DOI Heft:
Nr. 3 (Juillet-Septembre 1917)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.25675#0048
LA CHRONIQUE DES ARTS
A. Mœder. — F. Hodler Étude de son déve-
loppement psychique et de l’importance na-
tionale de son art. Préface de Paul Seippel.
Trad. française de J.-C. Lenoir. Zurich, Rascher
et Gie. In-8, 64 gr. av. 9 planches.
Placée, parle fait de la guerre européenne, dans
un état de contrainte tout spécial, la Suisse voit
ses fils se diviser en plusieurs groupes très dis-
tincts: ceux qui ont pris parti passionnément pour
l’un ou l’autre des deux camps; les « neutres » in-
différents; enfin, un certain nombre d’esprits qui,
adoptant un point de vue purement national-suisse,
exhortent leurs concitoyens à s’attacher plus étroi-
tement à l’idéal traditionnel de la libre Ilelvétie
et à leur culture nationale et à trouver dans le
conflit mondial un stimulant pour vivifier et ap-
profondir cette culture.
Une manifestation solennelle de ce dernier état
d’esprit a élé la belle exposition organisée derniè-
rement à Zurich, et dont nous parlons plus haut,
du plus robuste et plus représentatif des peintres
suisses : Ferdinand Hodler. Et c’est la même raison
qui, dès l’an dernier, a dicté au Dr A. Mœder la
brochure que voici, pénétrante et éloquente étude
de l’âme et de l’œuvre de celui en qui M. Paul
Seippel saluait avec perspicacité, dès 1882, le « fu-
tur instigateur d’une école nationale » et que, dans
sa préface à cette brochure, le même auteur place à
juste titre à côté du poète et romancier Cari Spitteler
comme l’interprète par excellence de l’âme suisse.
Des œuvres comme le Guillaume Tell, la Retraite
de Marignan, le Départ des volontaires de Iéna,
offrent, en effet, une synthèse d’éléments ger-
maniques et romands, avec en même temps une
libération cle toute influence étrangère, qui permet
à M. Mœder de célébrer à bon droit en Hodler
« le premier grand artiste absolument et exclusi-
vement suisse ».
Sa substantielle brochure, qui étudie tout le
développement de cet art si 'foncièrement origi-
nal, en analysant au passage les créations les plus
marquantes, aura été pour les visiteurs de l’ex^
position de Zurich un guide excellent. Illustrée de
9 belles repi’oductions d’œuvres choisies parmi les
plus significatives de l’artiste (celles que nous
avons citées plus haut, puis Les Las de vivre,
L'Heure sacrée, exposée à Paris en 1913 (1), Le
Coupeur de bois, Le Châtaignier, etc.), elle sera
des plus utiles aux historiens de l’école suisse.
A. M.
Drawings by the old Masters in the Library
of Christ Church Oxford, by C. F. Bell. —
Oxford, Clarendon Press; London, Amen Corner.
In-24, 93 p. av. 125 pl.
Pictures by the old Masters in the Library
of Christ Church Oxford, by Tancred Bore-
nius. — Oxford University Press; London.
Ilumphrey Milford. lu-24, 117 p. avec 64 pl.
Les collections de dessins et de tableaux anciens
que possède le Christ Church College à Oxford
sont célèbres. Tous les travailleurs se réjouiront
d’en trouver maintenant dans ces deux petits livres
le catalogue, dressé (ainsi que l’historique des
collections) par deux érudits historiens d’art et
accompagné de la reproduction des œuvres les
plus marquantes.
(1) Y. Gazette des Beaux-Arts, 1913, t. II, p. 5
Entre les 1.120 pièces environ dont se compose
la collection des dessins, il faut noter particuliè-
rement (dans l’ordre alphabétique adopté pour ce
catalogue) des œuvres de Fra Bartolommeo, Cam-
pagnola, Carpaccio, Benvenuto Cellini, notre
Claude Lorrain (représenté par huit magnifiques
paysages), Corrège, Lorenzo Costa, L. di Credi,
Durer, Van Dyck, ITolbein le jeune, Léonard,
Filippino Lippi, Mantegna, Michel-Ange, Ra-
phaël. Rembrandt, Rubens, le Sodoma, le Tintoret,
Titien, Yerrocchio, Yivarini, etc.
