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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1.1901/​2(1902)

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No 8 (1902)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24671#0068
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DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS

59

Qu’on ne s’imagine pas d’ailleurs que nous vou-
lons faire œuvre de simple tourisme. Ce serait de-
meurer au-dessous de notre mission. De toutes les
choses intéressantes que renferme notre pays nous
choisirons celles-là seulement qui rentrent directe-
ment dans les ordres d’idées pour lesquels nos mu-
sées furent créés, à savoir principalement l’art
monumental et les industries d’art. Le pittoresque
n’apparaîtra donc guère dans notre galerie. L’art
lui-même n’y figurera pas tout entier. C’est ainsi
que, en règle générale, nous laisserons de côté les
tableaux qui représentent une branche artistique
bien spéciale, attribuée à d’autres musées que les
nôtres. Mais, par contre, nous devons viser à pos-
séder aussi complètement que possible tout ce qui
rentre dans notre objet susdit, quitte, bien entendu,
à éviter l’encombrement dans la galerie publique
et à ranger les œuvres d’un intérêt trop secondaire,
ou trop spécial, dans les collections documentaires
qui en seraient le complément.

(A suivre.)

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LA RUTHWELL CROSS

ON a placé depuis peu dans la section d’art
monumental le moulage d’une grande croix
dont l’original, en pierre de sable, se trouve
actuellement dans l’église de Ruthwell (Ecosse).
Elle se compose d’une hampe, de forme pyrami-
dale, haute de 5m2 8, et d’une petite traverse
de om97 de longueur seulement, très rapprochée
du sommet.

Les deux faces sont ornées de bas-reliefs, séparés
entre eux par des plates-bandes, portant des in-
scriptions explicatives latines, gravées en capitales
romaines. Us représentent, sur la face : le Christ
en croix, entre la Vierge et saint lean; l’Annon-
ciation, le Christ guérissant l’aveugle-né, la Made-
leine oignant les pieds du Christ, la Visitation ;
immédiatement au-dessous de la traverse se voient
la figure à mi-corps d’un archer tendant l’arc et,
au-dessus, un personnage accompagné d'un oiseau,
sans doute saint lean l’Évangéliste avec l’aigle ;
sur le revers : la Fuite en Égypte, saint Paul et
saint Antoine dans le désert, le Christ bénissant,
saint lean-Baptiste et, sur la pierre du sommet,
un oiseau portant un rameau.

Les deux côtés sont décorés d’enroulements de
branches portant des feuilles, des fleurs et des
grappes de fruits, entremêlées d’oiseaux et de ron-
geurs. Le long des angles courent des plates-ban-
des dans lesquelles sont gravées des inscriptions
runiques ; la traduction de celles-ci a été donnée
par un savant anglais, M. Kemble : elles sont ex-

traites d’un poème qui a pour sujet le récit, par
la Vraie Croix elle-même, du drame du Golgotha-,
L’exactitude de cette version a été prouvée par la
découverte ultérieure, dans l’ancienne bibliothèque
conventuelle de Vercelli, d’un manuscrit runique
du Xe siècle renfermant, parmi plusieurs poésies
religieuses, un morceau intitulé « le Songe de la
Sainte-Croix », composé de 314 lignes dont 25 en-
viron reproduisent textuellement les runes de la
croix de Ruthwell.

Les rinceaux présentent de grandes analogies
avec la décoration de certaines pierres coptes de la
Haute-Egypte, ce qui n’a rien d’étonnant, étant
données les relations suivies qu’entretenaient, dès
le IVe siècle, les religieux de l’Irlande, proche
voisine de l’Ecosse, avec ceux de la Thébaïde ;
d’autre part, ils reproduisent le principe même de
l’ornementation romane employée dans nos con-
trées et sont à comparer, notamment, avec les
sculptures du portail du XIe siècle de l’église
Sainte-Gertrude, à Nivelles (moulage n° 949,
salle 5).

Les archéologues qui ont étudié la croix de
Ruthwell ne sont pas d’accord sur la date à lui
assigner ; tandis que les uns ne la croient pas an-
térieure au Xe siècle, les autres la font remonter
au viie, et précisent même l’année 680. Cette
appréciation, qui a généralement prévalu, se
base sur des considérations qu’il serait trop long
 
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