près qu’il est sans manches ce qui n’est peut être
qu’une négligence du peintre, un autre vase du
musée nous montrant un vêtement avec man-
ches (4). A vrai dire, ce ne sont pas des manches :
la tunique de l’aurige est une ample pièce d’étoffe
repliée et cousue sur les côtés comme un sac. On y
a ménagé un trou pour la tête et latéralement deux
autres pour les bras. Le vêtement endossé était
serré à la taille par une ceinture et aux épaules par
des sortes de bretelles croisées sur le dos, qui n’ont
laissé sur le bronze que leur trace car elles ont dis-
paru, étant sans doute d’un autre métal, peut-être
de cuivre doré. Ainsi étaient obtenues ces sortes
de larges manches qui laissaient aux bras toute
liberté de mouvement.

Le contraste entre les draperiessévèresetstylisées,
qui tombent en longs plis réguliers, comme les
cannelunes d’une colonne, et les parties nues est
frappant. Celles-ci sont traitées avec un natura-
lisme qui étonnera quiconque ne connait l’art grec
que par les copies romaines dont sont encombrés
les musées. Nous avons dit plus haut qu’il ne fau-
drait pas chercher un portrait dans les traits du
visage, mais l’artiste s’est rapproché de la vie au-
tant qu’il lui était possible. Les sourcils et les cils
sont ciselés avec minutie, les boucles frisent sur les
tempes et de naissants favoris, ce « mol coton »
comme dit André Chénier, caractérisent le jeune
homme à peine sorti de l’adolescence, qui semble
avoir été l’idéal de la beauté grecque et spéciale-
ment de l’art attique.

Des incrustations venaient éclairer et animer la
face de bronze : c’étaient d’abord les yeux dont
l’iris était brun clair, les pupilles noires et le globe
blanc d’ivoire, puis les dents qu’une lame d’ar-
gent signalait entre les lèvres entrouvertes, le
bandeau de victoire incrusté d’argent qui ceint les
cheveux.

Mais il faut admirer également cette main et ce
bras nerveux qui tiennent les rênes avec tant de
ferme délicatesse, ces pieds souples et animés de
l’homme habitué à marcher sans chaussures. Il me

de renvo}rer le lecteur curieux aux articles de M. Ho-
molle et nous donnerons la restitution qu’il a proposée :

Poi iis rélcov dwQrjoe IlJolvÇaXoç fl àvsdfjx [sv
viôç AsivoiiÂvsoç rjôv dsp' evcôvv/u 'Anolflov

« A toi, Gélon m’a donné, Polyzalos, fils de Dio-
mène m’a consacré. Rends le prospère, favorable
Apollon. »

(4) Ravenstein, n° 231. Amphore panathénaïque.
 
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