La galerie de peinture, moins riche comme
quantité et qualité (elle comprend environ 250
œuvres, dont plusieurs, faute de place, ne sont pas
exposées), s’enorgueillit néanmoins de posséder,
entre autres, de nombreuses œuvres de lécole
florentine primitive, de Jacopo del Sellaio, de Ra-
faellino del Garbo, de Sano di Pietro, de Giovanni
di Paolo, d’Annibal Carrache (un curieux Intérieur
de boucherie), trois tableaux du Dominiquin; —
dans l’école française, une Bataille du Bourgui-
gnon ; — dans l’école flamande, un beau panneau
de Van der Goes, trois Van Dyck, dont une belle
esquisse d’un Cavalier-, — plusieurs œuvres des
écoles hollandaise et allemande; — enfin, entre plu-
sieurs toiles de l’école anglaise, un Portrait du
général Guise, par Reynolds, et le portrait d’un
cuisinier de Christ Church, par John Riley.
Arthur Thompson. — A Handbook of anatomy
fort art students. 4°éiition. Oxford, Clarendon
Press. In-8°, xxiu-459 p. av. 214 fig. et 66 plan-
ches.
Nous avons plaisir à signaler l’apparition de la
4° édition de cet excellent Manuel d'anatomie à
l'usage des artistes. Il s’est enrichi depuis la der-
nière édition (1906) de plusieurs planches repro-
duisant les unes après les autres les diverses par-
ties du corps humain chez l’homme et chez la
femme, au repos ou en mouvement, et il faut louer,
outre l’excellence de ces photographies, leur heu-
reuse disposition vis-à-vis de figures où est montré
sous la peau le jeu des os et des muscles corres-
pondant à ces diverses poses. Jointes à la science
du texte — où sont décrites l’une après l’autre ces
parties du corps, et en particulier la tête avec les
différentes expressions de la face — cette abon-
dance et cette clarté de l’illustration contribuent
à faire de ce manuel un des meilleurs à signaler
aux artistes.
NÉCROLOGIE
Depuis l’apparition de notre dernier bulletin
sont morts :
Le peintre et dessinateur Pierre Gaudray
d’Anjou, collaborateur de la Gazette du bon ton,
tué au front dans un accident d’aviation, à l'âge
de vingt-quatre ans; — le 18 juin, le peintre René
Bertaux, âgé de trente-neuf ans, tué à l’ennemi ;
—- vers le 24 juin, Victor de Swarte, ancien tré-
sorier-payeur général du Nord, qui publia, outre
des ouvrages historiques, divers articles ou bro-
chures d’histoire de l’art : Rembrandt, A. van
Dyck, Au pays de Rembrandt et de Frans Hais ;
— vers le 30 du même mois, à Paris, à l’âge de
soixante-seize ans, le compositeur de musique
A. Mœder. — F. Hodler Étude de son déve-
loppement psychique et de l’importance na-
tionale de son art. Préface de Paul Seippel.
Trad. française de J.-C. Lenoir. Zurich, Rascher
et Gie. In-8, 64 gr. av. 9 planches.
Placée, parle fait de la guerre européenne, dans
un état de contrainte tout spécial, la Suisse voit
ses fils se diviser en plusieurs groupes très dis-
tincts: ceux qui ont pris parti passionnément pour
l’un ou l’autre des deux camps; les « neutres » in-
différents; enfin, un certain nombre d’esprits qui,
adoptant un point de vue purement national-suisse,
exhortent leurs concitoyens à s’attacher plus étroi-
tement à l’idéal traditionnel de la libre Ilelvétie
et à leur culture nationale et à trouver dans le
conflit mondial un stimulant pour vivifier et ap-
profondir cette culture.
Une manifestation solennelle de ce dernier état
d’esprit a élé la belle exposition organisée derniè-
rement à Zurich, et dont nous parlons plus haut,
du plus robuste et plus représentatif des peintres
suisses : Ferdinand Hodler. Et c’est la même raison
qui, dès l’an dernier, a dicté au Dr A. Mœder la
brochure que voici, pénétrante et éloquente étude
de l’âme et de l’œuvre de celui en qui M. Paul
Seippel saluait avec perspicacité, dès 1882, le « fu-
tur instigateur d’une école nationale » et que, dans
sa préface à cette brochure, le même auteur place à
juste titre à côté du poète et romancier Cari Spitteler
comme l’interprète par excellence de l’âme suisse.
Des œuvres comme le Guillaume Tell, la Retraite
de Marignan, le Départ des volontaires de Iéna,
offrent, en effet, une synthèse d’éléments ger-
maniques et romands, avec en même temps une
libération cle toute influence étrangère, qui permet
à M. Mœder de célébrer à bon droit en Hodler
« le premier grand artiste absolument et exclusi-
vement suisse ».
