Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Editor]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1.1901/​2(1902)

DOI issue:
No 11 (1902)
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24671#0096
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS

87

mêmes monuments suivant les règles de la hiérar-
chie, c’est-à-dire que l’ornement d’ordre le plus
relevé occupe la place d’honneur, etc...

A la technique dite à « silhouettes transpa-
rentes » nous voyons succéder les silhouettes
opaques avec retouches colorées, que le temps a fait
disparaître et qui rappellent les ombres chinoises.

Les sarcophages de Clazomène ne connaissent
pas la technique par incision, peut-être une inno-
vation des céramistes corinthiens, empruntée à la
toreutique.

Un sarcophage enfin, le plus jeune de la série
Sans doute (à Berlin, Joubin, 26), nous montre des
figures entièrement réservées sur le fond, donc
peintes à la façon des figures rouges, technique,
sinon inventée, du moins appliquée par les potiers
d’Athènes à la fin du VIe siècle (1).

Le sarcophage de Bruxelles appartient aux plus
anciens exemplaires de la série (2), d’abord à cause
de sa technique, ensuite parce que la décoration
animale y joue le rôle prépondérant. Nous n’y
voyons pas encore la figure humaine jouant un
rôle, soit dans des représentations symboliques,
soit dans ces scènes de chasse ou de combat, si im-
portantes, que l’on a voulu y reconnaître des évé-
nements historiques et des reproductions d’œuvres
d’art célèbres.

Une question se pose tout d’abord : le lieu de
fabrication des sarcophages ? La réponse unanime
est qu’ils ont dû avoir été faits sur place, vu l’incom-
modité du transport d’objets si fragiles, et vu
qu’ils ont été trouvés tous au même endroit.

Le doute n’existe qu’au sujet d’un sarcophage de
Londres (Joubin, 2) qui aurait été trouvé à Camiros,
à Rhodes, ce que conteste M. Joubin,

J’objecterai à cette contestation que j’ai eu jadis
sous les yeux, à Athènes, la photographie d’un sar-
cophage, fort bien conservé, qui se trouvait dans
une collection particulière à Rhodes et que l’on
prétendait avoir été trouvé là. Il ne tardera pas
sans doute à faire son apparition dans quelque mu-
sée d’Europe.

Il n’est donc pas défendu d’admettre à priori
que des sarcophages du type des clazoméniens aient
été découverts à Rhodes. L’examen attentif des
originaux seul pourra dire s’ils sont de fabrication
locale ou d’importation.

La présence d’un sarcophage de Clazomène au
Musée de Bruxelles donne un renouveau d’inté.
rèt à un petit tesson de vase qui fut jadis trouvé
avec un second, aujourd’hui au Musée d’Athènes, 1 2

(1) Certains archéologues (Zahn, Hartwig) y voient
une importation d’Ionie, datant de l’époque de la con-
quête perse.

(2) Cfr. le fragment (Joubin, 9) du Musée du Louvre.

sur le site même de Clazomène. Cette particularité
leur a valu l’honneur d’une publication (3).

L’analogie de ce tesson (qui représente Achille
traînant sous son char le corps d’Hector autour des
murs de Troie) d’une part avec les peintures de
sarcophages — en tenant compte de la différence
qu’il y a entre un vase soigné et des objets d’usage
de grande dimension, d’un faire expéditif—d’autre
part avec les fragments céramiques trouvés à Tell
Defennch en Égypte (cfr. PI. Petrie Nebesheh et
Tell Defennch) fait songer M. Zahn à une grande
fabrique d’où seraient sortis et les vases et les sar-
cophages.

Bien qu’il faille ne tabler qu’avec prudence sur
une découverte isolée, telle que celle des tessons de
Clazomène, l’attribution d’une importante fabrique
céramique à une ville secondaire n’a en soi rien
d’absurde. On a par trop la tendance à localiser
dans les grands centres les ateliers d’art industriel,
sans réfléchir que, si plus tard l’on retrouvait dans
les décombres de nos villes des fragments des
faïences qui ont fait la gloire de la petite ville de
Delft, il est très peu probable qu’011 en ferait hon-
neur à cette dernière, sans avoir des témoignages
écrits.

Mais les divergences d’opinions qui se font jour
au sujet de l’origine des diverses céramiques ionien-
nes ajoutent encore à l’intérêt intrinsèque déjà si
considérable de leurs monuments et nous fait
désirer que nos musées s’enrichissent de ce côté.

Jean De Mot.

MUSÉE DE LA PORTE DE HAL

O OUS le nom de scluavones et de claymores
<3 on trouve parfois mentionnées dans les cata-
logues de ventes publiques certaines épées, à garde
compliquée, des xvie et xvne siècles. La forme de
leur garde, bien que rappelant celle des épées dont
nous venons de citer les noms, s’écarte sensible-
ment du type classique de ces dernières.

Tel est le cas pour une épée, à garde en berceau,
qui, après des vicissitudes diverses, est entrée, il
n’y a pas bien longtemps, au musée de la Porte de
Hal. C’est une pièce provenant de fouilles faites, il
y a quelques années, à Gand, ou aux environs de
cette ville.

La schiavone, ou épée dont furent armées jus-
qu’au xvme siècle les troupes dalmates au service
de la République de Venise, bien connues sous le
nom de schiavoni, répond à la description sui-
vante : sa garde, formant une grande corbeille qui

(3) R. Zahn, At/i. Mitth., 1898, p. 38.
 
Annotationen