Sa substantielle brochure, qui étudie tout le
développement de cet art si 'foncièrement origi-
nal, en analysant au passage les créations les plus
marquantes, aura été pour les visiteurs de l’ex^
position de Zurich un guide excellent. Illustrée de
9 belles repi’oductions d’œuvres choisies parmi les
plus significatives de l’artiste (celles que nous
avons citées plus haut, puis Les Las de vivre,
L'Heure sacrée, exposée à Paris en 1913 (1), Le
Coupeur de bois, Le Châtaignier, etc.), elle sera
des plus utiles aux historiens de l’école suisse.
A. M.
Drawings by the old Masters in the Library
of Christ Church Oxford, by C. F. Bell. —
Oxford, Clarendon Press; London, Amen Corner.
In-24, 93 p. av. 125 pl.
Pictures by the old Masters in the Library
of Christ Church Oxford, by Tancred Bore-
nius. — Oxford University Press; London.
Ilumphrey Milford. lu-24, 117 p. avec 64 pl.
Les collections de dessins et de tableaux anciens
que possède le Christ Church College à Oxford
sont célèbres. Tous les travailleurs se réjouiront
d’en trouver maintenant dans ces deux petits livres
le catalogue, dressé (ainsi que l’historique des
collections) par deux érudits historiens d’art et
accompagné de la reproduction des œuvres les
plus marquantes.
(1) Y. Gazette des Beaux-Arts, 1913, t. II, p. 5
Entre les 1.120 pièces environ dont se compose
la collection des dessins, il faut noter particuliè-
rement (dans l’ordre alphabétique adopté pour ce
catalogue) des œuvres de Fra Bartolommeo, Cam-
pagnola, Carpaccio, Benvenuto Cellini, notre
Claude Lorrain (représenté par huit magnifiques
paysages), Corrège, Lorenzo Costa, L. di Credi,
Durer, Van Dyck, ITolbein le jeune, Léonard,
Filippino Lippi, Mantegna, Michel-Ange, Ra-
phaël. Rembrandt, Rubens, le Sodoma, le Tintoret,
Titien, Yerrocchio, Yivarini, etc.
La galerie de peinture, moins riche comme
quantité et qualité (elle comprend environ 250
œuvres, dont plusieurs, faute de place, ne sont pas
exposées), s’enorgueillit néanmoins de posséder,
entre autres, de nombreuses œuvres de lécole
florentine primitive, de Jacopo del Sellaio, de Ra-
faellino del Garbo, de Sano di Pietro, de Giovanni
di Paolo, d’Annibal Carrache (un curieux Intérieur
de boucherie), trois tableaux du Dominiquin; —
dans l’école française, une Bataille du Bourgui-
gnon ; — dans l’école flamande, un beau panneau
de Van der Goes, trois Van Dyck, dont une belle
esquisse d’un Cavalier-, — plusieurs œuvres des
écoles hollandaise et allemande; — enfin, entre plu-
sieurs toiles de l’école anglaise, un Portrait du
général Guise, par Reynolds, et le portrait d’un
cuisinier de Christ Church, par John Riley.
Arthur Thompson. — A Handbook of anatomy
fort art students. 4°éiition. Oxford, Clarendon
Press. In-8°, xxiu-459 p. av. 214 fig. et 66 plan-
ches.
Nous avons plaisir à signaler l’apparition de la
4° édition de cet excellent Manuel d'anatomie à
l'usage des artistes. Il s’est enrichi depuis la der-
nière édition (1906) de plusieurs planches repro-
duisant les unes après les autres les diverses par-
ties du corps humain chez l’homme et chez la
femme, au repos ou en mouvement, et il faut louer,
outre l’excellence de ces photographies, leur heu-
reuse disposition vis-à-vis de figures où est montré
sous la peau le jeu des os et des muscles corres-
pondant à ces diverses poses. Jointes à la science
du texte — où sont décrites l’une après l’autre ces
parties du corps, et en particulier la tête avec les
différentes expressions de la face — cette abon-
dance et cette clarté de l’illustration contribuent
à faire de ce manuel un des meilleurs à signaler
aux artistes.
NÉCROLOGIE
Depuis l’apparition de notre dernier bulletin
sont morts :
Le peintre et dessinateur Pierre Gaudray
d’Anjou, collaborateur de la Gazette du bon ton,
tué au front dans un accident d’aviation, à l'âge
de vingt-quatre ans; — le 18 juin, le peintre René
Bertaux, âgé de trente-neuf ans, tué à l’ennemi ;
—- vers le 24 juin, Victor de Swarte, ancien tré-
sorier-payeur général du Nord, qui publia, outre
des ouvrages historiques, divers articles ou bro-
chures d’histoire de l’art : Rembrandt, A. van
Dyck, Au pays de Rembrandt et de Frans Hais ;
— vers le 30 du même mois, à Paris, à l’âge de
soixante-seize ans, le compositeur de musique